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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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 de Limeuil était accusée, depuis quelques jours, d’avoir voulu faire empoisonner le prince de la Roche-sur-Yon, « qui lui avoit fait une vexation… ».
    Au bout de neuf mois, elle fut libérée subitement et courut rejoindre son cher Condé à Valéry, où il vivait dans un château que lui avait offert une de ses maîtresses, la maréchale de Saint-André…
    Lorsqu’on connaît un peu le caractère de Catherine de Médicis, on se doute bien que ce ne fut pas sans raison qu’elle gracia Isabelle. En effet, en ce début de 1565, les protestants, qui s’agitaient de nouveau dans toute la France, espéraient regagner Condé…
    Et la Florentine voulait, une fois encore, utiliser M lle  de Limeuil pour conserver ce prince dans son camp.
    Coligny vint à Valery, la tête bourdonnante d’arguments qui devaient amener le prince à reprendre sa place parmi les réformés. Or la première personne qu’il rencontra dans le parc fut M lle  de Limeuil dont il ignorait la libération. Choqué, il ne put s’empêcher de faire quelques réflexions désobligeantes que Condé prit fort mal.
    — Je suis libre de mettre dans mon lit qui je veux ! s’écria-t-il.
    Irrité, l’amiral s’en alla en claquant la porte et, quelques jours après, une délégation de chefs protestants vint présenter des remontrances au prince, le sommant de quitter M lle  de Limeuil. Condé fut très sec. Il leur répondit que, « ne pouvant qu’à grand-peine se passer de femmes, il lui était bien difficile de se marier et de trouver une épouse de sa religion et de son rang ». Puis il les congédia brusquement en accusant Coligny d’être venu l’espionner, ce qui ne fit qu’aggraver la situation, on s’en doute.
    Les réformés ne se tinrent pas pour battus. Sachant que le prince commençait à se lasser d’Isabelle, ils lui cherchèrent l’épouse dont il rêvait. Leur choix s’arrêta sur M lle  de Longueville, qui était fort belle, ardente aux jeux du lit et, de surcroît, protestante.
    Condé la rencontra, en devint amoureux et annonça à Isabelle qu’il allait se remarier [184] . La pauvre eut une grande crise de désespoir, pleura, se traîna aux pieds de son amant et, finalement, se retira à Paris chez des amis.
    Le mariage de Condé et de M lle  de Longueville eut lieu à la Cour au mois de novembre. Les protestants, cette fois, triomphaient, car le prince volage, attiré chez les catholiques par une maîtresse, leur revenait grâce à une épouse…
     
    Condé n’avait aucune force de caractère, on a pu déjà s’en apercevoir en plusieurs occasions. Il en fournit une nouvelle preuve lorsque, à l’instigation de sa femme, il eut la goujaterie de réclamer à Isabelle tous les cadeaux qu’il lui avait faits.
    Mais M lle  de Limeuil sut lui répondre comme il le méritait. Elle fit un paquet de tout ce qu’elle avait reçu, puis, prenant de l’encre et un pinceau, elle dessina une très apparente paire de cornes sur un portrait de Condé et remit le tout au valet du prince :
    — Tenez, mon ami, dit-elle, portez cela à votre maître ; je lui envoie tout ainsi qu’il me le donna. Je ne lui ai rien ôté ni ajouté. Dites à cette belle princesse, sa femme, qui l’a tant sollicité à me demander ce qu’il m’a donné, que, si un seigneur de par le monde (elle donna son nom) en eût fait de même à sa mère et lui eût ôté tout ce qu’il lui avait donné par don d’amourette, elle serait aussi pauvre d’affiquets et pierreries que demoiselle de la Cour. Or, qu’elle en fasse des pâtés et des chevilles, je les lui quitte.
    Il ne restait plus à Isabelle qu’à faire une fin. Elle épousa l’année suivante un riche banquier italien, Scipion Sardini…

29
    Marie Touchet est à l’origine de la Saint-Barthélémy
    Quand la femme a partagé une opinion
ou se mêle à un mouvement important,
il y a là le premier signe d’une révolution.
     
    Emerson
     
    Une scène curieuse se passa le 15 août 1561 au château de Saint-Germain-en-Laye. Marie Stuart était venue faire ses adieux à Catherine de Médicis avant de regagner l’Écosse.
    — Vous reverrai-je, ma fille ? lui dit la régente d’un ton doucereux.
    — Probablement pas, répondit la jeune veuve de François II.
    Alors un enfant de onze ans, qui assistait à l’entrevue, éclata en sanglots et courut se réfugier dans sa chambre.
    C’était Charles IX qui, malgré son extrême jeunesse, avait conçu un
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