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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor
Autoren: Juliette Benzoni
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promit, si Dieu lui accordait de quitter sa prison vivant et – Sa Bonté étant sans limites – de reprendre sa place auprès du roi, d’élucider ce problème et d’aller consulter l’architecte des Bâtiments royaux. Il se souvenait, en effet, avoir entendu, un soir, son ami Winkleried lui parler, après boire, des couloirs secrets, passages invisibles et escaliers dérobés qui, selon son expérience de garde suisse particulièrement curieux, creusaient les murs fastueux du palais qu’il comparait prosaïquement à un fromage de Gruyère.
    Gardant pour lui ses réflexions, Gilles se contenta de déclarer paisiblement :
    — En admettant que vous ayez raison – je dis bien : en admettant – voulez-vous me dire en quoi les affaires de famille du Grand Aumônier de France peuvent intéresser Monsieur ?
    — Quand elles peuvent perdre la reine de France, les affaires « de famille » du Grand Aumônier sont d’un très vif intérêt pour son beau-frère…
    — Surtout quand ce beau-frère affectueux n’a d’autre rêve que de subtiliser la couronne de son aîné pour en coiffer sa propre tête, fit Gilles en éclatant de rire. Savez-vous, mon cher monsieur, que vous êtes impayable avec vos histoires à dormir debout ? Quoi qu’il en soit, vous avez perdu votre temps et usé vos pauvres jambes inutilement : je ne possède rien de ce que vous cherchez. Sur l’honneur !
    — Je n’en crois rien…
    Cette fois, Gilles cessa de rire. Son poing partit comme une catapulte mais manqua la figure du comte qui, avec une souplesse inattendue chez un rhumatisant, l’avait évité et filait vers la porte sur laquelle il se mit à tambouriner, appelant le geôlier d’une voix de fausset. Instantanément, la porte s’ouvrit. Modène alors se retourna.
    — Inutile de monter sur vos grands chevaux, monsieur de Tournemine. Je suis seulement venu vous dire ceci : ou bien vous me remettez ce que je vous ai demandé à ma prochaine visite qui aura lieu… disons dans trois jours ? C’est un honnête laps de temps pour réfléchir, n’est-ce pas ? – J’ajoute que j’entends par remettre, me donner les moyens d’entrer en possession de ces objets car je suppose bien que vous ne les avez pas ici…
    — Ni ici, ni ailleurs.
    — Inutile de chercher à me convaincre : nous sommes bien renseignés. Ou bien, donc vous ferez ce que l’on vous demande, ou bien…
    — Ou bien ? fit Gilles avec hauteur.
    — Vous ne reverrez jamais, tout au moins en ce bas monde, la dame qui vous tient si fort à cœur. J’en sais qui y veilleront.
    La gorge du jeune homme se sécha d’un seul coup tandis qu’une fine sueur perlait à son front. Il mourait d’envie à présent d’aplatir ce visage ironique et doucereux, de nouer ses mains autour de cette gorge emmaillotée de dentelles mousseuses et de serrer, de serrer… Jamais encore il ne s’était imposé contrainte aussi violente… Tout son corps en tremblait ! Chargeant sa voix de tout le mépris qu’il put rassembler, il laissa tomber :
    — Votre maître qui se dit descendant de Saint Louis mais qui n’est sans doute qu’un bâtard de laquais car il ne peut pas être le frère de mon roi, oserait-il s’en prendre à l’innocente venue chercher refuge sous son toit ? De quelle boue est-il donc fait ?
    Rassuré par la présence du geôlier qui, debout auprès de la porte, ses clefs à la main, ne s’en différenciait guère tant il était immobile et impersonnel, Modène s’offrit le luxe d’un sourire plein d’impertinence.
    — Vos injures ne peuvent l’atteindre : je ne les entends pas. Elles traduisent seulement votre impuissance à me convaincre. Naturellement mon maître ne saurait se livrer à si triste besogne car son cœur est bon et son âme sensible. Mais j’en sais plus d’un… ou plus d’une qui n’auraient pas de ces délicatesses et qui se chargeraient volontiers d’une telle besogne. Entre autres certaine dame blonde qui a réclamé la faveur de veiller personnellement sur un si précieux otage… Une dame que Monseigneur aime beaucoup…
    Cette fois Gilles se sentit frémir. La Balbi ! C’était à elle, la maîtresse de Provence, à cette femme perdue de débauche et qui le haïssait parce qu’il l’avait rejetée, que l’on avait confié Judith, sa fragile, sa farouche… Quelles infâmes confidences Mme de Balbi allait-elle faire à cette jeune femme dont elle avait blessé si cruellement le cœur en
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