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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha
Autoren: Marek Halter
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Hind. C’est toi qui dois l’entendre !
    L’Envoyé soupira et édicta une à une les lois du serment.
    Quand il dit :
    — Tu ne commettras pas l’adultère.
    Hind répliqua :
    — Une femme libre ne commet jamais l’adultère !
    Et ainsi pour chaque parole prononcée par le Messager.
    Il s’en montra très éprouvé. Au bout d’un moment, son regard se porta sur une toute jeune femme derrière Hind. Il la fit approcher.
    — Qui es-tu ?
    — Molaïka bint Abi Dâwoud. Les flèches des Croyants d’Allah ont tué mon père à Uhud.
    Omar vérifia. C’était vrai.
    L’Envoyé demanda :
    — Pourquoi n’es-tu pas mariée ?
    — Parce que j’attendais ce jour.
    Le soir, notre époux dit :
    — J’épouse Molaïka bint Abi Dâwoud.
    Moi, Aïcha, j’allai voir cette fille :
    — Tu n’as pas encore connu d’homme ?
    — Jamais !
    — Écoute mon conseil, si tu veux t’attirer la tendresse de notre époux. Lorsque Muhammad s’approchera de toi la première fois, il voudra connaître la pureté de ton coeur autant que de ton corps. Avant qu’il ne pose la main sur toi, tu lui diras : « Que le Dieu tout-puissant me préserve de toi !»
    Ce qu’elle fit. Muhammad recula, le front plissé de colère :
    — Quel comportement ! Moi qui t’ai fait grâce et épousée !
    Le lendemain, il répudia Molaïka en son état.
    Par la suite, elle sema de mauvaises paroles sur moi. Je laissai dire. Personne ne voulait l’écouter. Chacun se souvenait des calomnies des hypocrites.
    — Une Mère des Croyants ne peut agir ainsi, assuraient-ils. Ils avaient tort et Molaïka avait raison, voilà la vérité. Allah a vu. Il me pardonnera. Il est bien informé. Il sait pourquoi je l’ai fait.
     
    Zama’a, ma fille.
    Après Mekka, l’Envoyé se rendit auprès de tous les clans pour accomplir sa promesse. Mais il disait :
    — Dieu n’a désormais plus grand besoin de Son Messager. Ce qui est fait est fait.
    La mort de mon époux, je la vis venir de loin.
    Fatima aussi.
    Un jour elle se présenta devant moi et me dit :
    — Aïcha, vois-tu ce que je vois ?
    — Oui.
    Elle en parut apaisée.
    C’était au mois de mo’harrem de la onzième année. Celle de mes vingt ans.
     
    Zama’a, ma fille.
    La mort de mon bien-aimé est dans mon sang.
    Ainsi Dieu unit-Il ceux qu’Il aime. Pour eux, le temps est aboli. Il ne les dévore plus et ne les sépare plus.
     
    Zama’a, mon souffle s’éteint, mes mots s’affaiblissent. Penche-toi, écoute-moi. À toi, les phrases.
    Durant dix jours, couché dans ma chambre, l’Envoyé prit le temps de saluer chacun.
    Il dit :
    — Désormais, Abu Bakr présidera la prière.
    Depuis notre couche, il eut la joie de voir les Croyants en bon ordre devant mon père Abu Bakr.
    Il dit :
    — Mes proches parents me laveront. Ils m’envelopperont dans une étoffe blanche et me placeront dans ma tombe. Mon frère Djibril sera le premier à s’incliner sur moi.
     
    Rien sur sa succession. Seulement cette promesse :
    — Vous serez devant le Tout-Puissant. C’est Lui qui désigne.
    L’Envoyé n’entendait rien de l’agitation dont bruissait déjà sa cour et la mosquée.
     
    Le dixième du mois de rabi’a, mon bien-aimé dit :
    — Aïcha, donne-moi de l’eau pour mon visage, que je fasse bonne figure devant le Seigneur des mondes.
    Je tins la tête de mon époux entre mes seins jusqu’au moment où le Tout-Puissant recueillit son dernier souffle.
    Comme Il vient maintenant recueillir le mien.

Sixième rouleau

Tombeau d’Aïcha bint Abi Bakr ibn Abd Qofâfa

Écrit par Zama’a Omm Ishaq bint Abi Talha
et
Omm Salama, Mère des Croyants
en l’an 56 AH

1.
    Mon nom est Zama’a Omm Ishaq bint Abi Talha.
    Aïcha, Mère des Croyants, me fit appeler au vingt-deuxième jour du mois de dhou al hijja de la cinquante-sixième année.
    Elle n’y voyait plus et ses jambes ne la portaient plus. Mon coeur se serra de tristesse à la trouver si amoindrie.
    J’avais sept ans lorsqu’Allah décida d’appeler ma mère Hammanah pour le jugement éternel. De ce jour, Mère Aïcha la remplaça.
    Le Clément et Miséricordieux sait reconnaître Ses saintes. Qu’Aïcha bint Abi Bakr en soit la première.
     
    Nous, les femmes de sa maisonnée, savions toutes qu’Aïcha Mère des Croyants écrivait depuis l’hiver des rouleaux de souvenirs. Elle y inscrivait ce qu’il en était de la vie dans Madina aux temps glorieux de son époux, Muhammad
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