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Aesculapius

Aesculapius

Titel: Aesculapius
Autoren: Andrea H. Japp
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l’absidiole, à peine trouées par la lumière agonisante de quelques cierges qui achevaient de se consumer.
    Rien. Sans doute un claquement de bois sous l’effet du froid mordant.
    Il revint vers son ami. Sa décision était prise. Il récupéra le petit sac de toile dissimulé sous son bliaud 4 , contre sa poitrine, et le tendit à son compagnon, qui d’abord le repoussa d’un geste apeuré.
    — Le mieux, cher Foulques, est que je vous confie la pierre, murmura Jehan, sondant le regard sombre et affolé de l’évêque d’Alençon. De grâce, après tant d’années d’efforts incessants pour la retrouver. Vous connaissez son extrême importance. Des hommes ont péri afin de la détenir ou de la dissimuler, or elle est en danger en ma possession. Autant vous l’avouer : je redoute de revoir jamais votre visage ami. L’étau se resserre sur moi.
    — Que me dites-vous ? s’alarma l’évêque en acceptant à contrecœur le sachet de toile.
    Jehan Fauvel n’hésita plus. Il eût été indigne de tenir Sevrin dans une ignorance dont les conséquences pouvaient s’avérer dévastatrices pour lui.
    — Une mienne patiente a eu la bravoure de me mettre en garde. Un ecclésiastique, un dominicain 5 , est venu lui rendre visite au prétexte qu’il avait fort bien connu son défunt frère. Pourtant, selon elle, la conversation a vite dévié vers moi. Femme honorable et de belle intelligence, elle s’est aussitôt défiée. Elle a noyé le frère sous un déluge d’anecdotes flatteuses dont aucune ne me pouvait nuire. Il n’en demeure pas moins qu’ils… que l’Inquisition est sans doute à mes trousses.
    L’inquiétude tendit le beau visage de l’évêque.
    — Ah mon Dieu ! Doux Jésus… Il me faut réfléchir… Vous devez fuir, vous cacher… Vous les connaissez… Leurs méthodes font frémir… Nul n’ose plus élever la voix, bien sûr. À votre instar, je les redoute.
    — Je ne l’ignore pas.
    — Cette pierre, mon bon Jehan, que signifie-t-elle ? Pourquoi tant de fourberies, de meurtres à son entour ?
    — Son mystère est intact, s’enflamma Jehan. Tout juste savons-nous qu’elle est cruciale. Je l’ai examinée sous tous les angles, m’aidant d’une lentille grossissante, l’éclairant de toutes sortes de feux… J’ai même tenté de la briser, mais elle est si dure que ma lame s’est cassée net. Rien, elle ne porte rien. Aucun signe, aucune inscription, rien ! Son eau est limpide. Le moine agonisant, mon cousin, qui me l’a tendue et fut empoisonné, est mort dans mes bras et a répété dans son dernier souffle : « Templa mentis, templa mentis » …
    — Le sanctuaire de la pensée ?
    Jehan hocha la tête en signe d’acquiescement. Il ferma un bref instant les yeux. Il se souvenait. Frère Agnan, portier 6 de l’abbaye de la Sainte-Trinité de Thiron 7 , son cousin de sang, lui avait fait porter une courte missive par un hongreur, serviteur laïc. Le moine y avait tracé d’une plume hésitante que le mire avait eu grand peine à reconnaître :
     
    « Mon bon cousin,
    Mon vieux cœur tombe parfois en défaillance, ma vision se trouble, mes urines se foncent et le doute me vient. Je soupçonne quelque enherbement sournois. L’on cherche à m’occire. La raison en est limpide. C’est pourquoi je vous veux remettre une chose fort précieuse dont je ne puis vous parler céans.
    De grâce, rencontrez-moi au soir échu, à la Saint-Claude, dès après vêpres* 8 , à quelques toises* de la porterie des fours. Je vous y attendrai.
    Je n’espère plus en votre secours de prestigieux médecin. Le temps me fait défaut. Toutefois, l’objet que je détiens en secret depuis des années ne doit pas tomber en leurs mains.
     
    Votre bien dévoué et bien aimant cousin.
     
    Agnan Fauvel. »
     
    Jehan avait forcé son cheval afin d’arriver à l’heure convenue. Par prudence, il avait parcouru à pied les dernières toises qui le séparaient du mur d’enceinte de l’abbaye. Le froid mordant de ce début de nuit lui engourdissait les membres du bas. Il avait patienté, piétinant sur place dans le vain espoir de se réchauffer un peu. Un son étouffé plus loin, provenant d’un bosquet d’arbres jeunes, tel que le produirait un animal rampant pour fuir en discrétion, l’avait alerté, puis une quinte de toux, bien humaine, celle-là. Jehan Fauvel s’était précipité, son souffle filant en buée.
    Le visage figé de douleur, une main crispée sur
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