Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius
Autoren: Andrea H. Japp
Vom Netzwerk:
explosa :
    — De juste ! Laissez-moi la politique et servez-moi avec un peu plus de zèle et d’efficacité ! Je devrais vous faire payer cette déroute… d’ailleurs, peut-être le ferai-je…
    Le bailli perçut la menace explicite. Qu’est-ce qui ulcérait le plus le baron ordinaire ? Avoir échoué ? Ne pas pouvoir mettre la main sur les terres de Béatrice ? S’être ridiculisé ? Fait damer le pion par un tueur de catins ? Il n’en demeurait pas moins que la tête de François de Galfestan pouvait tomber. Au propre et au figuré. Il connaissait un peu la baronne Hélène d’Antigny, à laquelle il vouait une admiration certaine : cette femme de tête et d’honneur serait morte plutôt que de s’abaisser à des turpitudes indignes d’elle. Il biaisa donc, certain qu’elle ignorait le révoltant projet de son époux :
    — Qu’en pense notre gente baronne, qui est fort sage ? Jugeait-elle judicieux de lâcher un vil tueur dans la nature, en espérant qu’il nous aide ? Un découpeur de fillettes de maisons lupanardes, qui ne sont, après tout, que de pauvres filles poussées par la nécessité 3 . J’avoue que j’aimerais recueillir son pertinent jugement à ce sujet, monseigneur.
    Une menace en échange. À peine voilée. Herbert la comprit aussitôt. Galfestan était-il moins bête qu’il ne l’avait cru ? Hélène n’avait, bien sûr, jamais eu vent de cette partie du plan de son époux, qu’elle aurait réprouvée haut et fort. Elle songeait que la créature – un ours, sans doute – relevait de l’« accident » providentiel de nature à permettre de récupérer les terres de Béatrice. Jamais, elle n’aurait condescendu à relâcher un ignoble meurtrier pour parvenir à ses fins. Ce fut davantage la crainte qu’elle apprenne l’étendue de sa stupide et monstrueuse erreur que le reste qui calma le baron. À n’en point douter, elle le quitterait. Étant entendu les circonstances, elle pourrait même faire éclater un scandale et requérir l’annulation de leur mariage. Partirait avec sa fortune. Et alors l’abandonnerait aussi la seule âme avec laquelle il se soit senti frère. Au-delà de tout, au-delà de son échec cuisant, de son humiliation, il refusait de perdre Hélène. Oh, il détestait Béatrice ! Dieu comme il la détestait ! Composer. Il ne pouvait que composer.
    — Galfestan… Je me suis laissé aller à la passion… Elle est mauvaise conseillère. Nous avons perdu et j’ai cru jouer de finesse. Je me suis trompé. Sur la forme, non sur le fond, car Béatrice représente une menace certaine pour nous.
    Le bailli admira en esthète le retournement. Son maître avait échoué mais se débrouillait pour ne pas perdre la face. Grand bien lui fasse ! Ses erreurs se révélaient colossales et il était assez intelligent et lucide pour qu’elles le harcèlent longtemps. Les pauvres gens qui avaient péri à cause de lui ne hanteraient pas ses nuits. Ils ne représentaient rien à ses yeux, ni vifs ni morts. En revanche, la cinglante déculottée infligée par sa tante d’alliance, une femelle, même aidée d’un mire prodigieux, lui rongerait le repos.
    — Certes, monseigneur. Toutefois, ne pourrait-on imaginer marché plus… paisible ?
    — Je vais y réfléchir, messire bailli. Merci.

    Resté seul, Herbert ressassa. Il avait perdu, il serait la risée de sa tante et sans doute de sa province. Messire Jean, de son côté, allait périr pendu ou sous la hache. Bien fait pour lui. Il aurait dû se méfier de ce vieux fat trop facile à retourner pour des avantages de parade. Évrard Joliet – qu’il avait rémunéré en pensant que, si la créature ne venait pas à bout de Béatrice, le poison le ferait – avait échoué. Son agonie avait été terrible. Bien fait pour lui. La fin de Nicol Paillet ressemblerait à un cauchemar – sur ce point, il accordait toute sa confiance à sa tante d’alliance. Bien fait pour lui aussi. Herbert avait pensé… qu’avait-il pensé au juste ? Il s’était dit que Paillet avait massacré ces pauvres filles pour se venger de sa femme volage. Certes, une bien vilaine chose, mais qui pouvait encore trouver une sorte d’explication aux yeux du baron, d’autant qu’à l’époque ladite explication apportait de l’eau à son moulin. Il avait eu tort. Nicol Paillet aimait torturer, éventrer, tuer, et qui disait qu’il ne s’était pas fait la main sur son épouse ? Herbert avait eu tort, grand
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher