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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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et développements d’une échauffourée le souciaient peu pourvu qu’il y tuât des hommes.
    – Ces malandrins, dit-il, je les voudrais trouver en fin de matinée, quand le soleil sera haut afin qu’on ne l’ait pas dans la goule.
    Il semblait, cependant, n’éprouver rien. Ni anxiété ni impatience. Il aimait la guerre et ses hideurs comme d’autres aimaient l’amour et ses beautés. Il ne se plaignait pas que les hasards d’une bataille, tout en meurtrissant des compères, en fissent durer le plaisir. Occire était sa loi, sa lame était son sceptre. Dans une mêlée, sa lucidité devait prendre des proportions extraordinaires – comme sa méchanceté. Sitôt l’épée en main, rien ne pouvait lui échapper – surtout ceux qu’il affrontait. Il voyait sa renommée écrite dans les yeux de ses adversaires. Les impudents qui se risquaient à l’affronter apprenaient à leurs dépens qu’il savait escrémir (542) .
    – Il me plaira de te voir à l’ouvrage.
    – Il me plaira de t’y voir aussi, répondit Tristan, affable.
    Soudain l’idée lui vint qu’il pouvait périr dans une escarmouche sans importance. Le visage flou d’Oriabel apparut dans son esprit et Luciane l’y remplaça, plus nette. Il la portait en lui depuis l’aurore non pas comme un regret mais comme une anxiété insoumise à sa volonté. À cet émoi en l’occurrence malvenu s’ajoutait une crainte dont il se fut dispensé :
    « On meurt aussi dans ces petites et courtes batailles. On peut également hélas ! s’y faire prendre au corps… Je ne pourrais jamais acquitter ma rançon. »
    –  Tu penses à la male mort ?
    – Non, Guesclin. Je me dis que si je suis par malheur désarmé, la fuite sera préférable à la prison. Peux-tu comprendre que, moi, je ne veuille pas qu’on m’attrape ?
    Tristan vit le Breton tressaillir sur sa selle. Il avait fait mouche.
    – Parle point de ça ou je t’étripe 374 … Mais sache-le tout de même : au Pas d’Evran, les Goddons étaient moult plus nombreux que nous autres… À Juigné, ce couard de Guillaume de Craon et ses hommes ont guerpi, me trahissant !… Et puis qu’importe !… Mes rançons ont été payées ; le roi m’a nommé gouverneur de Pontorson… Il m’a donné la seigneurie de la Roche-Tesson. Je suis capitaine souverain pour le duché de Normandie… Jamais plus les Goddons ne me captiveront !… Et puis quoi, le Trésor a payé mes mérites…
    Outrecuidance encore. Il n’était que cela. Il devait coûter cher à la France. Rien n’était plus contraire, plus inutile, plus malsain pour le bon esprit de la chevalerie que le discours de cet homme.
    – Tu ne dis rien…
    – Parce que, Guesclin, je n’ai rien à dire.
    Une grosse main gantée de mailles s’agita :
    – Moi si !… Et je dis que la guerre est belle surtout quand je la fais avec mes parents dont la plupart sont avec nous : les frères Mauny et Beaumont, mes cousins ; Fralin de Husson, mon beau-frère ; Jean Goyon, Thibaud de la Rivière, Nicole Peynel, Raoul Tesson, Even Charruel, Olivier de Porcon…
    – Jean le Bouteiller, dit une voix, à l’arrière.
    – Bertrand de Saint-Pern ! cria un homme à l’avant.
    – Logeril ! gronda un autre, tout près.
    Guesclin sourit et poursuivit :
    – Jean Ruffier, Guillaume de la Chapelle, Olivier de Porcon…
    – Tu l’as déjà cité.
    – Soit : Roland de la Chesnaye, Jean Hongar et Olivier de Maillechat…
    –… qui doit avoir des griffes ! s’ébaudit Paindorge.
    Le Breton fit le sourd. Tristan le vit nicter 375 avant de sentir ses yeux s’enfoncer dans les siens. Il en soutint l’aiguillon.
    – Tu peux rire, Castelreng. Ce que j’ai déjà fait, tu ne le feras pas.
    – Je connais tes appertises en Normandie, à Rennes, à Melun… Je sais que récemment tu as pu t’emparer de Guillaume de Windesore.
    – Sais-tu sur qui je cherche à mettre la main ?
    – Comment le saurais-je ?
    Guesclin passa sur ses lèvres lippues un bout de langue à peine rose :
    – Sur Constance, la femme de Robert Knolles. Je sais qu’elle est dans ce pays… Quelle rançon, mais après que je l’aie offerte à quelques-uns de mes hommes 376  !
    – Que dirais-tu, si tu es marié, au cas où les Goddons feraient subir un pareil sort à ton épouse ?… J’imagine avec joie ton indignation !
    – Je ne suis point marié.
    – C’est pourquoi tes propos ne me surprennent guère… Moi, je pense aux

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