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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2
Autoren: Max Gallo
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nombre de démagogues ».
    Danton dénonce « un tas de bougre d’ignorants n’ayant
pas le sens commun, et patriotes seulement quand ils sont soûls. Marat, ajoute-t-il,
n’est qu’un aboyeur, Legendre n’est bon qu’à dépecer sa viande… »
    Mais ces sans-culottes composent les comités de surveillance,
qu’ont créés les sections et qui procèdent aux visites domiciliaires, interrogent
les « suspects ». Et qui ne l’est pas ?
    « Il est difficile, il est dangereux, à un patriote, à
un républicain de bonne foi et qui a des principes sages et modérés de se montrer,
de parler même en société », écrit le libraire Ruault.
    Selon lui, la mort du roi a divisé les Parisiens.
    « Si on la blâme devant des gens qui l’approuvent, ce
sont des cris de fureur, des rages qui engendrent des haines entre amis et
parents et vice versa. »
    « Le même désordre est entre les patriotes : êtes-vous
ancien jacobin, vous ne pouvez parler devant un Girondin sans que l’aigreur se
manifeste tout à coup. »
    Ruault est persuadé qu’un « tel état social ne peut
durer longtemps ; un parti écrasera l’autre et mettra le reste à l’unisson ».
    Il est fasciné par l’évolution de ces hommes qu’il a connus
avant que la passion politique et la haine ne les entraînent.
    Ainsi le baron allemand Jean-Baptiste Cloots, qui, jadis
doux, honnête, généreux, se fait désormais appeler Anacharsis Cloots, a inventé
le mot « septembriser ».
    Il a qualifié les massacres de « scrutin épuratoire
dans les prisons ».
    Député à la Convention, il se présente comme l’« Orateur
du genre humain ». Il est suivi par une véritable cour de parasites qui
vivent de son immense fortune. « Il faut l’écouter et ne pas le contredire.
Ce serait peine perdue d’entreprendre de le guérir de sa furie ; ils sont
par centaines de cette force dans la Convention. »
    Ce sont ces députés-là, dont Danton dit qu’« ils ne
savent voter que par assis et levé, mais ils ont de la force et du nerf ».
    Et Ruault ajoute : « Il faut marcher en silence
avec eux, si l’on veut se lever et se coucher tranquille. »
    « La fièvre révolutionnaire est une terrible maladie. »
     
    Il suffit d’une représentation théâtrale pour qu’elle se
manifeste.
    On donne ainsi en janvier 1793 au théâtre du Vaudeville La
Chaste Suzanne.
    « Une douzaine de gens armés ont fait impérieusement la
loi à sept ou huit cents spectateurs en les menaçant de leur brûler la cervelle
s’ils osaient applaudir quelques allusions aux circonstances qui se rencontrent
dans cette pièce. Le triomphe des tueurs a été complet. Les dociles spectateurs,
malgré qu’ils eussent pour eux une majorité bien reconnue de cent contre un, ont
prestement abandonné le champ de bataille à leurs maîtres », rapporte La
Feuille du matin, du 26 janvier 1793.
     
    Et cependant, trois jours plus tard, le peuple rassemblé se
retrouve librement sur la place du Carrousel pour une cérémonie de plantation d’un
arbre de la Liberté, en souvenir des patriotes qui, le 10 août, tombèrent en ce
lieu en s’élançant à l’assaut du château des Tuileries.
    « Un faisceau de piques représentant les
quatre-vingt-quatre départements sous le couvert d’un seul bonnet, précédait le
jeune chêne, lequel a été planté au son des airs de Ça ira, de la Carmagnole et autres chants patriotiques », raconte le Bulletin national.
     
    Les sans-culottes brandissent les piques, l’« arme
sainte ». Ils sont, disent-ils, « prêts à verser jusqu’à la dernière
goutte de leur sang pour la patrie ».
    Quand le sans-culotte se présente dans les assemblées de
citoyens, peut-on lire dans un opuscule – Qu’est-ce qu’un sans-culotte ?
– publié au printemps 1793, il n’est pas « poudré, musqué, botté, dans
l’espoir d’être remarqué par toutes les citoyennes des tribunes, mais bien pour
appuyer de toute sa force les bonnes motions et pulvériser celles qui viennent
de la faction abominable des hommes d’État, du serpent Brissot, du coquin
Barbaroux, du sucré Pétion ou du chien et de l’hypocrite Roland ».
    Et ce sans-culotte qui « travaille de ses mains, sait
labourer un champ, forger, scier, limer, couvrir un toit, faire des souliers »,
qui habite dans les étages supérieurs de la maison, est bon ami, bon père, bon
fils, frère de tous les sans-culottes. Il est homme de conviction, de
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