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Les Roses De La Vie

Les Roses De La Vie

Titel: Les Roses De La Vie
Autoren: Robert Merle
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froid.
    — Paix là, Miroul ! dit mon père sotto voce, tout
en dissimulant de sa main un sourire.
    — Monsieur, dit la duchesse avec le dernier sérieux en
se tournant vers La Surie, je vous demande mille pardons, si je vous ai
offensé. Un gentilhomme, quel que soit son degré, est un gentilhomme, et il n’y
a pas de mal à être chevalier. Mon plus jeune fils l’était.
    — Madame, dit La Surie, cette comparaison m’honore. Et
vous m’avez consolé avec tant de bonne grâce que j’aimerais que vous me teniez
désormais pour le plus humble et le plus dévoué de vos serviteurs.
    — Mais il est charmant, votre Miroul, Monsieur, dit
Madame de Guise en se tournant vers mon père, et en le regardant en même temps
d’un air interrogatif, car elle commençait à se demander si La Surie ne s’était
pas un peu gaussé d’elle.
    Toutefois, quoi qu’elle en eût, la leçon porta. Car elle,
qui avait tant de mal à s’apercevoir de l’existence des gens qu’elle jugeait
trop au-dessous d’elle pour mériter ses attentions, ne faillit pas dans la
suite à remarquer la présence de La Surie, ou tout au moins à la remarquer
davantage qu’avec un simple signe de tête. Ce qu’elle fit avec esprit et non
sans grâce : « Et comment en va-t-il, disait-elle après avoir reçu
les hommages paternels, de mon petit chevalier ? » Et avec un sourire,
elle lui donnait sa main à baiser, ce qu’elle n’avait jamais fait jusque-là. Je
vous laisse à penser si La Surie en fut heureux.
    Quant à moi, quand elle revint à ses moutons, elle me pressa
derechef de réclamer, comme elle avait dit, le salaire de mes peines, et je ne
laissai pas de lui promettre de suivre ses bons conseils, sans du tout avoir
l’intention de le faire. Je craignais, en effet, qu’elle ne prit sur son bonnet
de faire en ce sens auprès de Louis une démarche que, venant d’une amie intime
de la reine-mère, il eût jugée disconvenable.
    Ma bonne marraine partie, mon père me prit par l’épaule et
me serra à lui.
    — Irez-vous ? dit-il.
    — Non point, Monsieur mon père.
    — Et vous faites bien. Il y a fort à gager que Louis
n’aura pas davantage oublié vos services en ce moment capital de son règne
qu’il n’a oublié la petite arbalète que vous lui aviez donnée à
Saint-Germain-en-Laye quand vous aviez dix ans. Tenace en ses ressentiments,
Louis l’est aussi en ses gratitudes.
     
    *
    * *
     
    Pourtant, au fur et à mesure que le temps passait, il
m’apparut que mon père tardait à gagner sa gageure, et je commençais à me
demander si je n’avais pas eu tort de mépriser les avis de Madame de Guise. Non
que j’eusse à me plaindre de Sa Majesté. Elle avait pensé à moi, mais point
tout à fait comme je l’eusse voulu.
    Ayant exilé, le jour même du coup d’État, les secrétaires
d’État (Richelieu compris) dont Concini avait fait ses créatures, le roi
rappela les ministres barbons de son père et me commanda d’assister au Conseil
des affaires, mais sans voix délibérative, et seulement à titre de consultant
sur les pays étrangers dont je connaissais la langue.
    Cette nouvelle, quand elle l’apprit, désola, puis enragea
Madame de Guise. Et d’autant qu’elle n’avait pas entendu que « sans voix
délibérative » voulait dire seulement sans droit de vote.
    — Est-ce là, me dit-elle en me parlant avec les grosses
dents, l’avancement dans l’ordre de la noblesse que vous étiez en droit
d’attendre ? Est-ce là un accroissement de votre fortune ? Vous voilà
comme devant chevalier, sans rien de plus que le revenu de votre charge de
premier gentilhomme de la Chambre ! Trois mille cinq cents livres par
an ! Le beau pactole ! Peut-on tenir son rang avec une pension aussi
maigre ?
    — Mais Madame, est-ce rien que d’être membre, à mon
âge, du Conseil des affaires ?
    — La belle affaire ! À ce Conseil, vous assistez
debout, alors que ce bas roturier de Déagéant est assis !
    — Madame, excusez-moi, il ne l’est pas. Seuls sont
assis au Conseil les quatre secrétaires d’État et Sa Majesté. Tous autres, dont
je suis, sont debout.
    — Mais Déagéant, lui, peut parler, et à ce qu’on m’a
dit, il ne s’en prive pas, et avec quelle arrogance ! Alors que vous, tout
savant que vous soyez, vous jouez à ses côtés les muets du sérail !
    — Madame, derechef, excusez-moi, je peux parler, dès
lors que Sa Majesté ou Monsieur de Villeroy le requièrent de
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