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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux
Autoren: Jean-François Parot
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rafales d'ouest qui annonçaient la neige de la nuit. Vous ne pouvez pas avoir oublié que l'une d'entre elles vous a décoiffée et a presque arraché le masque qui couvrait votre visage, suffisamment en tout cas pour que l'un des deux hommes en question ait conservé le souvenir de vos traits. Dans certaines situations, les détails s'impriment dans la mémoire des moins observateurs.
    Louise Lardin se tordait les mains en hurlant.
    — C'est faux !
    — Vous savez bien, madame, que malheureusement pour vous je ne mens pas.
    Nicolas se tourna vers Bourdeau.
    — Monsieur l'inspecteur, veuillez introduire le prévenu.
    Bourdeau ouvrit la porte, leva la main et fit un signe. Alors, le silence épais qui pesait sur l'assistance fut brisé par l'écho sonore d'un pas incertain, d'un pas déséquilibré, qui résonnait sur le dallage du vieux palais. Ce bruit s'amplifia et se confondit avec le battement des cœurs des assistants. Soudain, Louise Lardin se leva, bouscula Nicolas et, saisissant le stylet d'argent avec lequel M. de Sartine jouait quelque temps auparavant, se le plongea dans la poitrine avec un grand cri et s'effondra. À la porte, ahuri, le père Marie apparut, une canne à la main.
    Nicolas rompit le silence consterné qui avait suivi cette scène.
    — Elle savait que Bricart l'avait dévisagée ce soir-là. Elle connaissait aussi l'infirmité de ce vieux soldat et le bruit de son pilon. Elle était assurée qu'il allait la reconnaître.
    — Il convenait qu'une affaire aussi sinistre, entièrement fondée sur le mensonge et sur le faux-semblant, s'achevât sur un coup de théâtre ! s'exclama M. de Sartine.
    Bourdeau, aidé du père Marie, s'empressa de faire sortir l'assistance puis fit quérir des aides et un brancard pour évacuer le corps de Louise Lardin, dont Sanson et Semacgus avaient constaté le décès. Il irait rejoindre les gisants de la Basse-Geôle, parmi lesquels deux de ses victimes et son amant Mauval.

    Nicolas et le lieutenant général de police demeurèrent seuls. Il y eut un long silence entre les deux hommes, et Nicolas dit enfin :
    — Je crois, monsieur, que la Paulet devrait être relâchée. Elle peut nous être utile et elle a joué franc jeu avec nous. Elle est, comme nous savons, un assez bon auxiliaire de police. Pour le reste...
    M. de Sartine s'était levé. Il s'approcha de Nicolas et mit une main sur son épaule. Nicolas retint un cri ; c'était celle qui avait été blessée par l'épée de Mauval.
    — Mes compliments, Nicolas. Vous avez démêlé cette intrigue avec une sagacité qui justifie le jugement que j'avais dès l'abord porté sur vous. Je vous laisse juge de l'opportunité des poursuites ou des grâces. Pour la Paulet, vous avez raison. La police d'une grande ville ne peut s'exercer qu'en employant les instruments les plus débiles ou les mieux placés de la société. Nous ne pouvons faire la fine bouche. Mais une question : qui vous a donné l'idée de ce Deus ex machina du dernier acte ? Même moi, j'ai tourné la tête vers la porte.
    — L'idée m'en a été inspirée par une remarque de M. de Noblecourt, répondit Nicolas. Il m'avait conseillé de « faire comme si ». Une femme commeLouise Lardin n'aurait jamais avoué, peut-être même pas sous la question. Il fallait trouver un biais pour la prendre en défaut et surprendre ses défenses.
    — Voilà qui me conforte en la capacité de mon jugement, reprit Sartine en souriant. Au fond, c'est grâce à moi, qui vous ai confié à M. de Noblecourt, que tout cela a été résolu. D'ailleurs chez notre vieil ami vous ne trouverez guère de cadavres dans la cave que ceux des bouteilles qu'il aime vider en compagnie de ses amis.
    Satisfait de sa plaisanterie, il s'autorisa un coup de peigne à sa perruque, ouvrit sa tabatière, offrit une prise à Nicolas qui accepta, et se servit lui-même. Cet intermède fut suivi d'une séance d'éternuements qui les laissa apaisés et fort satisfaits d'eux-mêmes.
    — Ainsi, reprit enfin Sartine, non seulement vous décidez de mes audiences, mais vous voulez me priver de mon souper. J'espère que les raisons que vous allez avancer justifient cette impertinence et ne me laisseront pas, si j'ose dire, sur ma faim. Encore que pour voir certaine affaire éclaircie, je jeûnerais bien toute une semaine. Nicolas, avez-vous les papiers du roi ?
    — Vous les aurez, monsieur, si vous consentez à me suivre là où je veux vous emmener. Cela nous prendra deux heures. Vous
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