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Le retour

Le retour

Titel: Le retour
Autoren: Michel David
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punch de deux
    505
    heures, de trois
heures, de quatre heures et celui de cinq heures va être en retard de vingt
minutes. Maudit cybole!
     
    C'est la faute de
cette maudite chaise berçante, s'emporta-t-
    il. C'est pas
demain la veille que je vais me rasseoir là-dedans!
     
    Il s'élança hors
de la pièce en tenant sa poinçonneuse d'une main. Il courut d'un poste à
l'autre pour poinçonner tout en se demandant si la meilleure solution ne serait
pas d'échapper cette horloge gainée de cuir qu'il portait pour poinçonner. Il
pourrait la fracasser sur le plancher de ciment en mettant cela sur le compte
d'une maladresse. Le patron accepterait peut-être de le croire... Mais cela
n'effacerait pas la bande perforée révélant l'heure de chaque tournée
d'inspection. Il y renonça.
     
    Lorsqu'il parvint
à la porte d'entrée, il était près de cinq heures quarante. Ronald Bilodeau
l'attendait en battant la semelle depuis une dizaine de minutes.
     
    - Batèche!
Gérard, dormais-tu? demanda le gardien de jour en entrant dans le bâtiment.
J'étais en train de geler ben dur dehors.
     
    - Excuse-moi,
Ronald, j'ai été obligé d'aller aux toilettes en chemin, mentit Gérard en le
précédant dans la pièce.
     
    Comme chaque
matin, il prépara deux tasses de café et discuta avec son compagnon jusqu'à six
heures avant de quitter les lieux. Il rentra chez lui, rongé par l'inquiétude.
     
    Il était certain
que le patron allait se rendre compte qu'il avait raté des inspections durant
la nuit puisqu'il disait toujours vérifier les cartes poinçonnées de la
machine.
     
    Dès l'arrivée de
Gérard à la maison, Laurette, mal réveillée, ne sembla pas remarquer Pair
sombre de son mari. Gérard refusa de déjeuner et se retira tout de suite dans
la chambre à coucher pour dormir.
     
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    Était-ce dû à sa
longue sieste de la nuit précédente? Il n'arriva pas à fermer l'oeil avant onze
heures. Quand il se leva vers une heure, il dîna sans aucun appétit et
s'enferma dans un profond silence après le repas. Sa femme finit par remarquer
son air maussade.
     
    - T'as ben l'air
bête à midi, lui dit-elle, intriguée. Est-
    ce qu'il y a
quelque chose qui marche pas?
     
    - Non. J'ai juste
mal à la tête, mentit Gérard.
     
    - J'espère que
t'es pas en train de couver quelque chose, toi.
     
    - Ben non. Je
suis juste fatigué, répliqua son mari, agacé. Je dors mal depuis deux ou trois
jours. En plus, je dois partir plus de bonne heure que d'habitude aujourd'hui
pour aller faire mon paiement pour la télévision chez Living Room.
     
    Laurette se leva
pour aller porter dans les chambres les vêtements fraîchement lavés qu'elle
venait de trier et de plier. Depuis quelques semaines, elle avait trop mal aux
jambes pour effectuer ce travail debout.
     
    Vers trois
heures, Gérard quitta la maison, la mine basse, torturé par l'inquiétude. Il
s'arrêta quelques minutes au magasin d'ameublement pour payer la mensualité du
téléviseur avant de monter à bord d'un tramway.
     
    Il se présenta
chez Elroy soixante minutes avant l'heure habituelle. Lorsqu'il poussa la porte
de ce que le patron appelait un peu pompeusement "le poste de garde",
Ronald Bilodeau l'accueillit avec un sourire narquois.
     
    - Dis-moi pas que
tu t'ennuyais chez vous, fit-il en se levant pour effectuer sa dernière tournée
de la journée. Le café est sur le poêle. Gêne-toi pas pour te servir.
     
    Gérard attendit,
les mains moites, que le patron fasse irruption dans la pièce pour le convoquer
à son bureau.
    Rien ne se passa.
Bilodeau revint, discuta quelques minutes avec lui avant de partir. L'édifice
se vida des employés et,
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    comme chaque
soir, Gérard se retrouva seul dans l'immeuble silencieux.
     
    Ce soir-là, une
sorte d'étrange euphorie s'empara de lui. Il était heureux. Henri Boileau ne
s'était rendu compte de rien et il jouissait d'une seconde chance. Maintenant,
il allait prendre les moyens pour ne jamais plus succomber au sommeil, même
s'il devait marcher toute la nuit pour se tenir éveillé. Après minuit, quand il
sentit ses paupières s'alourdir, il but de nombreuses tasses de café et marcha
de long en large dans la pièce.
     
    Au petit matin,
c'est un Gérard Morin au bord de l'épuisement qui alla ouvrir la porte au
gardien de jour. Il rentra chez lui de bien meilleure humeur que la veille,
s'informa si Jean-Louis avait trouvé un emploi et alla se coucher après avoir
avalé deux
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