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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel
Autoren: Patrick Girard
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s’enferma,
plusieurs jours durant, sous sa tente, exigeant qu’on le laisse seul. Il devait
prier et jeûner pour recevoir ses ordres d’Allah. Nul ne pouvait l’approcher.
L’attente commença, interminable. Au bout de deux semaines, Ahmad Ibn Moawiya
n’avait toujours pas réapparu et le bruit courut qu’il était mort, victime des
cruelles mortifications qu’il s’imposait. L’inquiétude gagna du terrain. Un
matin, le mahdi daigna enfin se montrer. Les observateurs les plus perspicaces
remarquèrent qu’il n’avait guère souffert de la privation de nourriture. Il
n’avait pas maigri et son visage, au lieu d’être émacié et fatigué, rayonnait
d’une joie intérieure. Il avait revêtu une tunique blanche et enfourcha un
cheval blanc pour passer l’armée en revue. Puis il lança sa monture au galop,
fit le tour du camp et revint à bride abattue vers ses officiers, avant de
stopper net, à quelques pas d’eux, alors que rien ne semblait pouvoir freiner
sa course. Un tonnerre de vivats salua cette prouesse.
    Le soir même, Zual Ibn Yaish Ibn
Furenik réunit ses parents les plus proches et leur fit part de sa
colère :
    — Abdallah est peut-être rusé
et perfide, couard et peu enclin à se battre. Toujours est-il qu’il a une très
haute idée de la fonction qu’il occupe et qu’il ne s’est jamais donné en
spectacle. Cet Ahmad Ibn Moawiya est un pitre et un amuseur public. Il n’a
aucune des qualités requises pour faire un bon général et ce ne sont pas ses
brindilles qui feront reculer les Chrétiens. Je ne vous cache pas que je
regrette amèrement de l’avoir suivi.
    — Il est trop tard pour
reculer, lui rétorqua son frère Tarik.
    — Disons qu’il est encore trop
tôt. Nous ne pouvons quitter le camp sous peine de ternir la réputation de
notre tribu, les Nefazza, dont venait la mère d’Abd al-Rahman I er .
Il convient d’attendre le moment où il manifestera son incompétence. Gardez le
secret le plus absolu sur cette conversation. Les espions du mahdi rôdent et
ont les oreilles fines.
    Les soldats rêvaient d’en découdre
avec les Chrétiens retranchés dans la forteresse de Zamora. Samuel Ibn Hafsun
avait proposé à Alphonse III de lui envoyer plusieurs centaines de
cavaliers, mais le monarque avait décliné son offre. Il se méfiait de son
allié, capable de faire volte-face, de revenir à l’Islam et de s’allier à ses
adversaires quand il prendrait conscience de la disproportion entre les forces
en présence. C’était un risque qu’il ne pouvait pas prendre dans cette lutte à
mort engagée entre lui et les Infidèles. Cette campagne était bien différente de
celles qu’il avait menées les années précédentes contre les troupes envoyées
par l’émir de Kurtuba. Certes, les deux armées s’affrontaient alors durement
dans les zones semi-désertiques qui séparaient leurs deux royaumes mais
respectaient une sorte de convention tacite : ne pas porter la guerre dans
leurs domaines respectifs, sauf nécessité impérieuse. Insensible aux prêches
des foqahas fanatiques, l’émir n’entendait pas étendre les frontières du Dar
el-Islam trop loin au Nord de peur de connaître les mêmes résultats
catastrophiques des premiers gouverneurs du pays. Alphonse III, lui,
savait qu’il dépendait du bon vouloir de ses vassaux. Liés par le serment
qu’ils lui avaient prêté, ces derniers lui devaient assistance en cas
d’attaque, mais tardaient généralement à lui fournir les contingents exigés.
Aucun n’accepterait de quitter ses fiefs pour délivrer leurs frères chrétiens
d’al-Andalous pour lesquels ils ne cachaient pas leur profond mépris.
    Cette fois-ci, les choses étaient
différentes. Le roi des Asturies n’avait pas affaire à un adversaire aussi rusé
et prudent qu’Abdallah, mais à un dangereux illuminé. Il l’avait vite compris
au ton du message fiché à une flèche, que lui avait adressé le mahdi. La lettre
était particulièrement menaçante :
     
    À celui qui se prétend roi, qu’il
reçoive le salut du mahdi, envoyé par le prophète Mohammad au nom d’Allah le
Tout-Puissant et le Miséricordieux.
    Tu as commis de nombreuses fautes
en attaquant les croyants et je suis venu t’infliger une punition en mettant le
siège devant ton repaire de brigands. Mes soldats sont si nombreux qu’ils
bloquent tous les accès à la ville et d’autres attendent, dans les montagnes,
mon signal pour venger leurs parents. Mon
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