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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu
Autoren: Max Gallo
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intérêts de la France, arracher
l’appui des Anglais et les empêcher d’empiéter sur les prérogatives de la
France Libre, c’est-à-dire de la France.
    La souveraineté française, « ce doit être mon obsession ».
     
    À peine a-t-il le temps de donner de ses nouvelles à Yvonne.
Il n’est rentré d’un périple de deux mois en Afrique qu’en novembre 1940. Et
aussitôt, ç’a été une « terrible bousculade ».
    « Ma chère petite femme chérie, écrit-il à son épouse.
    « À Portsmouth, j’ai vu notre Philippe. Il était très
bien. On l’avait mis comme l’homme de droite [le plus grand] de la garde d’honneur
qui me présentait les armes sur le Président-Théodore-Tissier [le
navire-école].
    « J’ai pu lui parler ensuite quelques minutes. L’école
m’a fait bon effet. Le milieu est bon et je vois que Philippe y réussit. C’est
tout de même un choix hasardeux que d’entrer en ce moment dans la marine
française ! Mais quoi ? Que ferait-il de mieux ? »
     
    Il écrit un mot à Philippe :
    « Ton papa ne t’oublie certes pas et je pense souvent à
la vie courageuse et intéressante dans laquelle tu t’es engagé… Je crois que l’équivoque
Pétain-Vichy est en train de se dissiper… Bientôt les fantômes et les rêves
auront disparu et l’on verra partout, même en Angleterre, qu’entre la France
vraie et nous, les “gaullistes”, il n’y a que l’ennemi… »
     
    Il est en effet persuadé, ces derniers jours du mois de
décembre 1940, que la logique de la guerre va, en 1941, obliger chacun à
choisir.
    Il l’a écrit à Philippe, il le dit devant le micro de la
radio de Londres, le samedi 28 décembre.
    Les mots – les mêmes que ceux qui ont jailli de sa
plume lorsqu’il s’adressait à son fils – il les martèle, sachant que des
millions de Français les écoutent.
    Des rapports transmis de France par les agents de
renseignements assurent que les rues et les lieux publics se vident à l’heure
des émissions de la BBC Les Français parlent aux Français.
     
    « L’affreuse équivoque dans laquelle les conditions de
l’armistice ont plongé la France est en train de prendre fin, dit-il le samedi
28 décembre.
    « L’apparence de souveraineté dont se targuaient les
responsables de la capitulation croule à son tour dans la honte et dans la
panique.
    « Derrière les débris du décor, la nation voit la
réalité. La réalité, c’est l’ennemi. »
    Sa voix tremble. Ce bilan de l’année 1940, cette espérance
pour l’année 1941, c’est le bilan de sa vie.
    « Nous avons, nous les Français Libres, le droit et le
devoir de parler ferme et de parler haut. Nous en avons le droit, parce qu’un
millier de nos soldats, de nos marins, de nos aviateurs, sont morts pour la
France depuis l’armistice.
    « L’ennemi est l’ennemi, poursuit-il, l’armée française
a perdu une grande bataille, la France, elle, n’a pas perdu la guerre. »
    Il hausse encore la voix, car il veut que sa certitude, son
analyse, sa prévision aient la force d’une prophétie :
    « Car cette guerre est une guerre mondiale. Si l’ennemi
a pu d’abord remporter des victoires, il n’a pas gagné, il le sait bien. Déjà
de durs revers le frappent. Et dans le monde entier des forces immenses se lèvent
pour l’écraser.
    « Nous proclamons que dans cette guerre mondiale la
France doit jouer un rôle décisif. Notre Empire est intact. »
    Il s’adresse à ces généraux, ces officiers fidèles encore à
Vichy.
    « Nous proclamons que tous les chefs français, quelles
qu’aient pu être leurs fautes, qui décideront de tirer l’épée qu’ils ont remise
au fourreau nous trouveront à leurs côtés, sans exclusive et sans ambition. »
     
    Entendront-ils cet appel, les généraux qui régnent sur l’Afrique
du Nord, le Sahara, le Sénégal, et ceux qui commandent à Beyrouth et à Damas ?
    Il n’a pas d’illusions sur le jeu anglais.
    On lui a rapporté le mot de Halifax, qui exprime la position
du Foreign Office :
    « Pourvu que l’Empire français reste sainement
antiallemand et anti-italien, et agisse en conséquence, peu importe que ce soit
avec de Gaulle ou avec des chefs qui ne veulent pas rompre avec Vichy. »
     
    C’est le moyen pour Londres – au-delà du froid réalisme –
de limiter la souveraineté de la France Libre, c’est-à-dire celle de la France,
et de garder ouvertes toutes les hypothèses politiques. De Gaulle
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