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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs
Autoren: Michel Zévaco
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bâton dans la main. Alors il entendit une voix qui lui disait :
    « Monsieur, vous avez du pain dans votre sac, plus dix écus d’argent. Vous avez devant vous un village où vous trouverez sans doute des âmes charitables. Allez, monsieur, allez… à la grâce de Dieu ! »
    Candiano, stupide d’horreur et de douleur, demeura immobile au milieu de la route et il entendit la voiture qui l’avait amené s’éloigner rapidement. Alors l’aveugle baissa la tête et un double flot de larmes se mit à couler de ses yeux sans regard…
    Roland s’était affaissé sur lui-même, évanoui, au moment de l’atroce vision du supplice infligé à son père.
    Ce ne fut qu’au bout de vingt longues minutes que Roland ouvrit les yeux et regarda autour de lui avec égarement.
    « Roland Candiano », appela Foscari.
    Le jeune homme lui jeta un regard étonné, sans répondre.
    « Roland Candiano, j’ai à vous transmettre les décisions du suprême conseil en ce qui vous concerne.
    – Voici Léonore, dit le jeune homme avec un sourire. Voyez, mon père, que de beauté, et c’est surtout le charme de sa grâce infinie qui me transporte…
    – Roland Candiano ! reprit le grand inquisiteur, l’émeute que vous avez provoquée avec la complicité de votre père est étouffée, grâce à Dieu et à notre énergie. Mais il est juste que vous soyez puni… Roland Candiano, le tribunal vous a fait grâce de la vie, sur les instances du noble Altieri… Roland Candiano, vous êtes condamné à la prison perpétuelle ! »
    Roland ne parut pas avoir entendu ces paroles.
    « Qu’on l’emmène ! dit Foscari.
    – Faut-il lui laisser ses chaînes ? demanda le geôlier.
    – Inutile !
    – En quel cachot faut-il le mettre ?
    – Mettez-le au numéro 17. »
    Les hommes qui entouraient Foscari étaient des êtres de fer, des cœurs de pierre… mais ils frémirent d’épouvante.
    Roland fut alors détaché. Un geôlier le prit par le bras et l’entraîna. Il n’opposa aucune résistance et se laissa conduire sans prononcer une parole. Seulement, lorsque le pont eut été franchi, lorsque le geôlier eut pénétré dans la prison, lorsqu’il eut fait descendre à son prisonnier trois étages de degrés usés, moisis, Roland se mit à grelotter et dit très doucement :
    « J’ai froid… j’ai bien froid !… »
    On descendit, on s’enfonça encore. Une atmosphère fétide roulait lourdement ses humides volutes dans ces sombres corridors.
    Enfin, le geôlier s’arrêta et lâcha le bras de Roland.
    Le malheureux se trouvait dans le cachot n° 17.
    Il était rayé de la liste des vivants.
    Sa pensée avait sombré dans le désastre de son bonheur.
    Il était fou. Il était comme mort…
    Le cachot n° 17 était une cellule assez vaste. Un étroit lit de camp était incrusté à l’un des panneaux de la muraille. En face la porte, vers le plafond, un soupirail coupé de barreaux de fer à pointes. Quelque part, sans qu’on pût préciser l’endroit, on entendait une sorte de clapotement monotone et sourd… c’était l’eau du canal… Il faisait noir, il faisait froid, et à part le clapotement de l’eau glissant sur les pierres extérieures de la prison, on n’entendait rien…
    q

Chapitre 7 LE BANDIT
    U ne scène rapide s’était déroulée sur la place Saint-Marc au moment où la mère de Roland s’était jetée dans la foule, au plus épais de la mêlée. On la vit furieuse, échevelée, qui montrait le palais en criant des choses que nul n’entendit.
    D’instinct, Silvia avait couru à l’endroit où l’on criait le plus fort : « Vive Roland Candiano ! » Là, une vingtaine d’hommes déguenillés, noirs de poussière et de sueur, hurlant, se démenant, reculaient peu à peu en tenant tête aux soldats. Parmi eux, un colosse qui semblait leur chef faisait une terrible besogne.
    Soudain, un homme qui avait rampé de groupe en groupe s’approcha du géant et lui dit :
    « Inutile de continuer, Scalabrino !… Tu vois que tout est fini et que le peuple fuit de toutes parts.
    – Et monseigneur Roland ? demanda-t-il.
    – Sois tranquille sur son compte, Il a obtenu maintenant ce qu’il voulait – grâce à toi, Scalabrino.
    – Alors, il faut nous en aller ?…
    – Oui, oui, tout est fini !… Ah ! attends ! »
    L’homme venait d’apercevoir Silvia qui s’avançait.
    « Tu vois cette femme ? fit-il. La reconnais-tu ?
    – Non !
    – Cent écus pour toi
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