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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu
Autoren: Fabrice Bourland
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non loin des Millwall Docks. Parvenu sur la péninsule, je réclamai donc au conducteur de poursuivre plus au sud, jusqu’au coude extérieur que formait le bassin et qui l’amenait aux abords de la River .
    — Venons d’passer Glengall Grove, sir ! annonça le chauffeur de taxi. Tenez vraiment à continuer ? Z’êtes bien le seul à vouloir mettre les pieds ici un jour comme c’lui-là !
    — L’endroit que je cherche ne doit plus se trouver très loin, me contentai-je de répondre, en n’oubliant pas de dérober mon visage sous les bords de mon chapeau.
    Il est vrai que les lieux étaient lugubres. Après avoir traversé une courte portion de terrain constitué de logements de deux étages d’un aspect décent à défaut d’être agréable, nous pénétrâmes, parvenus à l’extrémité ouest du bassin, dans une zone franchement industrielle où, en raison du congé offert par le roi à tous ses sujets, il ne se trouvait âme qui vive. À gauche, les grues et les palans qui bordaient les Millwall Docks étaient à l’arrêt, et les vastes magasins de marchandises avaient tous tiré leurs grilles. Même les énormes vaisseaux gavés de rhum, de sucre, de grain ou de bois durs, qui mouillaient dans la rade, semblaient attendre sagement la fin des festivités. À droite, une succession d’usines et de hangars affichaient leurs faces lépreuses, le côté donnant sur la Tamise ne devant pas se montrer beaucoup plus avenant.
    Je demandai au chauffeur de s’arrêter et descendis du taxi. Pour être certain qu’il attende mon retour, je lui offris la moitié de l’argent que j’avais emporté avec moi – deux pièces d’une demi-couronne –, lui promettant la même somme par la suite, ce qui était de beaucoup supérieur au prix de la course.
    Puis j’examinai les environs. Le bâtiment qu’avaient visité les policiers devait être un de ceux qui bordaient le fleuve. Mais lequel ?
    Je fis un premier tour du propriétaire, m’avançant à pied en direction de la pointe de la presqu’île. Staiton avait parlé d’un lieu désaffecté. Or, même si, en la circonstance, je n’apercevais aucun ouvrier, la plupart de ces édifices avaient l’air en activité. Au bout de vingt minutes, je revins sur mes pas. Étant repassé devant le taxi, j’aperçus quelques yards plus haut un chemin de terre qui se dirigeait vers la Tamise.
    Après m’être m’enfoncé dans le passage, je constatai que l’une des imposantes usines remarquées de loin dissimulait en réalité une construction plus discrète à deux niveaux, coiffé d’un haut toit brisé, qui semblait posée au bord de l’eau. Sur la façade en front de fleuve, on pouvait lire l’inscription :
    H ODGSON PÈRE & FILS, IMPORTATION DE VINS ET SPIRITUEUX .
    La marée était basse, et, au pied de la digue, se déroulait à perte de vue un long ruban d’algues et de vase. Devant l’édifice, sur un quai en bois dont, pour l’heure, seule une partie baignait dans les flots, une machine à poulie aidait naguère à décharger les barils amenés par bateaux. Un engin du même type, établi le long du corps de bâtiment et déplaçable grâce à des rails, permettait de hisser les marchandises jusqu’à des guichets pratiqués au premier étage. Au rez-de-chaussée, de grandes portes en bois coulissantes, dont certaines n’étaient pas entièrement rabattues, donnaient accès à des magasins de stockage aux plafonds voûtés, jonchés de barriques vides et de caisses à moitié éventrées. Lorsque je m’approchai du premier de ces entrepôts, laissé entrouvert, mon esprit s’emballa en avisant, contre un mur, un chevalet et du matériel de peinture récemment utilisé.
    Je n’avais donc pas fait fausse route. Cela me fut du reste confirmé quelques minutes plus tard par une autre découverte, tout aussi probante. Ayant escaladé un remblai à la poupe de l’édifice, j’aperçus, camouflé derrière une palissade, une de ces ambulances de couleur jaune et aux lignes saillantes, frappées des armoiries du comté de Londres.
    L’habitacle était vide. Je touchai de la main à l’endroit du moteur pour vérifier qu’il avait tourné récemment, mais c’était oublier que je n’éprouvais aucune sensation, ni de froid ni de chaud. Néanmoins, les traces de pneus sur le sol, rendu boueux par les pluies incessantes de la veille, et celles du chariot-brancard qui avait dû servir à déplacer le corps, étaient on ne peut plus
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