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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie
Autoren: Jean Markale
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qu’est-ce que l’Amour   ? Cette question a dû être posée dès l’aube des temps, du moins à partir du moment où l’humanité a dépassé le stade végétatif pour réfléchir sur sa place réelle dans l’univers et sur le comportement des individus, autrement dit de la naissance de la réflexion métaphysique et psychologique. Pourquoi un être humain est-il attiré par un autre être humain bien particulier et non par un autre   ? Il ne s’agit certainement pas ici des rapports privilégiés entretenus entre l’enfant et sa mère, et accessoirement entre l’enfant et son père, entre les frères et les sœurs ou les membres du clan familial, ces rapports étant en dernière analyse de type biologique ou provoqués par la conscience de descendre d’un ancêtre commun, ou encore par l’accoutumance que procure une existence qui ne peut se concevoir que dans un cadre restreint – et donc protecteur, face aux dangers extérieurs toujours inquiétants. Il s’agit seulement de la rencontre entre deux existants humains qui en arrivent à décider qu’ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. Alors, en quoi la sexualité peut-elle intervenir dans cette rencontre qui semble, à première vue, exclusivement du domaine affectif   ?
    Là est le mystère. Bien sûr, on peut s’appuyer sur la thèse de l’androgynat développée par Platon et décider de chercher le complémentaire sans lequel on ne peut être totalement soi-même, mais les arguments du philosophe grec sont surtout destinés à justifier sa propre homosexualité. Il est vrai qu’il insiste sur la recherche de la beauté , celle-ci étant l’apanage des divinités, évoquant ainsi la tentative de l’humain d’accéder au divin, mais cela n’explique en rien cette pulsion qui conduit deux existants à s’unir, non seulement sexuellement, mais totalement , par la pensée et par la vie quotidienne, dans une étreinte que chacune des parties voudrait être définitive et éternellement revécue. Le problème de l’amour, même considéré en dehors de toute cause physiologique, demeure aussi insoluble que celui de la sexualité pure. Sur ce sujet, la plupart des philosophes qui se sont penchés sur la question se sont engagés dans des impasses où il n’est pas facile de revenir en arrière. Et c’est peut-être chez les poètes et les écrivains que l’amour a été le mieux examiné, médité et transcrit, tout en étant non expliqué rationnellement. Et c’est peut-être chez Stendhal, dans certaines pages de son ahurissant traité intitulé De l’Amour , qu’on en découvre, bien avant les investigations psychanalytiques, la meilleure description, ou tout au moins une habile interprétation d’un phénomène humain unanimement répandu.
    De quoi s’agit-il   ? D’une lente maturation du biologique vers le psychologique et finalement vers le métaphysique. Cela est conforme à ce que chantait le troubadour Uc de Saint-Circ au XIII e  siècle   : « C’est à travers la femme qu’on atteint Dieu. » Stendhal part de la pulsion sexuelle innée qui pousse l’existant à s’unir à l’ autre . Cette pulsion est inconsciente et incohérente, elle est sans objet parce qu’elle obéit à l’instinct, comme chez les animaux. Mais cette pulsion innée, inhérente à la nature, s’intellectualise et se sublime chez les humains et finit par se fixer sur un objet rencontré au hasard (mais le hasard existe-t-il   ?) pour se cristalliser sur l’image de cet autre et devenir véritablement obsessionnel. À partir de cette cristallisation, il y a exclusivité   : la vie émotive, affective et sexuelle ne peut se réaliser qu’avec cet autre . Telle est la constatation de Stendhal, qui n’en fait pas une théorie. Pour lui, c’est la naissance de ce qu’on appelle communément l’Amour, avec tous ses aspects positifs et négatifs, les uns n’allant pas sans les autres.
    Car l’amour, tel qu’il est considéré universellement, n’en est pas moins ambivalent. Comme dans le cas du mot latin altus qui signifie à la fois « haut » et « bas », mais qui a pris ensuite le sens unique de « haut », le terme amour ne désigne en fait que le sommet d’une ligne continue dont la base est la haine . Or, il faut bien admettre qu’amour et haine ne sont que les deux aspects d’une même réalité. Et cela ne s’explique pas. La haine peut se changer très facilement en amour, comme en témoigne
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