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Vikings

Vikings

Titel: Vikings
Autoren: Patrick Weber
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toucher.
    Le jeune homme détourna le regard. Il pensait à Joséphine dont il n’avait plus aucune nouvelle. Et il parlait précisément à l’homme qui l’avait mise en danger en la transformant en vulgaire monnaie d’échange.
    — Réfléchissez, Le Bihan, poursuivit Storman. Si nous nous étions rencontrés en d’autres circonstances, nous serions probablement devenus d’excellents collègues. Peut-être même des amis, qui sait ?
    — Je suis un historien, coupa Le Bihan, pas un propagandiste. Il existe une grande différence entre vous et moi. Vous cherchez des éléments dans l’Histoire pour étayer vos thèses effrayantes. Avant même de trouver, vous savez déjà ce que vous voulez prouver. Moi je me contente d’étudier les sources et de tirer des conclusions objectives de mes recherches.
    — Selon vous, poursuivit Storman qui ne chercha pas à polémiquer, pourquoi Odon a-t-il voulu laisser ce message ? Que cherchait-il ?
    — Odon était en conflit avec Guillaume, répondit Le Bihan, qui avait beaucoup réfléchi à la question. Probablement ce conflit couvait-il bien avant qu’il ne soit emprisonné, dès la réalisation de la broderie. Je ne sais pas comment, mais Odon était au courant du sort que l’on avait fait subir au corps de Rollon ainsi qu’à son Arme de Dieu. Peut-être espérait-il que quelqu’un s’en serve un jour pour le venger.
    — Son Arme de Dieu, l’Anticroix... murmura Storman qui avait écouté le Français avec attention.
    Le SS était convaincu de la justesse de ses convictions comme il avait foi en la légitimité de ses valeurs. Quoi qu’en pensaient les ennemis du Reich, il n’y avait pas de volonté de propagande dans les recherches scientifiques et historiques de l’Ahnenerbe. Un jour viendrait où tous les aveugles sauraient reconnaître la pertinence des idéaux nationaux-socialistes. Et il serait l’un des artisans essentiels de cette reconnaissance. Mais plutôt que de se lancer dans une vaine discussion en tentant de le convaincre, il regarda Le Bihan de façon étrange. L’historien crut y percevoir une trace de peur.
    — Le Bihan, lui dit-il d’une voix cassée. Nous allons partir. Immédiatement.
    — Partir ? ! s’exclama le Français.
    — Faites silence, lui demanda Storman. Vous avez bien entendu, je vous demande de partir avec nous.
    — Mais où ? Et avec qui ? questionna le Français, médusé. Je croyais que votre collège Prinz avait reçu des ordres précis.
    — J’ai moi aussi reçu des ordres, répondit Storman en élevant un peu la voix. Et à mes yeux, ils n’ont pas changé parce quelques Yankees ont débarqué sur une plage de Normandie. Prinz dort paisiblement. Nous partons maintenant avec mes hommes. La route de la Norvège est encore longue.
    Le Bihan n’en croyait pas ses oreilles. Le SS irréprochable, entièrement soumis à sa hiérarchie, était sur le point de désobéir. Il s’enhardit et lui demanda :
    — Mais vous risquez gros en jouant ce jeu-là, vous en avez conscience ?
    — L’enjeu est à la mesure du risque, répondit l’Allemand sans ciller. Et vous le savez aussi bien que moi.
    Storman se redressa prestement. Il inclina brièvement la tête et ses hommes comprirent qu’il était temps de lever le camp. Le Bihan savait qu’il ne servait à rien de contester l’ordre et même s’il ne voulait pas se l’avouer, sa curiosité prenait le dessus. Pour se rassurer, il se dit qu’il était de toute façon trop près du but pour renoncer.

Chapitre 39
    C OMME DE COUTUME , le pape travaillait tard. Il appréciait cette heure du jour où il pouvait travailler sur ses dossiers sans être dérangé par la ronde incessante des solliciteurs. Assis à sa grande table, il étudiait les documents et profitait de ces moments privilégiés où le silence était palpable dans le Vatican.
    Les trois petits coups sur la porte avaient été discrets, mais ils lui avaient fait l’effet d’un grondement de tonnerre dans un ciel serein. Le pape lâcha un petit « si » qui trahit sa contrariété.
    Monsignore Battisti entra dans la pièce. Il avait sa mine des mauvais jours, lorsqu’il lui fallait annoncer de pénibles nouvelles.
    — Votre Sainteté, commença-t-il quand il se fut avancé jusqu’à son bureau, les SS de Storman ont mis la main sur l’archéologue. Il est sous leur contrôle.
    — Je croyais que les Allemands perdaient peu à peu le contrôle sur tout, répondit Pie XII sans
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