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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre
Autoren: Kate Mosse
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Lawrence croyait qu’elle tentait simplement de l’effrayer avec ses histoires de loup, elle savait qu’elle avait vu quelque chose, un prédateur, rôdant à l’orée de la clairière juste avant qu’il arrive.
    — Donnez-moi les cartes et je ne vous ferai aucun mal.
    Meredith recula encore d’un pas.
    — Je ne vous crois pas.
    — Peu importe que vous me croyiez ou non.
    Puis, comme si on avait appuyé sur un commutateur, il explosa soudain et rugit :
    — Donnez-les-moi !
    Meredith trébucha en arrière en pressant les cartes contre sa poitrine. Puis elle sentit de nouveau l’odeur, plus forte qu’auparavant. Une puanteur nauséabonde de poisson pourri et d’incendie.
    Mais Lawrence ne se rendait compte de rien : il était obnubilé par les cartes. Il avançait toujours vers elle, il se rapprochait de plus en plus, la main tendue.
    — Ne t’approche pas d’elle !
    Meredith et Lawrence se retournèrent en direction de la voix. Hal émergea de la forêt en hurlant, et se précipita sur son oncle.
    Lawrence pivota, fonça vers son neveu et lui décocha un direct à la mâchoire. Pris par surprise, Hal s’effondra. Le sang jaillit de sa bouche et de son nez.
    — Hal !
    Il envoya un coup de pied à son oncle et le frappa sur le côté du genou. Lawrence tituba sans tomber. Hal tenta de se relever, mais bien que Julian fut plus vieux et beaucoup plus lourd, il savait se battre et s’était servi de ses poings plus souvent qu’Hal. Ses réactions étaient plus rapides. Il joignit les mains et les abattit sur la nuque du jeune homme.
    Meredith bondit vers la boîte à ouvrage, y jeta les cartes, referma le couvercle, puis courut vers l’endroit où Hal gisait, inconscient.
    Julian n’a rien à perdre, songea-t-elle.
    — Remettez-moi les cartes, mademoiselle Martin.
    Il y eut une autre bourrasque, charriant une odeur de brûlé. Cette fois, Lawrence la sentit aussi. Il parut un instant perplexe.
    — Je vous tuerai s’il le faut, lâcha-t-il d’un ton désinvolte qui rendait sa menace encore plus crédible.
    Meredith ne répondit rien. Les lumières vacillantes des bougies s’étaient transformées en flammes bondissantes. Le sépulcre s’embrasait. Une fumée noire envahissait la clairière, léchait les pierres. Meredith crut entendre la peinture des saints de plâtre craqueler. Les vitraux explosèrent, leurs cadres métalliques se tordirent.
    — Vous ne voyez donc pas ? hurla-t-elle. Vous ne voyez pas ce qui se passe ?
    L’inquiétude déforma les traits de Lawrence ; puis ses yeux s’écarquillèrent d’horreur. Meredith se retourna, mais pas assez vite pour voir nettement la chose qui fonçait derrière elle. Une sorte d’animal à la fourrure noire et hirsute qui se mouvait par saccades, et qui bondit.
    Lawrence hurla.
    Meredith, horrifiée, le vit tomber, tenter de reculer sur le dos, puis s’arc-bouter comme un crabe grotesque. Il releva les bras, comme s’il luttait contre une créature invisible, frappant l’air, hurlant comme si quelque chose lui déchirait le visage, les yeux, la bouche. Ses mains griffaient sa gorge, raclaient sa peau, comme s’il tentait de se délivrer d’une emprise.
    Meredith entendit parmi les chuchotements une voix différente, plus grave et plus forte que celle de Léonie. Elle ne reconnut pas les mots mais en comprit le sens.
    Fujhi, poudes ; escapa, non.
    Tu peux fuir mais tu ne peux pas t’échapper.
    Elle vit Lawrence abandonner le combat : il retomba par terre.
    Le silence se fit aussitôt dans la clairière. Elle regarda autour d’elle. Elle était au milieu d’un talus. Les flammes, les murs, l’odeur de cimetière, tout avait disparu.
    Hal revenait à lui. Il s’accouda, passa la main sur sa figure puis regarda sa paume gluante de sang.
    — Qu’est-ce qui s’est passé ?
    Meredith courut vers lui pour l’enlacer.
    — Il t’a frappé. Tu as perdu connaissance.
    Hal cligna des yeux, puis tourna la tête vers l’endroit où gisait son oncle. Ses yeux s’écarquillèrent.
    — Tu l’as… ?
    — Non, répliqua-t-elle aussitôt. Je ne l’ai pas touché. Je ne sais pas ce qui s’est passé. L’instant d’avant, il était…
    Elle se tut. Elle ne savait pas comment décrire à Hal la scène à laquelle elle venait d’assister.
    — Crise cardiaque ?
    Meredith se pencha sur Julian. Son visage était blanc comme de la craie, teinté de bleu autour des lèvres et des narines.
    — Il est toujours en vie,
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