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Le retour

Le retour

Titel: Le retour
Autoren: Michel David
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heures.
     
    - Bon! Où est-ce
qu'elle est partie, elle? demandât-
    elle à mi-voix en
chaussant ses pantoufles et en sortant de la chambre à coucher.
     
    481
    Elle s'était
inquiétée pour rien. Elle découvrit Lucille Morin, habillée, en train de se
bercer paisiblement dans la cuisine. Gérard était assis dans l'autre chaise
berçante et discutait avec sa mère. Laurette s'empressa d'allumer sa première
cigarette de la journée et se prépara une tasse de café avant de demander sans
préciser à qui elle s'adressait exactement:
     
    - Est-ce que ça
fait longtemps que vous êtes debout?
     
    - Depuis une
demi-heure, répondit son mari.
     
    - Depuis huit
heures, fit sa belle-mère. Quand j'ai vu que personne se levait, je me suis
préparée à déjeuner.
     
    Encore une fois,
Laurette était stupéfaite de constater à quel point la mère de son mari était
lucide au début de la journée. Mais elle savait maintenant qu'avec la fatigue,
cette lucidité céderait progressivement la place à la plus complète confusion.
     
    - Dans quelques
minutes, madame Morin, je vais vous servir votre réveillon de Noël que vous
avez pas pu manger la nuit passée parce que vous vous êtes endormie.
     
    - C'est dommage,
reconnut la vieille dame. J'aurais bien aimé être capable de veiller.
     
    Jusqu'au milieu
de l'après-midi, le téléphone sonna à trois ou quatre reprises dans la cuisine
des Morin. Chaque fois, Jean-Louis se précipita sur l'appareil pour répondre.
     
    - Veux-tu ben me
dire, bonyeu! pourquoi tu te garroches comme ça sur le téléphone? finit par lui
demander sa mère, intriguée. Attends-tu un coup de téléphone?
     
    - Ben non, m'man.
     
    Mais il était
évident que le jeune homme mentait.
     
    Laurette devina
qu'il devait attendre un signe de vie de son Jacques Cormier. Malheureusement pour
lui, il ne s'agissait que d'appels de Pierre Crevier, d'Armand et de Bernard
Brûlé.
     
    482
    Vers trois
heures, Laurette et son mari décidèrent de ramener Lucille à l'hospice et de
poursuivre leur chemin jusque chez Marie-Ange et Bernard où ils étaient certains
de retrouver Armand et sa petite famille. Marie-Ange refusait obstinément de
mettre le nez dehors depuis la naissance de son Germain de crainte qu'il
attrape un microbe. Quand Laurette apprit à ses deux frères et à ses
belles-soeurs son cadeau de Noël, tous manifestèrent bruyamment leur
enthousiasme.
     
    - Aïe! On rit
pas, dit Pauline Brûlé, un rien envieuse.
     
    Une télévision!
Vous êtes les premiers de la famille à en avoir une.
     
    - Je suis à la
veille d'en acheter une, déclara le gros Bernard.
     
    - Il en est pas
question, trancha sèchement sa femme.
     
    As-tu envie que
le petit devienne aveugle à regarder ça?
     
    J'ai entendu
quelqu'un dire au radio que c'était dangereux de devenir aveugle si on
regardait ça.
     
    - Ton bonhomme a
dit n'importe quoi, répliqua Laurette, aussi catégorique. Ça fait des années
qu'ils ont la télévision aux États-Unis. Si c'était dangereux, les Américains
en vendraient pas.
     
    Ensuite, les
femmes se mirent à parler des enfants pendant que les hommes discutaient de la
saison extraordinaire que le Canadien de Montréal était en train de connaître
avec des as compteurs comme Maurice Richard, Jean Béliveau et Bernard
Geoffrion. Finalement, Bernard, amateur inconditionnel de tous les types de
sports, tenta même de persuader son frère Armand et son beau-frère de
l'accompagner au gala de boxe qui allait être présenté au Palais des sports à
la mi-janvier.
     
    Vers cinq heures,
Laurette fit signe à son mari qu'il était temps de songer à partir.
     
    483
    - Vous restez à
souper, déclara Marie-Ange. Pauline nous a apporté des tourtières et j'ai une
belle fesse de jambon.
     
    - T'es ben fine,
dit Laurette, mais les enfants sont tous à la maison et ils ont hâte que
j'allume notre nouvelle télévision.
     
    Quelques minutes
auparavant, le curé Perreault avait garé sa Buick dans le garage du presbytère.
L'ecclésiastique revenait d'un dîner bien arrosé offert par l'un dé ses frères
et il sentait que son estomac avait du mal à digérer. Alors, au lieu de monter
à l'étage pour aller lire son bréviaire, il décida de sortir à l'extérieur pour
marcher un peu pour faciliter sa digestion.
     
    Il ferma derrière
lui la porte du garage et marcha jusqu'au coin de la rue avant de tourner à
droite, bien décidé à se rendre jusqu'à la rue Dufresne. Au
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