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Adieu Cayenne

Adieu Cayenne

Titel: Adieu Cayenne
Autoren: Albert Londres
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dis que le deuxième préfet de police
venait de me serrer la main.
    – C’est peut-être l’habitude au Brésil, dit
Jean-Marie.
    Nous divaguons toute la nuit.
    Au matin, Jean-Marie et Paul Vial sont appelés
à la Centrale. Je ne les ai plus revus. On leur a fait prendre le
Casipoor.
    – Le Casipoor ?
    – Un bateau brésilien qui, tous les mois, va
de Belém à l’Oyapok. On les a ramenés à la Guyane. J’avais deviné
cela, le soir même, dans ma cage. Moi ! je ne prendrai pas le
Casipoor, m’étais-je dit, je me pendrai.
    … Je ne cessais pas, évidemment, d’écouter
Dieudonné, mais je dois dire que ce fut tout de suite avec un léger
petit froid dans les oreilles…
    – Le lendemain, 16 juin, on ouvrit ma cellule.
On me dit de prendre mon chapeau, de rattacher mes souliers. On
m’emmena.
    On m’emmena me promener. Nous quittons la
prison. Le gardien qui m’accompagne cause gentiment avec moi. Tout
cela est invraisemblable. Agissent-ils ainsi pour que je
m’évade ? Ce n’est pas une façon de garder un
prisonnier ! Nous arrivons à la préfecture de police. On prend
l’ascenseur ! Est-ce que le Préfet m’attendrait pour m’offrir
le thé ?
    Au premier étage, le guide me dit de m’asseoir
et il disparaît. Je suis seul. Je n’aurais qu’à descendre
l’escalier et à m’en aller.
    Mon gardien revient.
    – Venez, monsieur Dieudonné.
    Il ouvre une belle porte. Je suis dans le
cabinet du préfet de police de l’État de Para, le Dr Paulo
Pinhero.
    Il est à son fauteuil. À côté de lui, le
deuxième préfet. Je reste debout.
    – Asseyez-vous, me dit le premier. Le second
me demande :
    – Vous allez bien ?
    Ils parlent tous les deux. J’entends les
mots : Guyane ! France ! Pernambuco ! Ils
regardent les fiches… Le deuxième préfet insiste :
« Trabalhador honesto ! » ne cesse-t-il de répéter.
Ils ont devant eux les déclarations des frères Krislanoff, mes
patrons, des frères Fernandez, mes restaurateurs, de Dona Maria, ma
logeuse. « Très bon ! très bon ! » fait le
préfet. Il me dit : « J’ai écrit au ministre, à
Rio. » Puis il sonne. Mon gardien apparaît. Il lui parle en
portugais. Le préfet me serre la main. On m’enferme dans une pièce
à côté.
    Un fauteuil, un lit, un grand stock de bottes
de gendarmes ! Ah ! les braves bottes !
    Je m’étends sur le lit. Le gardien prend le
fauteuil.
    On entre ; c’est le préfet de police. Il
déloge le gardien, approche le fauteuil de mon lit, s’installe.
    Il cause avec moi, en bon français. Je lui
raconte mon évasion. Alors, il fait apporter de la limonade et,
lui, assis comme un pacha, moi, couché comme une princesse, je
parle, et il m’écoute quatre heures durant – non sans trinquer de
temps en temps. Après il me dit :
    – Je vais vous faire conduire à la Cadeia de
Sao-José. On y est beaucoup mieux.
    Je pars à pied, sans menottes, fumant les
cigarettes de la préfecture.
    Le lendemain, le préfet vient me voir. Pendant
les huit jours que je reste là, il me rend visite quatre fois. À la
fin, il me dit :
    – Vous serez mieux dehors. Voici ma carte,
vous êtes libre !
    Et je sors avec lui !
    Je reprends mon travail ! Je réoccupe mon
logement, je m’installe à ma pension. Tout le monde me reçoit avec
enthousiasme. Deux jours plus tard, je vois arriver, chez
Krislanoff, un policier de ma suite.
    Il me dit bonjour, me serre la main et
m’annonce qu’il doit de nouveau me conduire en prison.
    Je pose le rabot. Ce n’était pas une blague,
il me ramène à la prison !
    On m’enferme dans ma cellule.
    Mon cerveau, heureusement, était
solide !

Chapitre 17 LE MINISTRE DE LA JUSTICE VEUT VOUS VOIR !
     
    Le mur du bagne est dur à escalader.
    Comptez. Dans la première pirogue ; six.
L’un est mort ; trois autres sont repris ; Jean-Marie
rentre au bagne sur le Casipoor ; moi, je suis assis sur mes
dalles, derrière mes barreaux.
    Cinq dans la seconde pirogue. Ne parlons plus
de Jean-Marie ni de moi ; le troisième : mort ; les
deux autres, après quatre mois ne sont pas encore signalés à Belém,
ce qui signifie qu’ils n’ont pas réussi.
    – Que s’était-il donc passé pour Jean-Marie et
vous ?
    – Lors de notre évasion du bagne, la Sûreté de
Paris fut aussitôt prévenue.
    Elle télégraphia au Brésil.
    L’État de Pernambuco, qui avait peut-être
d’autres soucis, commença par ne pas se soucier de moi. Il y avait,
en effet, à cette
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