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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin
Autoren: Cristina Rodriguez
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commença-t-elle en glissant un doigt sous la langue.
    Elle
sortit un petit objet rond de la bouche béante avec un bruit gluant et le
présenta à la lueur de la flamme.
    Acarius
laissa échapper une exclamation de surprise et Matticus, intrigué, s'approcha
de la table sur laquelle gisait le cadavre.
    -
Un denier d'argent ? s'étonna le prétorien. Qu'est-ce que c'est que cette
blague ?
    Hildr
fit sauter la pièce dans sa main, incrédule.
    -
Quel genre d'assassin prendrait la peine de glisser l'obole à Charon dans la
bouche de sa victime ?
    Acarius
chassa une mèche de cheveux gris de son large front et haussa les épaules.
    -
Un homme très croyant ?
    -
Ou superstitieux, dame Hildr, ajouta Matticus, tout aussi interloqué. Ouais,
foutument superstitieux...
    Ils
échangèrent tous trois des regards étonnés qui convergèrent vers le visage du
cadavre, étendu exsangue sur le drap blanc qui serait son dernier linceul,
comme si le malheureux pouvait leur donner une explication.
     
     
     
    Après
un dernier rinçage, Kaeso lâcha Io, qui bondit hors du bassin d'eau brûlante en
secouant son pelage tacheté.
    Nullement
disposé à subir le brossage, supplice ultime qui suivait généralement de près
celui du bain, le fauve quitta les thermes de la petite caserne avec une telle
hâte qu'il dérapa sur les mosaïques humides, faisant se tordre de rire
Mustella.
    -
Ça, c'est de l'épouvante ! railla-t-il en finissant d'aiguiser soigneusement un
rasoir de bronze.
    La
vapeur d'eau détrempait sa tunique, qui lui collait désagréablement au corps,
et il tira sur son vêtement dans l'espoir de faire passer un peu d'air entre le
tissu poisseux et sa peau moite.
    Kaeso,
lui, émergea nu du bassin brûlant et se sécha énergiquement sous le regard
envieux de son jeune ordonnance.
    Pourquoi
certains reçoivent-ils tant des dieux et d'autres si peu ? se demandait-il
souvent en considérant la haute taille et les traits sculpturaux du jeune
centurion.
    N'aurait-il
pas été plus juste de partager les grâces et les qualités équitablement ?
    Pourquoi
un sang-mêlé de barbare athée avait-il hérité de cette chevelure dorée, de ce
visage taillé à la serpe et de ce corps d'athlète grec qui faisait se retourner
toutes les femmes sur son passage, alors que lui, issu de l'une des familles
romaines les plus anciennes et les plus pieuses, devait se contenter d'horribles
cheveux roux, d'un visage poupin couvert de taches de rousseur et d'une allure
dégingandée ?
    "L'Achille
aux yeux bleus." Voilà comment les dames du Palatin surnommaient le grand
prétorien. La belle affaire ! Avec un physique pareil, lui aussi pourrait
séduire une cohorte de femmes !
    Enfin...
surtout une femme. La seule qui comptait réellement à ses yeux et pour
laquelle il aurait été prêt à affronter une légion de Germains si elle le lui
demandait.
    Concordia. La belle dame Concordia...
    Ah
! Que ne donnerait-il pour recevoir ne serait-ce qu'un centième de l'attention
qu'elle accordait à son cousin, qui paraissait d'ailleurs s'en moquer comme
d'une guigne !
    Non,
vraiment, les dieux étaient parfois injustes !
    -
Tu attends que le rasoir fasse le travail tout seul ?
    Mustella
tressaillit si fort qu'il manqua de peu d'entailler la joue de Kaeso qui, assis
sur l'un des lits de massage, lui présentait son visage, confiant.
    -
Pardon, centurion ! s'excusa l'ordonnance en rougissant furieusement. Je...
J'étais perdu dans mes pensées.
    -
Plutôt agréables si j'en juge par ton air extatique, persifla le grand
prétorien. Une jolie fille en vue à entraîner avec toi dans le terrier,
Mustella ?
    Celui-ci
fit la moue et saisit le menton volontaire avec un peu plus de force que
nécessaire pour commencer à le raser.
    -
Mhhh... Je doute qu'elle accepte ce genre de débordement, centurion, fit-il
d'une voix qui, malgré tous ses efforts, résonnait d'accents acerbes.
    -
Mariée ? s'enquit Kaeso avec un clin d'oeil complice.
    -
Disons plutôt qu'elle préfère les fauves aux furets, centurion...
     
     
     
    À
peine Concordia avait-elle posé un pied dans la maison de son père que Ludius,
un jeune milicien aveugle qui avait fait partie des milices de Kaeso à Pompéi
et qu'elle avait ramené avec elle à Rome, lui tombait dessus pour l'entraîner
précipitamment vers l'une des petites pièces attenantes au vestibule, à l'abri
des oreilles et des regards indiscrets.
    -
Que se passe-t-il, Ludius ? chuchota la jeune femme. Pourquoi toutes
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