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Les Mystères de Jérusalem

Les Mystères de Jérusalem

Titel: Les Mystères de Jérusalem
Autoren: Marek Halter
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poignet et le serra en s'efforçant de sourire.
    - Ne t'en fais pas, Marek, c'est grave mais pas fatal 1 Tu vas t'en sortir comme un chef ¿ partir de maintenant, tu ne risques plus rien.
    je ne partageais pas son optimisme de commande. La peur rôdait encore dans ma poitrine douloureuse. je savais trop bien qui venait de me frôler.
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    - Vue doisie faire? demandai-je en pr 1 essentant la réponse.
    - Préparer quelques affaires et te choisir de bonnes lectures.
    - Tout de suite ?
    - Tout de suite. je te conduis au centre de cardiologie du Nord dès que tu es prêt.
    Il n'était pas midi lorsque nous travers‚mes Paris. La journée était toujours aussi belle. De l'ombre au soleil, les gens allaient sur les trottoirs avec toute la conviction que l'on possède lorsqu'il nous faut remplir chaque journée d'une vie. Le boulevard Sébastopol était évidemment encombré. L'embouteillage était à son comble autour de la gare de l'Est. De jolies femmes s'˘-npatientaient derrière leurs volants, des couples de jeunes gens, main dans la main, se souriaient en regardant des vitrines.
    Des adolescents filaient en patins à roulettes entre les voitures immobiles. La vie vibrait partout, jusqu'au bleu du ciel.
    Patrick me lança un coup d'oeil aussi amical que professionnel.
    - «a va? Tu te sens mieux? Après la gare, ça devrait rouler plus facilement...
    J'approuvai d'un hochement de tête. Mon regard s'accrocha à un vieil homme, debout et indécis près d'un banc. Soudain, telle une bulle qui éclate, des souvenirs anciens et sombres m'assaillirent.
    je me rappelai mon arrière-grand-père MeÔr Miel. Celui qui était mort d'un arrêt du coeur. Toute sa vie, il avait rêvé d'être enterré au pied de l'une des collines qui bordent Jérusalem -afin, disait-il, d'entrer parmi les premiers dans la Ville le jour de la Résurrection. Ses enfants étaient pourtant bien trop pauvres pour assurer le transport de sa dépouille jusqu'en Terre sainte. On l'inhuma modestement dans le vieux cimetière juif de Varsovie, rue Gesia.
    Mon grand-père Abraham, lui aussi, était cardiaque. Hassid du rabbin de Gour et vaguement sioniste, il me parlait souvent de Jérusalem. Mais il est mort avec simplicité au cours de la révolte du ghetto de Varsovie...
    Nous atteignions enfin la porte de la Chapelle. Comme l'avait ,médit Patrick, la circulation devenait plus fluide. Je me souvins dors, avec une douleur nouvelle, d'une fin de journée d'hiver,
    'y
    froide- et ténébreuse. Nous ha-bitions r*e_ Boucry, tout près d'ici.
    Lorsque j'arrivai à l'appartement, alerté par ma mère, mon père Salomon ne respirait presque plus.
    Il avait découvert sa maladie trop tard, peu après notre venue en France.
    Son coeur, selon les médecins, était déjà dans un état lamentable. Le médecin, au téléphone, me conseilla de lui appliquer des compresses chaudes et de lui masser la poitrine...
    Sous la pression de mes mains, ses os craquaient. Enfin, je sentis son coeur bouger. Un r‚le sortit de sa gorge, puis un autre. Mon père ouvrit alors les yeux et posa sur ma mère, puis sur moi, un regard muet. Ses lèvres frémirent sans d'abord émettre un son. Puis il articula
    - qu'y aura-t-il?
    La question me surprit.
    - Tu verras, dis-je, tout ira bien.
    je mentais. je m'étais mépris quant à ses mots. Mon père vou lait être rassuré sur son avenir, sur la vie d'après, sur cet effacement tant redouté
    de l'‚me qui, telle une bougie ayant longtemps br˚lé, éclairé, grésillé, allait se réduire sous la chaleur de sa propre flamme et se résorber en gouttes de cire. J'avais cru qu'il parlait de ce passage obligé de la vie à
    la mort, passage en principe indolore. Je m'étais trompé. Il sourit tristement ' hocha la tête et cessa de vivre. Depuis cet instant, ce malentendu qui avait oblitéré les dernières secondes de sa vie n'avait cessé, des années durant, de me peser sur la conscience...
    je ne comprenais que trop bien pourquoije songeais soudain à ces morts.
    Mais je fus frappé, un court instant, par le fait que toutes, d'une manière ou d'une autre, évoquentjérusalem. Mon père, très attaché à la mémoire familiale, avait conservé avec lui pendant toute la guerre quantité de documents de nature à prouver ses très anciennes racines alsaciennes ainsi que, depuis Gutenberg, la fidélité exemplaire de sa famille au métier d'imprimeur. Souvent, à Kokand, quand il manquait jusqu'aux trente grammes de pain auxquels nous
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