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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple
Autoren: Jean (d) Aillon
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mis Paris à genoux, sans pour autant livrer la ville aux mercenaires allemands, et les Parisiens lui en étaient bizarrement reconnaissants ; c'est lui qui avait gagé ses bijoux pour débaucher l'armée de Turenne, et à ce titre la reine et Mazarin devenaient ses obligés ; enfin, il était le seul à avoir eu le courage de revenir dans la capitale, où il se montrait partout sans que personne ne l'injurie ou ne l'interpelle.
    Rapidement, le Prince se réconcilia avec son frère et les généraux de la Fronde. Plus exactement, ces derniers vinrent faire allégeance et Condé accepta d'autant plus facilement leur ralliement et leur soumission qu'il détestait Mazarin autant qu'eux. Magnanime, Louis de Bourbon obtint même pour son frère Armand le gouvernement de Champagne, ainsi que quelques places fortes et honneurs pour les autres. Face à un cardinal silencieux, Condé affichait sa formidable puissance et son immense prestige. Nul ne doutait qu'il serait le prochain président du Conseil royal s'il parvenait à faire chasser le favori de la reine.
    Pourtant, Mazarin tenait toujours les rênes du pouvoir et quand Condé avait exigé le gouvernement de Pont-de-l'Arche pour Longueville, Anne d'Autriche avait refusé. En vertu de l'application du précepte de Mazarin : Il y a danger dès qu'un membre devient trop puissant . Et ce 1 er  juin 1649, c'est à cela que Louis songeait dans la cuisine de la rue des Quatre-Fils, tandis que Mme Richepin expliquait à Guillaume Bouvier où il devait se rendre pour acheter de la ficelle de lin dont elle avait besoin.
    *
    — … Vous le trouverez facilement, monsieur Bouvier, sa boutique est rue de l'Aigle…
    — Rue de l'Aigle ? releva Louis.
    — Excusez-moi, monsieur, fit-elle en s'essuyant les mains à son tablier. Je voulais dire rue Saint-Antoine. Dans le passé, le haut de la rue Saint-Antoine s'appelait la rue de l'Aigle. Mes parents et mes grands-parents l'ont toujours nommée comme ça. J'ai gardé cette mauvaise habitude.
    — À quand remonte ce nom de rue de l'Aigle ?
    — Je l'ignore, monsieur, je l'ai toujours entendu. Vous devriez demander à votre père…
    Ce que fit immédiatement Louis en se rendant dans le cabinet de l'étage où son père travaillait avec M. Bailleul.
    M. Fronsac s'était fait prêter de l'argent au denier douze pour remettre l'étude en état et avait dû se séparer d'un clerc afin de réduire ses dépenses. Les domestiques recevaient seulement la moitié de leurs gages et les repas se voyaient désormais plus souvent constitués de bouillis que de pâtés.
    — Rue de l'Aigle ? Oui, c'est la partie de la rue Saint-Antoine entre la rue de Jouy et Saint-Gervais. Elle s'appelait aussi la rue de la Porte-Baudoyer quand les templiers étaient là.
    Louis sentit un picotement l'envahir.
    — Les templiers ? Mais le Temple est situé plus haut !
    — C'était bien avant la construction de l'enclos de la Villeneuve, mon fils ! Je crois que cela remonte à Louis VI. Si je me souviens, l'abbé de Clairvaux était venu demander à Louis VI d'accorder un logis à deux templiers que Baudouin II, le roi de Jérusalem, avait envoyés en France. Ils cherchaient un toit pour créer une petite commanderie, avec une chapelle proche afin d'y prier Dieu, et voulaient être au bord de la Seine.
    « Le roi leur a proposé une maison voisine de l'église Saint-Gervais. Seulement les deux templiers ont été rejoints par d'autres et la maison est vite apparue trop petite ; aussi le roi a-t-il offert au Temple plusieurs jardins autour de la rue de la Verrerie, toujours dans le quartier Saint-Gervais que certains ont appelé plus tard le Vieux Temple. Il s'est créé là la première communauté templière avec ses murailles et ses tours. La tour du Pet-au-Diable, près du chevet de Saint-Jean-en-Grève, était aussi à eux 175 . Ce n'est que quelques décennies plus tard, manquant encore de place, que les templiers ont construit cette grande commanderie, en dehors des murailles, appelée la Villeneuve du Temple et qui est devenue l'enclos.
    — Pourquoi s'installer dans le quartier Saint-Gervais ? Il s'agit d'un quartier de marchands…
    — Parce que c'était près de la Seine ! Saint-Gervais était le siège de nombreuses confréries de marchands, en particulier celle des vendeurs de vin. Les templiers voyageaient beaucoup et entretenaient de nombreuses relations avec les négociants. D'ailleurs ils avaient d'autres activités
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