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Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge
Autoren: Jean Markale
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abandonnée…
    Pour moi, c’était une chose naturelle,
    même si l’intelligence d’une femme est faible,
    que d’aimer un homme que j’ai choisi
    parmi la multitude des héros.
    Adieu à toi, Beau Chien,
    ce n’est pas par plaisir que je me sépare de toi,
    et si l’on n’obtient pas ce que l’on désire,
    il est toujours possible de s’enfuir…
     
    Après avoir chanté de la sorte, Fand, fille d’Aed Abrat, se
leva, s’en alla vers Mananann, et Mananann lui fit bon accueil.
    « Eh bien, femme, lui dit-il, demeureras-tu auprès de
Couhoulinn, ou bien te raccompagnerai-je jusqu’à la Terre de Promesse ? – En
vérité, répondit-elle, et sur ma parole, il en est un, de vous deux, que je
préférerais suivre comme époux. Mais c’est avec toi que j’irai, car Couhoulinn
m’a abandonnée, et je n’attends plus rien de lui. D’ailleurs, je sais qu’il n’est
pas, en dehors de moi, de reine digne de son rang dans toute la Terre de
Promesse, tandis que, chez les Ulates, il y a une femme comparable à Couhoulinn. »
    Couhoulinn vit la jeune femme s’éloigner, mais il ignorait
qu’elle suivît Mananann, puisque celui-ci était invisible.
    « Que fait-elle et où va-t-elle ? demanda-t-il à Loeg.
– Ce n’est pas difficile, répondit le cocher. Elle s’en va avec Mananann, fils
de Lîr, parce qu’elle n’a plus aucun espoir de te plaire. »
    À ces mots, Couhoulinn poussa un grand cri qui fut entendu
dans toute l’Irlande, puis il fit trois sauts vers le sud qui le conduisirent
sur la colline de Luachair où il demeura très longtemps sans boire ni manger. Il
dormait chaque nuit entre deux collines, à même le chemin, la tête appuyée sur
des pierres.
    Ce que voyant, Émer alla trouver Conor à Émain Macha et lui
conta comment se comportait Couhoulinn. Le roi, fort affligé de constater que
la maladie de Couhoulinn n’était pas guérie, lui envoya des poètes, des
musiciens et des druides pour le charmer, pour le saisir et le ramener à Émain
Macha. Mais, lorsque les poètes et les musiciens s’approchèrent, il devint
furieux et tenta de les tuer. Alors, les druides chantèrent sur lui des
incantations magiques, et il se calma. On en profita pour lui entraver si
étroitement les mains et les pieds qu’il lui devint impossible de bouger, et on
le ramena dans la maison royale. Là, la raison sembla lui revenir ; il
demanda à boire, et les druides lui firent absorber un breuvage d’oubli.
    Après qu’il eut bu ce breuvage, Couhoulinn n’eut plus aucun
souvenir de Fand, ni de l’amour qu’il avait éprouvé pour elle, ni de sa maladie,
ni des exploits qu’il avait accomplis en Terre de Promesse.
    Quant à Émer, les druides lui avaient également administré
le breuvage d’oubli, car la jalousie la rongeait autant que son mari l’amour de
Fand.
    Au même moment pénétrait à Émain Macha, dans la maison de
Conor, Mananann, accompagné de Fand. Mais comme ils étaient invisibles, personne
ne s’en avisa. Et Mananann secoua son manteau entre Fand et Couhoulinn afin qu’ils
ne se rencontrassent plus jamais. Cela fait, tous deux repartirent vers la
Terre de Promesse mais, en voyant Fand toujours aussi affligée d’une grande
tristesse et d’une grande angoisse, Mananann lui dit : « Il le
fallait. Il fallait qu’il en fût ainsi, car on ne saurait contrarier la
destinée d’un héros qui doit accomplir encore tant de prouesses. »
    Alors, du sommet d’une colline, un grand oiseau noir prit
son essor vers le ciel et, en tournoyant dans le vent, fit trois fois le tour d’Émain
Macha [178] .
    ----
    [1] Voir dans la même collection, chez le même éditeur,
le premier épisode de La Grande Épopée des Celtes , Les
Conquérants de l’Île Verte.
    [2] Voir « La chevauchée du prince Kilourh »
dans la deuxième époque du Cycle du Graal , Les
Chevaliers de la Table Ronde , Pygmalion, Paris, 1993.
    [3] Voir Les Conquérants de l’Île Verte, op. cit.
    [4] Voir le conte « Le Corps sans Âme », dans J. Markale, Contes populaires de toutes les Bretagne , Ouest-France,
Rennes, 1977-1997, pp. 101-108, ainsi que, du même auteur, L'Énigme des Vampires , Pygmalion, Paris, 1991, pp. 239-257.
    [5] Les historiographes grecs ont toujours accusé les
Celtes de pratiquer ce qu’ils appellent l’amour viril .
On sait que Vercingétorix, ce grand héros national français (!), avait fait ses
classes comme cavalier dans l’armée romaine et avait été déclaré
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