Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Que je peux être dupe de cette feinte ? Quinze jours ! Le délai nécessaire pour que les troupes de Koutousov se mettent en place et que des renforts leur arrivent. Pourquoi donnerais-je du temps « alors que la perte du temps est irréparable à la guerre et que les opérations se manquent par les retards » ?
    Giulay est déçu, explique le chambellan, le comte Thiard. Giulay s’est laissé aller à des confidences, continue Thiard. Le chambellan hésite à poursuivre. Napoléon l’y encourage. Thiard explique que Giulay s’est étonné que l’Empereur, qui n’a pas d’enfant, ne divorce pas. Pourquoi ne songerait-il pas à épouser l’archiduchesse d’Autriche, la fille de l’Empereur, Marie-Louise ? Ce mariage pourrait se conclure, a assuré Giulay.
    Napoléon s’est approché de la cheminée. Il tend ses mains au-dessus des flammes.
    Ce serait l’alliance entre les deux Maisons, comme le souhaite Talleyrand, comme elle fut de mise sous la monarchie. Louis XVI avait épousé Marie-Antoinette. Suis-je parvenu à ce point de mon destin ? Faut-il que je reprenne l’histoire où elle fut arrêtée ?
    Napoléon se retourne vers Thiard :
    — Cela ne se peut pas, dit-il.
    Il marche à grands pas dans la vaste pièce, s’arrête souvent devant la fenêtre. Le neige s’est remise à tomber à gros flocons.
    — Les archiduchesses ont toujours été fatales à la France, continue Napoléon. Le nom autrichien a toujours déplu et Marie-Antoinette n’a pas contribué à diminuer cet éloignement.
    Il se place à nouveau devant la cheminée.
    — Son souvenir est trop récent, dit-il.
     
    Quand il entre dans le parc du château de Schönbrunn, à la fin de l’après-midi du 13 novembre 1805, il marche longuement, seul, dans les allées du jardin à la française.
    Vienne est là-bas, à moins d’une demi-heure de route, et déjà les troupes de Bernadotte et du général Clarke y ont pénétré sans rencontrer de résistance, la capitale de l’Empire ayant été déclarée ville ouverte.
    Napoléon s’arrête devant plusieurs des trente-deux statues de marbre disposées au milieu des parterres que la neige recouvre. L’eau du grand bassin est gelée. Les statues de Neptune, des chevaux marins et des tritons sont recouvertes d’une couche de glace.
    En remontant la grande allée, il se dirige vers un obélisque, découvre des ruines romaines. Les quatre chasseurs de l’escorte qui ont mission de le suivre chaque fois qu’il quitte la berline se tiennent en arrière, à plusieurs pas.
    Il se trouve au sommet d’une sorte de colline à laquelle on accède par un portique. De là on domine tout le paysage, et au loin il aperçoit, dans la brume sombre, Vienne.
    Autrefois, quand il commandait l’armée d’Italie, il avait rêvé de parvenir jusqu’ici. Et voici que, par des routes inattendues, sa vie l’a mené là, à Schönbrunn, dans le Versailles des Habsbourg. Et un des proches de l’Empereur d’Autriche vient de lui proposer d’épouser, comme un Capet, l’archiduchesse.
    Qui eût imaginé cela ?
    Et pourquoi, après tout, ce mariage serait-il impossible ? Sa vie n’est-elle pas une suite d’événements incroyables et qui pourtant ont eu lieu ?
    N’est-il pas l’Empereur ?
     
    Il s’installe dans l’une des grandes chambres du château et, par la fenêtre, il observe la Garde impériale qui prend ses cantonnements. Il donne l’ordre aux grenadiers de préparer leur tenue de parade, puis, quand la nuit est tombée, il part avec sa seule escorte pour Vienne.
    La ville est tranquille, mais les fantassins qu’il aperçoit ont l’aspect de vaincus. Ils portent des uniformes de fortune et gardent accrochés à leur ceinture des bouteilles, du pain, des volailles. La Grande Armée est usée par les centaines de kilomètres parcourus. Il faudra la reprendre en main avant la bataille.
    Rentré à Schönbrunn, il convoque le général Bessières, afin qu’un défilé de la Garde impériale soit organisé dans Vienne, les jours suivants, dès que la Garde sera prête. Il faut que les Viennois soient impressionnés par la puissance et la discipline de l’armée, et qu’ils oublient les images de soldats en haillons.
    Dans sa chambre, il reste longtemps pensif, pendant que Roustam s’affaire, puis il écrit quelques mots à Joséphine :
    « Je suis à Vienne depuis deux jours ; je l’ai parcourue la nuit. Demain, je reçois les notables et les corps. Presque toutes
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher