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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin
Autoren: Cristina Rodriguez
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son plus cher trésor, à épouser un homme qu'elle n'estimait pas digne
d'elle, pour ça non ! Mais cela, Marcia et Concordia l'ignoraient.
    En
revanche, contraindre l'homme qui avait ravi le coeur de sa fille à l'épouser,
quitte pour cela à lui mettre lui-même le couteau sous la gorge... Ça, c'était
quelque chose que le vieux sénateur, tout placide qu'il fût, était capable de
faire pour sa fille.
    Et
son cher neveu Kaeso mettait décidément trop de temps à se décider.
    Oui.
Beaucoup trop...
     
     
     
    -
Un denier d'argent, oui, répéta Hildr en passant un baume à l'odeur mentholée
sur la griffure que son fils avait à la main. Tu as vu ce que tu as fait ?
gronda-t-elle Io, qui s'aplatit sur le sol de l'infirmerie avec un couinement
pathétique. Vilaine fille !
    Elle
tendit à Kaeso la petite pièce de monnaie, qu'il fit sauter dans sa paume en
essayant de trouver une explication raisonnable à sa présence dans la bouche du
défunt.
    -
Ce jeune homme était visiblement un gladiateur, Wotan, ajouta Hildr. Ses
muscles et ses cicatrices le prouvent.
    -
Kaeso, mère, la reprit-il gentiment comme il le faisait chaque fois que sa mère
employait son nom germain. Mon père m'a appelé Kaeso.
    -
Et moi, qui t'ai mis au monde, je t'ai nommé Wotan, rétorqua-t-elle avec un clin
d'oeil.
    -
Un combat privé à l'occasion d'un banquet qui aurait mal tourné ? proposa
Matticus.
    -
"Mal tourné" au point d'avoir été lardé par son adversaire de
dix-sept coups de couteau sans que personne n'arrête le combat ? Non. Non, non,
aucune chance. Acheter et former un gladiateur coûte une fortune. On ne laisse
pas échapper ainsi un tel investissement.
    -
Peut-être une admiratrice particulièrement zélée ?
    -
Qui l'aurait tué ? s'esclaffa le jeune centurion.
    -
Non ! Bien sûr que non ! Qui lui aurait juste mis ça dans le bec ! Après.
    Kaeso
fronça le sourcil et une petite flamme étincela un court instant dans ses yeux
bleus.
    -
Pourquoi pas..., murmura-t-il, perdu dans ses pensées.
    -
Tu le sais bien, centurion : les gladiateurs ont toujours un bataillon de
femmes qui...
    -
Non, je veux dire : tu as peut-être raison en sous-entendant que ce n'est pas
forcément son agresseur qui lui a mis ce denier dans la bouche. Mustella !
Mustella ? appela-t-il. Où est-il passé ?
    -
Je ne sais pas, centurion, il éta...
    -
Oui, centurion ? le coupa le jeune ordonnance en pénétrant dans l'infirmerie à
son tour. Tu m'as appelé ?
    -
Mustella, sais-tu si l'esclave qui est venu rameuter la garde cette nuit a
touché le cadavre, s'il l'a déplacé ou manipulé de quelque façon que ce soit ?
    Le
garçon écarquilla les yeux et haussa les épaules.
    -
Je l'ignore, centurion. Je ne lui ai pas posé la question.
    Matticus
hocha la tête.
    -
Je vois où tu veux en venir, centurion. Si cet esclave est aussi illuminé et
superstitieux que son maître, ça ne m'étonnerait pas du tout de lui, un geste
pareil !
    Kaeso
se leva, lissa le bas de sa tunique blanche et ajusta son plastron noir, orné
du scorpion prétorien.
    -
Allons lui demander, Mustella ! lança-t-il en coinçant son casque à crête
transversale sous son bras. Io ! Aux talons !
    Il
sortit, le léopard marchant dans ses pas, suivi de son ordonnance.
    Hildr,
sur le seuil, ne quitta pas du regard la silhouette élégante et élancée de son
fils avant qu'il ne disparaisse au détour de l'une des colonnes du péristyle
qui ceinturait la petite cour de la caserne.
    " Par
tous les dieux, Wotan, ce que tu peux parfois ressembler à ton père... "
     
     
     

2.
     
     
    -
Dans trois jours ! pleurnicha l'homme en toge en essuyant le sang qui coulait
de son nez brisé. Vous aurez le reste de l'argent dans trois jours, je vous en
donne ma parole !
    À
genoux dans l'ombre du porche enténébré d'une venelle, toute dignité enfuie, le
vieux sénateur implorait ses trois bourreaux en priant silencieusement que
quelqu'un vienne à passer par là et intervienne.
    Mais
qui serait assez fou pour sortir au plus fort de la chaleur de l'après-midi ?
    Les
rues étaient désertes et, même s'il en avait été autrement, nul n'aurait eu
envie de se faufiler sans y être contraint dans les ruelles sales empestant
l'urine qui bordaient le cirque Maximus.
    -
Tu as déjà eu quatre jours de plus que ce qui était convenu, Publius ! persifla
l'homme au bec-de-lièvre qui lui avait brisé le nez. Alors, maintenant, crache
ce que tu dois !
    Son
compagnon, un butor râblé aux biceps
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