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Au pied de l'oubli

Au pied de l'oubli

Titel: Au pied de l'oubli
Autoren: Anne Tremblay
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Léo, je pense.
    Pierre embrassa sa femme.
    — Mais où sont cachées ces sacoches ? répéta Julianna en furetant
     partout.
    François-Xavier les aperçut sur une des chaises de la cuisine. Il les attrapa
     et les tendit à Julianna.
    — Tenez, gente dame, dit-il en s’inclinant.
    Enfin prêts, heureux, ils partirent fêter. À pied, Dominique assis dans la
     traîne sauvage, ils se dirigèrent en direction du site des activités. Ils
     avaient soupé tôt. En ce mercredi soir, les rues étaient presque désertes.
     Julianna était nerveuse. Et si leur carnaval ne plaisait pas ?
    — Ben non, la rassura son mari. En fin de semaine, ça va être noir de monde. Je
     connais des voisins qui se sont inscrits à la course des pichous.
    — On donne-tu notre nom aussi ? proposa Pierre.
    — Toi, peut-être, mais moi je suis ben trop vieux pour courir en mocassins,
     refusa son père.
    — Allez-vous me prêter vos pichous, d’abord ? J’en ai pas.
    — Ben certain. Ils sont plus ben blancs, mais quand tu vas les chausser, tu vas
     pas courir, tu vas voler, mon gars !
    Ils approchèrent du lieu de rassemblement. De la musique de rigodons sortait
     des haut-parleurs installés pour l’occasion. Des lumières de Noël et des
     lanternes éclairaient lesite. Disposés çà et là, dans de
     grosses poubelles de métal, des brasiers réchauffaient les quelques fêtards déjà
     arrivés. Quelle belle ambiance !
    — Je propose de commencer par aller goûter à un verre de caribou ! annonça
     François-Xavier.
    — Sapré bonne idée, papa !
    Ils se dirigèrent vers une petite cabane en planches de pin. Derrière le
     comptoir, un homme habillé en trappeur y servait à boire. Tenant Timmy et
     Dominique par la main, Mélanie préféra se rendre au kiosque d’en face. À
     celui-là, une femme bien en chair jouait à l’aubergiste et offrait des carrés de fudge et de sucre à la crème. Décidée à se permettre une gourmandise,
     Julianna s’apprêtait à suivre sa belle-fille, quand Yves vint à sa rencontre.
     Profitant de ce qu’elle était seule, il l’aborda. François-Xavier avait toléré
     qu’ils soient à la même table du comité organisateur, Julianna lui ayant
     certifié qu’il pouvait avoir confiance en elle, ajoutant que de toute façon, son
     ancien patron s’était amouraché d’une jeune employée. De là à accepter de les
     voir ensemble... Pendue au bras d’Yves, Marie ne semblait guère approuver cette
     démarche. De sa voix nasillarde, elle se plaignit :
    — Yves, je veux aller écouter le violoneux…
    Le propriétaire du journal ne fit pas de cas de la demande de sa compagne. Un
     grand sourire aux lèvres, il salua Julianna et la complimenta sur son costume de
     carnaval. N’ayant pas réussi à détourner son amoureux de sa rivale, Marie
     changea de tactique. D’un ton hypocrite, la petite amie d’Yves
     surenchérit :
    — Ben beau, ben beau ! C’est fou comme la mode de l’ancien temps avantage pas
     les femmes d’un certain âge, par exemple.
    Avec mépris, Julianna détailla Marie. Celle-ci ne s’étaitpas
     costumée. Elle portait un court manteau d’hiver sous lequel sa jupe dépassait à
     peine. Ses longues jambes grelottaient sous la seule protection d’un léger
     collant. Nu-tête, ne voulant probablement pour rien au monde avoir l’air d’une
     idiote sous une tuque de laine, Marie devait mourir de froid en ce début de
     février !
    — Pauvre vous, vous ne pourrez pas fêter longtemps dehors. Marie va geler tout
     rond. C’est dangereux pour le génie, surtout quand t’en as pas beaucoup.
    Julianna tourna les talons. D’un pas rapide, elle s’éloigna du couple. Essayant
     de dissimuler sa colère, elle garda les yeux baissés. Par inadvertance, elle
     bouscula un des hommes d’un petit groupe. Elle se retourna pour s’excuser. En
     reconnaissant le député libéral qui avait dénigré son projet de maison pour
     femmes, les mots de politesse lui restèrent en travers de la gorge. Emmitouflé
     dans un épais manteau de fourrure, il semblait encore plus énorme.
    — Madame Rousseau ! s’exclama-t-il sans avoir le temps de dissimuler une
     expression de déplaisir.
    En bon politicien, il ne fut pas long à retrouver sa verve et à simuler la
     sympathie.
    — Quel hasard ! continua-t-il, j’étais justement en train de parler de notre
     ami commun, ce cher Henry, et du terrible incident d’hier. Un incendie à
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