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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois
Autoren: Max Gallo
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organiser. Il lui semble parfois qu’il est la raison du monde, le seul à avoir la capacité de mettre de l’ordre dans la vie des peuples et des États.
    Il pense sans cesse à cela, quand, entre les séances du Conseil d’État, les audiences, les heures passées à dicter dans son cabinet de travail, il chasse, dans l’air vif du printemps 1806.
    Un jour de la fin mars, en revenant d’une longue course dans le bois de Versailles, il se précipite dans son cabinet de travail, convoque Méneval et, d’un seul jet, il énonce le statut de la famille impériale, qui forme la clé de voûte de ce Grand Empire qu’il a commencé de constituer. Louis est roi de Hollande, Joseph roi de Naples, ses soeurs grandes-duchesses en Italie, et Murat grand-duc de Berg et de Clèves, et les Berthier, Bernadotte, Talleyrand, Fouché sont à la tête de fiefs.
    Lui est le sommet de la pyramide.
    « L’Empereur est le père commun de sa famille », dicte-t-il. La volonté de Napoléon est la seule loi pour tous ses parents. Aucun contrat de mariage et aucune adoption ne peut se faire sans son consentement. Au-dessous de lui, il place les rois, les princes héréditaires, puis viennent les princes vassaux et les titulaires d’un fief.
    Voilà un ordre hiérarchique qui satisfait sa raison et lui accorde tous les pouvoirs. L’Empereur peut même ordonner aux membres de sa famille d’éloigner d’eux les personnes suspectes.
    Il est bien le maître absolu.
     
    Le 1 er  avril 1806, il écrit au maréchal Berthier, qui depuis des années voue une passion tenace à la marquise Visconti, à laquelle, en campagne, sous la tente, il dresse un véritable autel sur lequel il expose ses portraits.
    « Je vous envoie Le Moniteur , vous verrez ce que j’ai fait pour vous [Berthier a été fait prince de Neuchâtel]. Je n’y mets qu’une condition, c’est que vous vous mariiez, et c’est une condition que je mets à mon amitié. Votre passion a duré trop longtemps ; elle est devenue ridicule… Je veux donc que vous vous mariiez, sans cela je ne vous verrai plus. Vous avez cinquante ans, mais vous êtes d’une race où l’on vit quatre-vingts ans, et ces trente années sont celles où les douceurs du mariage vous sont le plus nécessaires. »
    Comment résister à l’Empereur ? Berthier s’incline et rompt avec la marquise Visconti pour épouser Marie-Élisabeth de Bavière-Birkenfeld, de trente ans plus jeune que lui.
    Napoléon est satisfait. N’est-il pas le chef de sa « famille » ?
    À Eugène, vice-roi d’Italie, il écrit : « Mon fils, vous travaillez trop. Votre vie est trop monotone. Vous avez une jeune femme qui est grosse. Je pense que vous devez vous arranger pour passer la soirée avec elle et vous faire une petite société. Que n’allez-vous au théâtre une fois par semaine dans une grande loge ? Il faut avoir plus de gaieté dans votre maison… Je mène la vie que vous menez mais j’ai une vieille femme qui n’a pas besoin de s’amuser, et cependant il est vrai que je prends plus de divertissement et de dissipation que vous n’en prenez. Une jeune femme a besoin d’être amusée, surtout dans la situation où elle se trouve. »
    Et il ajoute pour Augusta, l’épouse d’Eugène : « Ménagez-vous bien dans votre état actuel, et tâchez de ne pas nous donner une fille. Je vous dirai la recette pour cela, mais vous n’y croirez pas : c’est de boire tous les jours un peu de vin pur. »
     
    Il se souvient avec plaisir d’Augusta de Bavière. Elle lui écrit souvent. « Votre femme a été plus aimable que vous », dit-il à Eugène. Et parfois, quand Napoléon voit s’avancer, dans le salon de Joséphine, Stéphanie de Beauharnais, la nièce de l’Impératrice, il retrouve le plaisir qu’il a eu à côtoyer Augusta.
    Plus il vieillit, et plus il aime les jeunes femmes, et Stéphanie n’a que dix-sept ans en 1806.
    C’est une adolescente gaie, espiègle, aux traits réguliers que couronnent des cheveux blonds.
    Napoléon aime la contempler, plaisanter avec elle, et il devine, dans les regards que lancent Joséphine ou Caroline Murat, l’inquiétude et la jalousie.
    Un soir, alors qu’il entre dans le salon de l’Impératrice, il découvre Stéphanie en larmes. Caroline a exigé, apprend-il, que Stéphanie reste debout, conformément à l’étiquette impériale qui interdit que l’on s’asseye devant les « princesses soeurs de Sa Majesté ».
    Napoléon prend
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