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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge
Autoren: Jean Markale
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Sanglante »,
est réservée à l’exposition des dépouilles et des têtes coupées des ennemis
vaincus. Quant à Émain Macha, qui est sans aucun doute Navan Fort, au sud-ouest
d’Armagh, c’est un grand ensemble de sept hectares, juché au sommet d’une
colline, que cernent un fossé large de neuf mètres puis un talus haut de deux
et demi, qui, de par sa position, même à l’extérieur, jouerait un rôle d’enceinte
sacrée plutôt que d’ouvrage défensif. Les Celtes n’ont jamais construit de
villes – pas plus que de temples, d’ailleurs – et se sont contentés d’établir
des forteresses provisoires, qu’ils occupaient seulement en cas de danger, ou
des forteresses-sanctuaires où se tenaient les grandes assemblées. De toute
façon, la présence des trois maisons indique clairement une destination
rituelle grâce à laquelle était sacralisée l’action politique, guerrière et
religieuse des Ulates autour de leur roi.
    Mais qui est donc ce roi Conor (transcription phonétique du
gaélique Conchobar ) dont la réputation fut telle que, réel
ou fictif, il a franchi les siècles en laissant le souvenir d’un souverain très
puissant et très glorieux ? Certains ont prétendu qu’il s’agissait d’un
personnage historique du début de l’ère chrétienne ; mais cette opinion
repose uniquement sur un récit tardif où l’on voit le roi « mourir de
colère » en apprenant la mort de Jésus sur la croix.
    Mieux vaut le considérer comme un roi mythique des origines,
représentatif de la conception idéale que se faisaient les Celtes de la royauté,
celle-ci étant bien évidemment de type sacré : le roi n’est pas le
souverain absolu qu’on a connu par la suite, mais un régulateur de la société
qu’il préside. Il n’est pas roi de par sa naissance, mais par le choix de ceux
qu’il doit protéger. Conor est en fait un usurpateur de la royauté et, en
principe, rien ne le destinait à assumer cette haute fonction. Il est appelé Conchobar mac Nessa , c’est-à-dire « Conor fils de Ness »,
cette Ness étant une femme-guerrière (de famille royale, il est vrai) et
quelque peu magicienne. Sa filiation est donc matrilinéaire, ce qui est tout à
fait conforme aux coutumes les plus anciennes des Celtes. La référence au père
est nulle, à ce détail près que celui-ci étant druide, l’enfant naît doté d’un
caractère sacré. Et lorsque sa mère est demandée en mariage par le roi légitime,
Fergus, elle accepte sous la condition essentielle que celui-ci cède sa royauté
pendant un an à Conor. Et, durant ce laps de temps, elle distribue de si
nombreux dons aux chefs ulates au nom de son fils , mettant
ainsi en relief la première obligation royale qui est de donner à ses sujets, que, l’année écoulée, les Ulates refusent de reprendre
Fergus pour roi, arguant avec une logique implacable que Conor est exactement l’homme
qu’il leur faut à la tête du royaume.
    Mais que vaut un roi sans ses nobles, ses druides et ses
guerriers ? Comme dans l’épopée de la Table Ronde, où le roi Arthur privé
de ses chevaliers n’est plus qu’un soliveau immobile comparable au roi du jeu d’échecs,
Conor ne serait rien sans les redoutables guerriers, les savants druides et
magiciens et les nobles « fonctionnaires » qui l’entourent, ce sans
oublier les artisans de tout poil, tel le célèbre forgeron Culann. Aussi est-ce
pour assurer la cohésion du royaume qu’il crée ce compagnonnage de la Branche
Rouge, auquel ne sont admis que les plus valeureux, les plus sages et les plus
habiles, exactement comme à la Table Ronde d’Arthur préconisée par le prophète
Merlin ou à la Table du Graal instituée par Joseph d’Arimathie et perpétuée par
le Roi Pêcheur avant d’être rénovée par Perceval le Gallois. Il s’agit là bel
et bien d’une fraternité par le sang, les liens existant entre les compagnons
étant soit des relations de parenté, réelle ou adoptive, soit des obligations
contractées, au cours des combats, entre frères d’armes.
    Parmi ces compagnons, innombrables car parfois différents
selon les versions, certains se distinguent par leur puissance et leur gloire. C’est
d’abord le druide Cavad (transcription phonétique du gaélique Cathbad ,
signifiant « celui qui tue au combat »), père naturel de Conchobar. C’est
ensuite Fergus mac Roeg, le roi détrôné par Conor, mais qui semble ne pas lui
en tenir rigueur jusqu’au jour où
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