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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli
Autoren: Anne Tremblay
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bleu royal, la longue jupe était ornementée d’un
     frison de satin jaune doré. Le bustier était agrémenté de délicates marguerites
     au cœur du même jaune.
    — Toi, ma Julianna, dit François-Xavier… T’as l’air d’une vraie princesse,
     ajouta-t-il amoureusement.
    Pour elle-même, Julianna avait opté pour un vert émeraude profond, assorti à
     ses yeux. Une redingote cintrée à la taille descendait à la hauteur de ses
     hanches. Leurs deux robes de velours étaient chaudement doublées. Pour ne pas
     dissimuler le tout sous leurs manteaux d’hiver, Mélanie avait confectionné pour
     chacune une longue cape au capuchon bordé de fourrure. Vraiment, c’était de
     toute beauté. Julianna s’était réellement amusée à créer ces déguisements. Nul
     doute qu’elle s’impliquerait à chaque carnaval. Ellerectifia la
     ceinture fléchée de son mari.
    — Il faudrait se mettre en branle. Tout va commencer sans nous, lui fit-il
     remarquer.
    — Dominique est presque endormi devant la télévision, ajouta Pierre.
    Avec impatience, Julianna les rabroua :
    — Attendez-nous dehors, d’abord !
    Elle se dirigea vers le meuble de sa machine à coudre.
    — C’est toujours bien pas de ma faute si Timmy perd son pantalon.
    En maugréant, elle dégagea les loquets du couvercle et fit basculer la machine
     à l’endroit.
    — Je vais lui refaire une couture pour le rapetisser… continua-t-elle à
     marmonner en déroulant le fil de la pédale électrique.
    Circonspect, François-Xavier étudiait la situation. D’un air décidé, il ramassa
     le pantalon et y retira les aiguilles.
    — François-Xavier, non, touche pas à ça !
    Sans se préoccuper des contestations de Julianna, François-Xavier lança le
     vêtement à Timmy.
    — Enfile ça !
    — T’as perdu mes mesures, ça m’avait tout pris pour les avoir !
    Fâchée, Julianna remit le moulin la tête en bas et se leva.
    — Ben débrouille-toi, François-Xavier Rousseau, parce que je t’avertis, moi, je
     m’occupe plus de rien !
    Bougonnant, elle se drapa de sa cape.
    — C’est pas toi qui as passé des heures assis devant une machine à
     coudre !
    À droite de l’évier, François-Xavier ouvrit le tiroir à ustensiles. Il fouilla
     dans l’amoncellement de fourchettes, couteaux, élastiques, bouchons et menus
     objets, et d’un airvictorieux en revint avec un bout de
     ficelle. Il la glissa dans les ganses du pantalon de Timmy et l’attacha d’un
     solide nœud.
    — Et voilà ! On peut partir carnavaler, astheure ?
    Julianna lui lança un regard mauvais.
    — C’est pratique pour aller aux toilettes...
    — T’as le tour de te casser la tête des fois, la taquina son mari en
     l’amadouant d’un baiser sur la joue.
    — Si t’es si fin, arrange donc aussi la robe de Mélanie, lui répondit-elle de
     mauvaise grâce.
    — C’était le seul bout de corde...
    L’attitude faussement désolée de François-Xavier acheva de la fléchir. Julianna
     ne put réprimer un sourire.
    — Moi, c’est le contraire, dit Mélanie. Mon costume est rendu un peu trop
     serré.
    Pierre, qui était resté silencieux, s’en mêla.
    — Passez-moi vos ciseaux, maman, j’vas lui agrandir tout ça, moi !
    — Ah, non, jamais de la vie !
    Devant l’air effaré de Julianna, tout le monde éclata de rire. À la blague,
     elle s’exclama :
    — Timmy maigrit pis Mélanie engraisse : J’vous le jure, ils se sont donné le
     mot pour gâcher notre premier carnaval !
    — Faites-vous-en pas, belle-maman, je peux l’endurer de même, la rassura
     Mélanie. Une chance que le carnaval a pas lieu plus tard, par exemple.
    — On se met en route d’abord, déclara Julianna en enfilant de longs gants de
     cuir. Où sont les petites sacoches que j’ai cousues hier soir ?
    Comme personne ne semblait saisir le sens de sa remarque, Mélanie poursuivit sa
     pensée :
    — Parce que le mois prochain, c’est sûr que je rentre plusdans
     cette robe, enfin si le bon Dieu le garde accroché, celui-là… ajouta-t-elle en
     faisant son signe de croix.
    Cette fois, les membres de sa famille comprirent l’allusion.
    — C’est vrai, Mélanie ? s’exclama Pierre avec espoir.
    Elle acquiesça de la tête. Ses beaux-parents la félicitèrent.
    — Pis tu vas voir, tout va bien aller, lui promit Julianna. Tu as repris de la
     santé avec nous autres. C’est pour quand ?
    — Cet été, dans le coin du mariage de
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