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Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris

Titel: Notre-Dame de Paris
Autoren: Victor Hugo
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vous dis là vous explique la chose, n’est-il pas vrai ? Oh ! si vous avez eu une mère, monseigneur ! vous êtes le capitaine, laissez-moi mon enfant ! Considérez que je vous prie à genoux, comme on prie un Jésus-Christ ! Je ne demande rien à personne, je suis de Reims, messeigneurs, j’ai un petit champ de mon oncle Mahiet Pradon. Je ne suis pas une mendiante. Je ne veux rien, mais je veux mon enfant ! Oh ! je veux garder mon enfant ! Le bon Dieu, qui est le maître, ne me l’a pas rendue pour rien ! Le roi ! vous dites le roi ! Cela ne lui fera déjà pas beaucoup de plaisir qu’on tue ma petite fille ! Et puis le roi est bon ! C’est ma fille ! c’est ma fille, à moi ! elle n’est pas au roi ! elle n’est pas à vous ! je veux m’en aller ! nous voulons nous en aller ! Enfin, deux femmes qui passent, dont l’une est la mère et l’autre la fille, on les laisse passer ! Laissez-nous passer ! nous sommes de Reims. Oh ! vous êtes bien bons, messieurs les sergents, je vous aime tous. Vous ne me prendrez pas ma chère petite, c’est impossible ! N’est-ce pas que c’est tout à fait impossible ? Mon enfant ! mon enfant ! »
    Nous n’essaierons pas de donner une idée de son geste, de son accent, des larmes qu’elle buvait en parlant, des mains qu’elle joignait et puis tordait, des sourires navrants, des regards noyés, des gémissements, des soupirs, des cris misérables et saisissants qu’elle mêlait à ses paroles désordonnées, folles et décousues. Quand elle se tut, Tristan l’Hermite fronça le sourcil, mais c’était pour cacher une larme qui roulait dans son œil de tigre. Il surmonta pourtant cette faiblesse, et dit d’un ton bref : « Le roi le veut. »
    Puis, il se pencha à l’oreille d’Henriet Cousin, et lui dit tout bas : « Finis vite ! » Le redoutable prévôt sentait peut-être le cœur lui manquer, à lui aussi.
    Le bourreau et les sergents entrèrent dans la logette. La mère ne fit aucune résistance, seulement elle se traîna vers sa fille et se jeta à corps perdu sur elle.
    L’égyptienne vit les soldats s’approcher. L’horreur de la mort la ranima.
    « Ma mère ! cria-t-elle avec un inexprimable accent de détresse, ma mère ! ils viennent ! défendez-moi !
    – Oui, mon amour, je te défends ! » répondit la mère d’une voix éteinte, et, la serrant étroitement dans ses bras, elle la couvrit de baisers. Toutes deux ainsi à terre, la mère sur la fille, faisaient un spectacle digne de pitié.
    Henriet Cousin prit la jeune fille par le milieu du corps sous ses belles épaules. Quand elle sentit cette main, elle fit : « Heuh ! » et s’évanouit. Le bourreau, qui laissait tomber goutte à goutte de grosses larmes sur elle, voulut l’enlever dans ses bras. Il essaya de détacher la mère, qui avait pour ainsi dire noué ses deux mains autour de la ceinture de sa fille, mais elle était si puissamment cramponnée à son enfant qu’il fut impossible de l’en séparer. Henriet Cousin alors traîna la jeune fille hors de la loge, et la mère après elle. La mère aussi tenait ses yeux fermés.
    Le soleil se levait en ce moment, et il y avait déjà sur la place un assez bon amas de peuple qui regardait à distance ce qu’on traînait ainsi sur le pavé vers le gibet. Car c’était la mode du prévôt Tristan aux exécutions. Il avait la manie d’empêcher les curieux d’approcher.
    Il n’y avait personne aux fenêtres. On voyait seulement de loin, au sommet de celle des tours de Notre-Dame qui domine la Grève, deux hommes détachés en noir sur le ciel clair du matin, qui semblaient regarder.
    Henriet Cousin s’arrêta avec ce qu’il traînait au pied de la fatale échelle, et, respirant à peine, tant la chose l’apitoyait, il passa la corde autour du cou adorable de la jeune fille. La malheureuse enfant sentit l’horrible attouchement du chanvre. Elle souleva ses paupières, et vit le bras décharné du gibet de pierre, étendu au-dessus de sa tête. Alors elle se secoua, et cria d’une voix haute et déchirante : « Non ! non ! je ne veux pas ! » La mère, dont la tête était enfouie et perdue sous les vêtements de sa fille, ne dit pas une parole ; seulement on vit frémir tout son corps et on l’entendit redoubler ses baisers sur son enfant. Le bourreau profita de ce moment pour dénouer vivement les bras dont elle étreignait la condamnée. Soit épuisement, soit désespoir, elle le
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