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Adieu Cayenne

Adieu Cayenne

Titel: Adieu Cayenne
Autoren: Albert Londres
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son
revolver, sa malle et ses bottes. Nous sommes dix-sept sur le
pont ; il n’a foi qu’en moi ! Quand il va mieux et que je
vais mal, il garde les affaires.
    – Une orange, agent 29 ?
    – Un verre d’eau glacée, Ougène ? Deux
vieux et bons copains.
    Bahia ! C’est la nuit. L’agent 29 me dit
qu’ici il compte s’amuser. Nous rencontrons un de ses amis de Para.
Et nous partons voir les négresses.
    À quatre heures du matin, l’agent 29, debout
sur une table, chante un fado. Je m’absente un instant. Je reviens.
Mon gardien a disparu !
    Et le bateau part à six heures ! Où est
passé mon gendarme ?
    Je m’inquiète. J’appelle. Sa voix me répond.
Il roucoule dans une chambre au premier étage. J’attends. Cinq
heures ! Il est long ! Cinq heures et quart ! Je
monte et je frappe. Il m’envoie promener ! Alors, je force la
porte. Il ne veut rien savoir, et la négresse se cramponne à un si
bel homme. Je le tire par les pieds, je l’aide à s’habiller. Je
prends son revolver qu’il oubliait sur la table de nuit. Enfin, il
me suit…
    En dégringolant de la haute dans la basse
ville, il me disait : « Pas si vite,
Ougène
 ! »
    Nous n’avons eu que le temps d’attraper
l’
Itabera
.

Chapitre 19 RIO DE JANEIRO À L’OMBRE
     
    Le voyage dura treize jours.
    Enfin ce fut Rio. C’était tellement joli que
je ne pouvais m’imaginer qu’il y eût des prisons dans un endroit
pareil !
    La baie.
    L’agent 29 traduit son enthousiasme par des
coups de poing que je reçois dans le dos, amicalement.
    Une vedette pique sur l’Itabera ; elle
amène la police.
    La vedette est pour nous. Nous descendons. M.
Luiz me précède. L’agent 29, la main gauche sur l’étui éblouissant
de son revolver, me suit pour mieux me protéger. En
route !
    Nous atteignons le quai.
    Et allez ! voilà les photographes qui
croissent et multiplient. Crac ! Crac !
    On me pousse dans les locaux de la police
maritime. Les journalistes m’y attendent.
    Ils me montrent vingt journaux où ma photo
s’étale, et sur quatre, sur cinq colonnes :
O caso
Dieudonné
. (Le cas Dieudonné.)
Recordacoes da terra dos
morts
. (Souvenirs de la terre des morts.)
Dieudonné
victima da justicia dos homens. Une caso de erro judiciario,
Dieudonné sera innocente.
    Qu’est-ce qui se passe ? Je me le
demande. Je n’ai pas parlé depuis que je suis au Brésil. Je n’ai
cherché que silence et oubli, et voilà que je deviens un sujet
d’actualité à grosse manchette !
    –
Faz favor
 ! disent vos
confrères en voulant m’entraîner. Ils me crient : « Vous
êtes innocent ! »
    – Merci ! messieurs, merci !
    Tous veulent une déclaration.
    Sans l’agent 29, je n’en sortais pas. Mon
brave ami me dégage. Une auto est devant la porte. Elle nous
emmène, M. Luiz Zignago, l’ami et moi.
    Nous filons vers le ministère de la
Justice.
    Que me veut le ministre ?
    Nous voici devant le bâtiment. Un bel
escalier, ma foi ! Un huissier géant. Quel salon !
    Le géant vient nous prendre, il pousse une
porte : le ministre est là.
    Il me regarde. Mon commissaire lui conte les
détails de l’affaire. Le ministre écoute, prend des notes. Je
comprends que M. Zignago plaide ma cause et demande que l’on ne me
mette pas en prison. Le ministre lève les bras comme impuissant.
Pendant ce temps, debout à côté de moi, l’agent 29 sent toute
l’importance de sa mission. Il est sourd de tant de
gloire !
    Le ministre me fait un sourire et nous
congédie. Nous sommes dehors. L’agent 29 s’éponge.
    – Hélas ! je dois vous conduire à la
Centrale. L’ambassade de France a demandé votre extradition. Le
ministre est pris entre l’opinion publique d’ici et des nécessités
d’ordre international.
    – Tant pis ! monsieur Luiz. Nous voilà à
la Centrale.
    Mes amis me remettent au chef de la
police.
    Nous avons les larmes aux yeux. L’agent 29 me
laisse toutes ses cigarettes. M. Luiz promet de veiller sur moi. On
s’embrasse, et c’est l’adieu !
    Identification. Anthropométrie. Bureaux,
escaliers, couloirs. Bureau, bureau, bureau ! Cellule
d’attente. Une heure après : panier à salade.
    Ainsi fais-je ma première grande promenade à
travers Rio de Janeiro. Elle aboutit à la casa de
Detencâo
. Encore !
    Je monte un escalier de fer. Au premier étage,
on m’arrête devant la cellule 41. Quatre et un font cinq !
Mauvais chiffre ! Le cinq m’a toujours été néfaste.
    La cellule a vingt mètres
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