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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon
Autoren: Marc Paillet
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plutôt morose. Le Pansu lui-même ne parvint pas à se dérider, ayant toujours à l'esprit le souvenir des abominations évoquées ainsi que le cheminement troublant et tragique qui avait conduit aux aveux. quoiqu'il n'éprouv‚t aucune pitié pour les meurtriers, mais, au contraire, un profond res≠sentiment, il frissonna à la pensée de ce qui les atten≠dait. Cette fois-ci, il le savait, le Saxon ne serait pas enclin à intervenir pour rendre les ch‚timents moins cruels, contrairement à ce qu'il avait fait si souvent par le passé.
    Dans la salle o˘ s'était tenu ce banquet, que per≠sonne n'avait éprouvé
    l'envie de prolonger, Erwin, demeuré seul, resta un long moment assis, pensif et las. Les fatigues physiques et nerveuses de l'enquête, son atmosphère morbide, les sombres révélations qu'elle avait apportées sur les cloaques de la nature humaine, d'autre part les séquelles de la grave maladie qui avait menacé sa vie, et aussi la frayeur qu'il avait éprouvée quand Agnès avait été la victime d'un enlèvement dont il s'estimait responsable, toutes ces atteintes dont il n'avait pas ressenti les effets dans le feu de l'action s'abattirent sur lui d'un seul coup. Il décida de recher≠cher d'abord le secours de la prière. Ayant recouvré un peu de calme et de vigueur, il se dirigea vers la biblio≠thèque du palais épiscopal o˘
    il savait trouver le manuscrit de La Consolation de la philosophie. Boèce avait écrit ce traité, avant son exécution, dans la prison o˘ l'avait fait enfermer le roi des Goths Théodoric qui l'avait condamné à mort. Le Saxon espérait y puiser, après le réconfort de la prière, celui de la sagesse antique dont Boèce avait exprimé, en une langue magnifique, les plus pures maximes. Alors qu'il dispo≠sait le manuscrit sur un pupitre de lecture, il entendit derrière lui le bruissement d'un pas léger. Il sut que c'était elle. Il se retourna pour lui faire face et la regarda longuement.
    -
    Je savais que je te trouverais à la chapelle ou bien ici, lui dit-elle. Je quitte à l'instant Emmeran qui m'a demandé de transmettre au comte Childebrand et à
    toi-même ses remerciements pour avoir admis qu'en m'enlevant il n'avait pensé qu'à assurer ma sauve≠
    garde.
    Elle sourit.
    Je crois que, durant notre séjour au moulin, ce qui l'a impressionné...
    quel moulin? demanda le Saxon.
    Celui dans lequel il était chargé de me garder prisonnière. Il est situé à faible distance de Narbonne sur un bras à demi mort de l'Aude. Je te disais que ce qui l'avait frappé, c'était... comment dire?... Vois-tu, il a été b‚ti à un emplacement qui se trouve maintenant au milieu de terres marécageuses. Je m'y suis retrou≠
    vée comme chez moi, en Brenne, o˘ se marient les forces et les esprits de la terre et de l'eau, de l'air et de la lumière. J'en connais, tu le sais, les secrets et les mystères.
    Elle rit.
    Je crois qu'il a eu peur de moi, car il a la tête pleine de ce qu'on lui a raconté sur les sorcières et leurs sortilèges.
    Peut-être a-t-il voulu croire surtout à ces récits qui prêtent à toutes les sorcières des libertés...

    Elle lui posa un doigt sur les lèvres.
    -
    Erwin, murmura-t-elle, homme de peu de foi...
    Elle se serra contre lui et il ne fit rien pour s'en défendre.
    -
    Comment peux-tu penser un seul instant, me fai≠
    sant ainsi injure, que je serais prête à de certaines liber≠
    tés avec un Emmeran de passage ?
    Mais je n'ai jamais imaginé chose pareille !
    Ne connais-tu pas les sentiments que je te porte ?
    Pendant cette prétendue captivité au moulin, qui m'a ramenée en Brenne, je n'ai pas cessé de penser à notre étrange rencontre là-bas. O combien je t'ai détesté, toi et tout ce que tu représentais ! En même temps, pour≠
    tant, je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver un senti≠
    ment qui s'est emparé de moi, malgré moi et qui, envers et contre tout, ne m'a jamais quittée : je t'ai tout de suite aimé !
    Il la prit dans ses bras.
    Pardonne-moi, je t'en prie! Comment, mais
    comment ai-je pu oser t'adresser un tel reproche? A toi, Agnès, qui m'es si chère?
    Je ne doute pas de toi, moi ! Car lorsque, tout à
    l'heure, je suis entrée dans cette salle, j'ai lu dans ton regard et sur ton visage un tel soulagement... Je sais que tu ne prononceras jamais les mots qui, adressés à
    une créature humaine, te sembleraient sacrilèges.
    qu'importé, puisque je sais ce qu'il en est !
    Agnès, oh, Agnès,
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