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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance
Autoren: Max Gallo
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quotidien aux mains de sectaires, de cuistres, de trublions et d’incapables notoires. »
     
    On croirait entendre Pierre Laval, vice-président du Conseil, fustiger ces ministres timorés qui ne veulent pas envisager une collaboration militaire avec l’Allemagne contre l’Angleterre.
    C’est une vieille affaire.
    Déjà, dans les années trente, Pierre Laval s’opposait aux « anglophiles » et proposait non pas de faire la guerre au fascisme et au nazisme, mais de s’allier avec eux.
    Or la défaite n’a pas fait disparaître les anglophiles.
    Dans Le Cri du peuple , l’hebdomadaire de Doriot, on les énumère et on les dénonce :
    « Il y a la totalité des Juifs d’abord, de nombreux communistes, les francs-maçons, tous les bénéficiaires de l’ancien régime, les bourgeois capitalistes, des paysans qui sont la proie des usuriers juifs… »
     
    On écoute donc le Maréchal. On continue d’avoir confiance en lui.
    Des foules immenses l’ont acclamé, les mardi et mercredi 3 et 4 décembre, à Marseille et à Toulon.
    On l’a vu, aux actualités cinématographiques, retrouver l’amiral Darlan sur le Strasbourg – un cuirassé qui a réussi à échapper aux obus et aux avions anglais lors de l’attaque de Mers el-Kébir.
    On s’est une nouvelle fois indigné de la traîtrise anglaise alors que l’on avait promis de ne pas livrer la flotte française aux Allemands.
    Elle est là, fière et forte dans cette rade de Toulon.
     
    « Je viens de prendre une décision, a donc dit le chef de l’État.
    « M. Pierre Laval ne fait plus partie du gouvernement.
    « M. Pierre Étienne Flandin reçoit le portefeuille des Affaires étrangères.
    « L’acte constitutionnel n° 4 qui désigne mon successeur est annulé.
    « C’est pour de hautes raisons de politique intérieure que je me suis résolu à prendre cette détermination. Elle ne retentit en rien sur nos relations avec l’Allemagne.
    « Je demeure à la barre. La Révolution nationale se poursuit. »
     
    On s’interroge devant ce coup de théâtre.
    Laval destitué a, dit-on, été arrêté hier soir, vendredi 13, assigné à résidence dans sa propriété de Châteldon, autour de laquelle un cordon de gendarmes casqués, fusil en bandoulière, a pris position.
    Vichy est en état de siège.
    Les hommes des Groupes de protection  – cette petite armée aux ordres du ministre de l’Intérieur, et commandée par le colonel Groussard –, et des officiers proches de la Cagoule gardent les différents hôtels. Ils ont envahi les couloirs de l’hôtel du Parc et du Majestic.
     
    Laval, dit-on, est tombé dans un piège monté par les ministres Bouthillier, Alibert, en accord avec l’amiral Darlan.
    À l’ouverture du Conseil des ministres, Pétain a demandé à chaque ministre de rédiger une lettre de démission. Puis le chef de l’État, après les avoir recueillies, s’est absenté une dizaine de minutes.
    Il est revenu, très pâle, et a seulement dit :
    « Les démissions de MM. Laval et Ripert sont acceptées. »
    Ripert, ministre de l’Éducation nationale ne demandait qu’à partir, mais Laval est stupéfait, saisi.
    « Qu’y a-t-il, monsieur le Maréchal ? Vous m’avez reçu cet après-midi même et vous ne m’avez parlé de rien. »
    Pétain ne peut répondre franchement. Il lui faudrait révéler à Pierre Laval que les ministres et le Maréchal d’abord sont hostiles à l’idée de coopérer militairement avec l’Allemagne.
    Pétain a même longuement rencontré l’ambassadeur du Canada à Vichy, Pierre Dupuy, et l’a chargé de transmettre à lord Halifax un protocole.
    L’Angleterre desserrerait le blocus, laisserait approvisionner la France en pétrole, en denrées, en échange de garanties que ces marchandises ne tomberaient jamais aux mains des Allemands ; comme naturellement la flotte de guerre.
    « Derrière une façade de mésentente, il faut nous entendre », tel est le sens de ce protocole.
    Pierre Dupuy ajoute : « L’essentiel est de sauver l’unité de la France et de la civilisation chrétienne. » Or, une conférence militaire s’est ouverte entre Français et Allemands, à l’ambassade allemande à Paris. Pierre Laval et Abetz la patronnent.
    Puis, coup de théâtre. Hitler invite le Maréchal à se rendre le dimanche 15 décembre à Paris pour assister… au transfert des cendres de l’Aiglon de la crypte des Capucins, à Vienne, aux Invalides où il reposerait
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