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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance
Autoren: Max Gallo
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demandes… sauf la collaboration militaire, car même le retour de Laval lui paraît une concession possible, quoi qu’il en dise à Flandin.
     
    De Gaulle, le lundi 16 décembre, a stigmatisé avec mépris ces manœuvres « vichyssoises ».
    « Il paraît qu’à la cour du sultan de Vichy, une révolution de palais a chassé le grand vizir ! ironise-t-il avec mépris. Il paraît que Vichy a demandé l’investiture de Hitler pour un successeur. Mais ces sortes de changements n’intéressent que la cour de Vichy, ses chambellans, ses valets, ses espions et ses eunuques.
    « La France se détourne avec dégoût de telles intrigues et combinaisons.
    « La nation sait, conclut de Gaulle, que quand on pactise avec le diable, je veux dire l’ennemi, c’est pour aller de crime en crime ».
     
    À Vichy, en cette mi-décembre, le désarroi, l’inquiétude, la peur saisissent les hommes proches du pouvoir.
    Il se murmure que les Allemands vont envahir la zone libre.
    On répète que le Maréchal est anxieux, qu’il interroge tous ses visiteurs.
    « Avons-nous fait du bon travail ? Que va-t-il résulter de tout cela ? » demande-t-il.
     
    À Paris, dans la nuit du dimanche 15 décembre, Otto Abetz tombe le masque.
    Le visage fermé, il assiste en compagnie du général von Stülpnagel au transport des cendres de l’Aiglon. Entre les Allemands et les représentants du gouvernement de Vichy – l’amiral Darlan, le général Laure, l’ambassadeur de Vichy à Paris, Brinon – on n’échange même pas un regard.
    Cette cérémonie, qui devait illustrer l’amitié franco-allemande, témoigne au contraire de la tension entre vainqueurs et vaincus.
     
    « Je suis allé à minuit et demi à la grille de la place Vauban, raconte le général Laure. Cérémonie lugubre, sinistre, à laquelle n’assiste aucun Français en dehors des officiels.
    « Le cercueil passe des mains des Allemands aux mains des gardes municipaux de Paris. Il franchit le seuil entre deux rangées de torches.
    « L’amiral Darlan croit devoir saluer le général von Stülpnagel et Abetz qui le reçoivent froidement.
    « Abetz, d’un ton dédaigneux, leur intime l’ordre d’attendre à leur hôtel. “J’ai une communication très importante à faire”, précise-t-il. »
    Ce n’est qu’à 4 heures du matin, le lundi 16 décembre, que le général Laure reçoit le message d’Abetz :
    « Interdiction absolue au gouvernement de Vichy de faire la moindre communication sur ce qui s’est passé le 13 décembre. »
    Les Allemands ne veulent pas qu’on annonce la démission forcée de Laval et son arrestation. Mais il est trop tard.
     
    Abetz l’apprend à 9 heures du matin ce même lundi 16, alors qu’aux Invalides, on célèbre à la chapelle, en présence des mêmes officiels, une messe en mémoire de l’Aiglon.
    Abetz ne peut dissimuler sa fureur.
    Il convoque Darlan et Laure, à l’ambassade d’Allemagne, rue de Lille.
     
    « Nous avons reçu la diatribe, la folle diatribe, les invectives d’Abetz contre les événements du 13 décembre, raconte le général Laure. C’est à moi qu’il a adressé ses invectives parce que je représentais à ses yeux la personnalité du maréchal Pétain. C’est moi qui étais à ses yeux responsable de ces événements. Cela a été très long, je n’ai rien dit. »
    Puis Abetz se tourne vers l’amiral Darlan et le ton change, tout à coup flatteur, comme si Abetz avait deviné la vanité de l’amiral et ses ambitions.
    Le général Laure écoute Abetz promettre à Darlan une place éminente « qu’un homme de la qualité de l’amiral, dont la flotte est invaincue, pourrait tenir dans l’Europe future réorganisée ».
    « Je n’insiste pas davantage, dit le général Laure. Je demande à partir, les laissant en conversation. »
     
    De Gaulle l’a prévu, dès le dimanche 8 décembre :
    « Nous ne doutons pas une minute que l’ennemi tienne en réserve divers candidats à la trahison, empressés de prendre la place.
    « Nous ne doutons pas une minute que l’ennemi parvienne, avec ou sans Vichy, à obtenir la collaboration d’une équipe qui se dira le gouvernement. »
     
    Pour Vichy, c’est un moment de vérité.
    Abetz, dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 décembre, arrive à Vichy, escorté par deux automitrailleuses chargées de SS et de gardes du corps.
    Il vient libérer Laval.
    Ses gardes du corps bousculent le général Laure. Abetz
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