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Le retour

Le retour

Titel: Le retour
Autoren: Michel David
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pas un
restaurant. Ça me surprendrait pas pantoute qu'il ait mangé des hot-dogs en
plein vendredi, à part ça. S'il a fait ça, il va aller se confesser.
     
    Après avoir
complété sa septième année avec des hauts et des bas, le plus jeune de ses fils
s'était lancé sur le marché du travail avec une énergie remarquable. Il avait
d'abord cru que son oncle Rosaire l'emploierait comme vendeur de voitures dans
son garage, mais ce dernier lui avait fait comprendre qu'un vendeur de quatorze
ans ne ferait pas sérieux. Le mari de sa tante Colombe l'avait toutefois
conservé à son emploi le samedi pour déneiger et laver les voitures en montre
dans son entreprise. Après avoir travaillé plus d'un an chez Wilson à la
livraison du charbon, il avait eu un véritable coup de chance en décrochant un
travail chez Impérial Tobacco de la rue Ontario. Le père d'un copain, employé
par le fabricant de cigarettes depuis plus de vingt ans, avait intercédé en sa faveur.
Dans le quartier, bien peu d'employeurs jouissaient d'une aussi bonne
réputation. Ses employés étaient bien traités, le salaire était fort acceptable
et, de plus, on donnait à chacun un paquet de cigarettes Export chaque jour.
Depuis, le jeune homme, qui venait d'avoir seize ans, prenait des airs
affranchis et se tenait de plus en plus avec quelques
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    collègues de
travail plus âgés que lui, ce qui était loin de plaire à sa mère.
     
    - Vous avez le
temps de souffler un peu avant que le souper soit prêt, annonça Carole à sa
mère en s'activant, debout devant le comptoir.
     
    Laurette ne se
fit pas prier pour s'asseoir quelques minutes dans sa chaise berçante placée
sous le téléphone noir fixé au mur. Elle tourna la tête pour regarder par
l'unique fenêtre de la cuisine. La contre-fenêtre poussiéreuse était encore en
place et la vitre de la porte arrière n'était guère plus propre.
     
    - Il va ben
falloir se décider à ôter les châssis doubles et à sortir les jalousies du
hangar, dit-elle comme si elle se parlait à elle-même. Les vitres sont
tellement sales qu'on a de la misère à voir dehors. Si ton père était dans la
maison, ça ferait au moins quinze jours que les châssis doubles auraient pris
le bord.
     
    Carole ne dit
rien.
     
    Sa mère se leva
pour mieux voir à l'extérieur. Sa vue était partiellement obstruée par
l'escalier qui conduisait à l'appartement des Gravel, les locataires qui
vivaient à l'étage. Quelques papiers voletaient dans la cour minuscule au sol
en terre battue cernée par une clôture en planches grises qui ne portait plus
aucune trace de peinture depuis belle lurette. Au-delà, elle aperçut quelques
enfants en train de jouer dans la grande cour commune de la demi-
    douzaine de
vieilles maisons de la rue Notre-Dame dont elle n'apercevait que l'arrière
décrépit. Tout était gris et déprimant malgré le soleil qui commençait à
descendre à l'horizon.
     
    Laurette tourna
la tête pour examiner sa cuisine sur laquelle ouvraient la porte de la chambre
des filles et celle qui conduisait à la cave. La pièce aurait bien eu besoin
d'une nouvelle couche de peinture jaune ou, tout au moins,
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    d'un bon lavage.
On s'y sentait à l'étroit. Le centre de la pièce était occupé par une longue
table recouverte d'une nappe cirée et cernée par sept chaises inconfortables en
bois. Un gros poêle à huile, un réfrigérateur Bélanger et deux chaises
berçantes encombraient le peu d'espace restant. Elle pouvait voir la fournaise
installée dans un renfoncement de l'étroit couloir qui menait à la porte avant
de l'appartement.
     
    Quatre portes
ouvraient sur le couloir. À gauche, on trouvait la minuscule salle de toilettes
et la chambre occupée par Laurette, encombrée par le mobilier de chambre à
coucher massif, cadeau de noces offert par ses parents.
     
    A droite, on
trouvait une chambre double. Jean-Louis occupait la pièce en face de celle de
ses parents. L'une et l'autre étaient dotées d'une fenêtre qui s'ouvrait à
quelques pieds au-dessus du trottoir de la rue Emmett. La chambre sans fenêtre
était le refuge de Gilles et de Richard et on y remisait, de plus, la vieille
laveuse Beatty dans laquelle on déposait le linge sale de la famille tout au
long de la semaine.
     
    Il n'y avait pas
de salon chez les Morin. La pièce avait dû être transformée en chambre à
coucher lors de la naissance du cinquième enfant.
     
    Laurette eut un
mince sourire appréciateur à la vue
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