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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
Autoren: Isabelle Juppé
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look » idéal de l'épouse de ministre recevant deux messieurs pour aborder les questions protocolaires.
    « Faites comme si je n'y connaissais rien », osai-je, faussement naïve mais vraiment ignorante, pour détendre l'atmosphère et lancer la conversation. Expliquez-moi ce que doit faire dans cette maison l'épouse du ministre. Quelles sont ses obligations, les réceptions inévitables... puisque j'ai cru comprendre qu'ici, l'épouse du ministre a, si elle le souhaite, de quoi occuper son temps. J'ai sans doute dit « la femme » et non pas « l'épouse », n'ayant appris que plus tard que ce terme est quasiment banni du langage diplomatique. On parle de « programme d'épouse » (en anglais spouse program ), de « dîners d'épouse », de « problèmes d'épouse », ou de « comment va votre épouse ? » Le mot femme est sans doute trop synonyme de liberté, d'autonomie, d'indépendance, d'individualité. Celui d' « épouse » est plus conventionnel, plus raffiné, sans aucun doute plus diplomatique...
    Les deux hommes m'expliquèrent le b.a.-ba de ma « mission ». C'est ainsi que j'eus droit à ma première leçon de protocole.

    PAR LA CHEMINÉE
    Pas un bruit, presque pas un souffle. Au premier abord, le boudoir de la Reine dans lequel je me suis installée pour travailler est un havre de calme et de sérénité. A des années-lumière des fourmillantes salles de rédaction auxquelles j'étais habituée jusqu'alors. Lorsque les visiteurs entrent après avoir ouvert puis refermé les deux portes qui y conduisent, ils sont d'abord frappés, venant du dehors, par cette atmosphère de coton qui semble envelopper les sons...
    Les deux grandes fenêtres aux crémones un peu rouillées s'ouvrent sur le jardin. Celui-ci est bordé, à droite et en face, par deux ailes de bureaux perpendiculaires, et, à gauche, par un mur mitoyen avec l'hôtel de Lassay. Dans le bassin qui trône au milieu du jardin, il n'y a pas, comme dans celui de l'hôtel de Brienne, rue Saint-Dominique, de canards qui portent
le nom des différents ministres de la Défense : comme le veut la tradition, chacun d'eux en dépose un dans l'eau à son départ. En revanche, celui du Quai d'Orsay accueille depuis quelques mois une centaine de poissons qui ont émigré des étangs du petit château de La Celle-Saint-Cloud, également propriété du ministère des Affaires étrangères depuis 1951. Le jardin du Quai est presque toujours désert, les fonctionnaires — ainsi que le ministre — se contentant de le regarder par la fenêtre entre deux dossiers sans avoir le temps d'aller s'y promener. Je ne l'ai vu empli de monde qu'une seule fois. C'était au début de l'été pour la « garden party » annuelle du Quai d'Orsay. Cette année, la réception avait échappé de justesse aux restrictions budgétaires de Matignon. Le Premier ministre, rigueur oblige, avait annulé sa propre « garden party » rituelle de fin de session parlementaire. Mais celle du Quai, offerte pour tous les agents des Affaires étrangères (aussi bien ceux qui travaillent dans le Palais que ceux de la rue La Pérouse, ou encore ceux des services basés à Nantes), avait été maintenue. A 15 heures, j'avais fait le tour du jardin avec l'intendant pour saluer les différents officiants derrière leurs buffets.
Au fond, il y avait celui des fromages. « Il fait un temps de fromager : ni trop chaud ni trop froid », m'avait dit le maître des lieux. Le côté normand de la formule m'avait séduite.
    Depuis, aucun bruit venant du jardin n'est venu troubler la sérénité du boudoir de la Reine. La couleur dominante y est le vert, un vert plutôt clair, un peu amande, un peu passé. Quand il fait beau, le soleil illumine la pièce et la réchauffe. Quand il fait sombre, c'est autant de grisaille et de tristesse qui envahissent les lieux. Heureusement, les couleurs chatoyantes des bouquets de fleurs mettent un peu de vie... Quant au fameux silence que remarquent tous les néophytes, il n'est pas si assourdissant... Les bruits du dehors arrivent en effet par la cheminée qui est juste à côté du bureau. Ces sons de la vie, ces bruits de la ville, je les capte par l'âtre. Au début, je ne comprenais pas, maintenant je les cherche. Quand Philippe Séguin, le président de l'Assemblée nationale, qui est aussi notre voisin le plus proche, reçoit un hôte de marque dans son hôtel de Lassay et qu'il fait donner la garde républicaine, j'ai droit à un concert en stéréo, la
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