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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre
Autoren: Kate Mosse
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avait changé. Ce n’était plus celle des feuilles mortes, de la pierre humide ou de l’encens, comme elle se l’était imaginé quelques minutes auparavant, mais une puanteur de poisson pourri ou d’eau saumâtre. Et de feu : pas de feu de jardin dans la vallée, mais une odeur de cendre brûlante, de fumée âcre et de pierre chauffée à blanc.
    Puis plus rien. Meredith cligna des yeux et revint brusquement à elle. Du coin de l’œil, elle perçut un mouvement. Une sorte d’animal, à la fourrure noire et hirsute, rôdait dans les broussailles, contournait la clairière. Meredith se figea. La bête avait la taille d’un loup ou d’un sanglier. Elle semblait avancer par bonds saccadés. Meredith pressa le coffret contre sa poitrine. Elle distinguait maintenant des pattes difformes, obscènes, dont la peau fendillée était semblable à du cuir. L’espace d’une seconde, la créature darda son regard bleu perçant sur Meredith. Une douleur aiguë lui transperça la poitrine, comme si la pointe d’un couteau s’y enfonçait, puis la créature se détourna et le cœur de Meredith se remit à battre normalement.
    Meredith entendit alors un grand bruit. Elle baissa les yeux et vit la balance de la justice tomber des mains de la figure de la carte XI. Les plateaux de cuivre et les poids de fer s’éparpillèrent sur le sol en pierre de l’image dans un énorme fracas.
    Je viens te chercher.
    Les deux histoires s’étaient confondues, comme Laura l’avait prédit. Le passé et le présent, rassemblés par les cartes.
    Les cheveux de Meredith se dressèrent sur sa nuque : pendant qu’elle scrutait les bois pour distinguer la bête tapie dans les ténèbres, elle avait oublié l’inconnu qui s’approchait d’elle.
    Il était trop tard pour fuir.
    Quelqu’un – ou quelque chose – était là.

100.
    — Donnez-moi les cartes, ordonna-t-il.
    Le cœur de Meredith fit un bond.
    Elle fit volte-face en serrant les cartes contre elle, puis eut aussitôt un mouvement de recul. Julian Lawrence, toujours impeccable lorsqu’elle l’avait croisé à Rennes-les-Bains et à l’hôtel, était maintenant dans un piteux état, chemise ouverte sur le cou, inondé de sueur, empestant l’alcool.
    — Il y a quelque chose, là-bas ! s’écria-t-elle sans réfléchir. Un loup, ou quelque chose comme ça. Je l’ai vu, je vous le jure ! Derrière les murs.
    Il eut l’air perplexe.
    — Des murs ? Quels murs ? De quoi parlez-vous ?
    Meredith regarda autour d’elle. Les bougies vacillaient encore, lançant des ombres qui traçaient les contours du sépulcre wisigoth.
    — Vous ne les voyez pas ? Pourtant, on les distingue nettement. Les lumières qui brillent à l’endroit où s’élevait le sépulcre ?
    Un sourire sournois se dessina sur les lèvres de Julian.
    — Ah. Je comprends ce que vous manigancez, dit-il, mais ça ne prendra pas. Des loups, des bêtes, des fantômes : vous cherchez à faire diversion, mais vous ne m’empêcherez pas d’obtenir ce que je veux. (Il s’avança d’un pas.) Donnez-moi les cartes.
    Meredith recula. Un instant, elle fut tentée d’obéir. Elle était sur sa propriété, elle fouillait ses terres sans autorisation. C’était elle qui était dans son tort, pas lui. Mais l’expression de Julian lui glaçait le sang. Ses yeux bleus perçants, ses pupilles dilatées. Un frisson lui parcourut l’échine lorsqu’elle songea qu’ils se trouvaient dans un lieu isolé au fond des bois.
    Elle devait gagner du temps. Elle l’observa prudemment tandis qu’il scrutait la clairière.
    — Vous avez trouvé le jeu ici ? demanda-t-il. Non. J’ai creusé ici. Il n’y était pas.
    Jusqu’alors, Meredith n’avait pas adhéré aux théories de Hal sur son oncle. Même si Shelagh O’Donnell avait raison, et si c’était bien la Peugeot bleue de Julian Lawrence qu’elle avait aperçue sur la route juste après l’accident, Meredith avait trouvé peu plausible qu’il ne se soit pas arrêté pour porter secours à la victime. Maintenant, rien de ce que lui avait dit Hal ne lui semblait absurde.
    Meredith recula d’un pas.
    — Hal va arriver d’un instant à l’autre, dit-elle.
    — Et qu’est-ce que ça changera ?
    Elle regarda autour d’elle, en se demandant si elle devait tenter de fuir. Elle était beaucoup plus jeune et en bien meilleure forme que Lawrence. Mais elle ne voulait pas abandonner la boîte à ouvrage de Léonie. De plus, même si Julian
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