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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens !
Autoren: Max Gallo
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dans les rues, on gesticule. On répète :
« Le général Bonaparte a débarqué à Fréjus. »
    On s’embrasse. Paris s’enflamme. Les fanfares militaires
commencent à jouer. Dans les théâtres un acteur s’avance sur le devant de la
scène, annonce la nouvelle, et la foule debout exulte. Partout l’on trinque à
Bonaparte.
     
    Il n’est pas encore arrivé à Paris.
    Près d’Aix-en-Provence, des brigands ont pillé les voitures
remplies de ses bagages.
    La foule qui l’entoure hurle sa colère, crie son dégoût, son
désir d’ordre.
    « Le Directoire nous dévalise aussi ! Tous des
brigands ! », lance-t-elle.
    Bonaparte promet qu’il fondera un « gouvernement
national », qu’il va chasser « les fripons, les corrompus, les
avocats » !
    « Je ne suis d’aucune coterie, dit-il encore. Je suis
la grande coterie du peuple français. »
    À Avignon, à Lyon – où il rencontre ses deux frères, Joseph
et Louis, qui lui annoncent que leur frère Lucien a des chances d’être élu
président du Conseil des Cinq-Cents –, il répète :
    « Je suis national. Il ne faut plus de factions. Je n’en
souffrirai aucune. Vive la nation ! »
    Les maisons sont pavoisées de tricolore, illuminées.
    « Vive Bonaparte qui vient sauver la patrie ! »
martèle la foule.
     
    Bonaparte dans la voiture qui suit la route du Bourbonnais, plus
étroite et moins sûre que celle qui longe la Saône et le Rhône, mais qui permet
d’atteindre Paris plus rapidement, Bonaparte interroge Joseph resté seul avec
lui.
    Joseph veut parler de Joséphine, de la nécessité d’un
divorce, car elle l’a trompé et offensé ainsi le nom des Bonaparte.
    Napoléon en semble d’accord, mais ce qui lui importe c’est d’abord
de connaître la situation à Paris.
    L’homme fort est Sieyès, l’ancien prêtre, le constituant, l’auteur
de ce libelle qui avait enfiévré l’opinion en 1789 : Qu’est-ce que le
tiers état  ?
    Sous la Terreur, Sieyès s’est tu. « Il a vécu. »
    Il pense que son heure approche. Il veut imposer un
renforcement du pouvoir exécutif, au détriment des deux Conseils.
    Il lui faut une « main » armée pour mettre en
œuvre ce que sa « tête » a conçu : un coup d’État, sans effusion
de sang, mais qui fera plier les députés.
    Il a d’abord pensé pour tenir le glaive au général Joubert. Mais
Joubert a été tué à la bataille de Novi.
    Moreau s’est dérobé, a même conseillé Bonaparte :
« Voilà votre homme il fera votre coup d’État mieux que moi. »
    Les autres généraux se tiennent sur la réserve. Certains
sont proches des Jacobins, d’autres prudents, ainsi Bernadotte.
    Bonaparte peut compter seulement sur leur neutralité. Il ne
pourra s’appuyer que sur Lannes, Berthier, Murat, et les jeunes officiers
revenus avec lui d’Égypte.
     
    Et puis il y a Fouché, ministre de la Police, qui joue sur
toutes les cases, mais qui soutiendra le coup d’État sans s’y compromettre, prêt
à se dégager si l’affaire rencontre des résistances majeures.
    Trois des cinq Directeurs – Gohier, Moulin, Barras – sont
hostiles, ceux-là il faut les empêcher d’agir, les circonvenir pour obtenir
leur démission.
    Quant à Sieyès et Ducos, les deux derniers Directeurs, ils
sont acquis à l’idée du coup d’État.
    Et il y a Talleyrand, qui met son habileté, son entregent, son
intelligence, son cynisme au service de Bonaparte.
    En somme, conclut Bonaparte, il ne peut compter que sur un « brelan
de prêtres : Sieyès, Fouché, Talleyrand ».
    Et il a davantage confiance en ces trois défroqués, qu’en
ces Jacobins qui ont la nostalgie de la Terreur, de Robespierre et de la
Convention.
     
    Quant au peuple il a faim. Il méprise le Directoire. Il veut
en finir avec les « ventres dorés et pourris », mais il a trop été
déçu pour ne pas avoir le dégoût des « journées révolutionnaires », même
s’il veut croire en Bonaparte, puisque ce général victorieux, est aussi un « pacificateur ».
    Mais les ouvriers du « faubourg de gloire », ceux
de juillet 89 et d’août 92, de l’an II, qui ont brandi leurs piques de
sans-culottes, leur bonnet phrygien enfoncé jusqu’aux sourcils, qui ont marché
derrière Desmoulins, Danton, Santerre, Hanriot, qui ont acclamé Robespierre, Marat,
Hébert, applaudi à la mort de Louis Capet, sont devenus des spectateurs.
    On dit dans les cabarets, dans les échoppes et les
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