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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
Autoren: Max Gallo
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de Barclay de Tolly. La noblesse, explique le cosaque, a forcé l’empereur Alexandre à cette nomination dont l’armée russe se réjouit.
    Napoléon se lève, sourit. Enfin ! dit-il.
    — Le nouveau général ne peut continuer ce système de retraite que l’opinion nationale réprouve. Il a été appelé à la tête de l’armée à condition de combattre. Le système de guerre suivi jusqu’à ce jour doit donc changer.
    Napoléon hausse la voix, prise plusieurs fois.
    — Koutousov livrera bataille, reprend-il, pour plaire à la noblesse, et dans quinze jours Alexandre n’aura plus ni capitale ni armée. Il pourra alors faire la paix sans encourir les reproches et la censure des grands seigneurs, dont Koutousov est le choix.
     
    Il est déterminé mais nerveux. Il n’a pas l’allégresse qui l’a toujours porté à la veille des batailles. L’angoisse le saisit même parfois. Et Berthier qui vient le supplier de ne plus avancer vers Moscou, de se replier sur Smolensk ou Vitebsk ! Il ne veut plus voir Berthier. Il ne veut plus que le maréchal partage son déjeuner avec lui.
    Il faut aller de l’avant au contraire, battre Koutousov, briser l’armée russe.
     
    Le samedi 5 septembre 1812, il fait dresser sa tente loin du village de Borodino, où les cavaliers de Murat viennent de repousser les avant-gardes russes. L’armée de Koutousov est là, de l’autre côté de la rivière Kolocza qui coule, encaissée entre deux plateaux, et se jette au loin dans la Moskova qu’il aperçoit.
    Dans la nuit, alors que le froid est vif et qu’il pleut, il monte à cheval, parcourt les avant-postes, et, toute la journée du dimanche 6, il chevauche ainsi, établissant son plan. Eugène sera à sa gauche, attaquant Borodino et la Grande Redoute qui se trouve de l’autre côté de la rivière Kolocza. Ney et Davout seront au centre et se lanceront à l’assaut de la butte des Trois-Flèches. Les Polonais de Poniatowski déborderont sur la droite.
    Et je serai avec la Garde, prêt à intervenir .
    À dix-huit heures, ce dimanche 6 septembre 1812, il réunit ses maréchaux. Il écoute leurs rapports. Les assauts seront difficiles, disent-ils, les Russes ont fortifié leurs redoutes. Ils se battent bien. Davout insiste pour qu’à l’attaque frontale on préfère le débordement par l’aile droite, en renforçant Poniatowski.
    Personne ne partage l’opinion de Davout.
    Napoléon se lève. Il se rallie à la majorité, dit-il. Le plan qu’il a exposé est donc arrêté.
     
    Il a la tête lourde, les jambes enflées. Il fait venir le docteur Mestivier qui, après avoir séjourné longuement à Moscou, est rentré à Paris et accompagne l’armée.
    — Eh bien, docteur, dit Napoléon, vous le voyez, je me fais vieux, mes jambes enflent, j’urine à peine, c’est sans doute l’humidité de ces bivouacs, car je ne vis que par la peau.
    Il tousse. Le pouls est fébrile. L’urine ne coule que goutte à goutte et il a mal.
    Mais il écarte Mestivier. Il verra après la bataille.
    Il se dirige vers le fond de sa tente, et tout à coup il aperçoit un portrait du roi de Rome peint par Gérard, que M. de Beausset, un aide de camp de Marmont, vient d’apporter de Paris.
    L’émotion est si forte, sa fatigue si grande qu’il se retient au montant de son lit de fer.
    Tout en fixant le portrait, il se fait apporter une plume, une feuille, et il commence à écrire :
    « Ma bonne amie, je suis très fatigué. Beausset m’a remis le portrait du petit roi. C’est un chef-d’oeuvre. Je te remercie bien de ton attention, cela est beau comme toi. Je t’écrirai demain plus en détail. Je suis fatigué. Addio, mio bene . Nap. »
    Il voudrait se coucher, mais il saisit le portrait de son fils, le porte hors de la tente, dans le crépuscule humide. Il le pose sur une chaise. Des grenadiers s’approchent, s’inclinent comme s’il s’agissait d’une image sainte.
    Napoléon murmure au général Rapp, qui se tient près de lui : – Mon fils est le plus bel enfant du monde.

4.
    Dans sa tente dressée au milieu des régiments de sa Garde, il se réveille en sursaut.
    Il est deux heures du matin, ce lundi 7 septembre 1812. Son corps est endolori. Il se sent lourd. Ses jambes sont encore enflées. Il tousse. Sa tête est prise dans le cercle de fer d’une « horrible migraine ».
    Maudit rhume ! Mais on ne s’arrête pas à cela.
    Il entend les clairons qui d’un bout à l’autre des lignes
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