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Le médecin d'Ispahan

Le médecin d'Ispahan

Titel: Le médecin d'Ispahan
Autoren: Noah Gordon
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hakim eut tôt fait de vider le seau et de le laver à
fond, si bien que les marins surpris cessèrent de l'injurier.
    Le lendemain,
le filet se remplit de poissons frétillants. Enfin, le hareng ! Quand le
bateau fut plein, on regagna la côte pour vendre la pêche aux marchands. Et ce
fut ainsi chaque jour. Les mains de Rob devinrent douloureuses puis
s'endurcirent ; il apprit à réparer le filet. Le quatrième jour, ses
nausées avaient disparu pour ne plus revenir et il se promit de le dire à Tarn.
Nee avait le sourire et confiait à Aldus que ce Jonsson leur portait chance.
Dans les ports où ils abordaient, il offrait à son équipage un repas chaud et
tous trois s'attardaient le soir, à boire et à chanter. Rob apprit beaucoup de
couplets obscènes pendant son apprentissage de marin.
    « Tu
ferais un bon pêcheur, lui dit Nee. Nous restons cinq ou six jours à Eyemouth
pour réparer les filets puis nous retournons à Middlesbrough. Veux-tu rester
avec nous ? »
    Rob remercia,
content de l'offre, mais il les quitterait, dit-il, à Eyemouth. C'était un joli
port, animé, où ils arrivèrent peu de jours après. Nee le paya de quelques
pièces et d'une claque dans le dos. Sachant qu'il cherchait une monture, il le
mena chez un honnête marchand de la ville qui lui recommanda une jument et un
hongre. La jument était plus avenante.
    « J'ai
déjà eu un hongre qui m'a fidèlement servi », dit Rob en choisissant
celui-ci, qui avait deux ans et semblait alerte et vigoureux.
    Il installa
son bagage derrière la selle, monta vivement et quitta Nee en lui souhaitant
bonne pêche.
    « Dieu te
garde, Jonsson », dit le marin.
     
    Rob s'entendit
très bien avec son cheval, qu'il appela Al Borak comme celui qui, selon les
musulmans, porta Mahomet de la terre au septième ciel. Chaque jour, au plus
chaud de l'après-midi, il tâchait de s'arrêter près d'un lac et d'une rivière
pour baigner le hongre et démêler sa crinière. La bête semblait infatigable,
les routes s'asséchaient et il voyageait plus vite. Le bateau l'avait mené
au-delà des régions familières et tout lui paraissait plus intéressant dans ce
paysage nouveau pour lui. Il suivit cinq jours le cours de la Tweed puis la
laissa pour entrer plus au nord dans un pays de landes coupées d'escarpements
rocheux, où la fonte des neiges gonflait encore les cours d'eau.
    Les fermes
étaient rares et dispersées, grandes propriétés ou modestes domaines, presque
toujours bien tenues, au prix d'un dur travail. Il fit souvent résonner la
corne saxonne sans s'attirer de réactions hostiles chez les fermiers pourtant
vigilants. En observant le pays et ses habitants, il y déchiffrait pour la
première fois certains aspects du caractère de Mary. Il ne l'avait pas vue
depuis de longs mois. Ce voyage n'était-il pas une folie ? Peut-être
avait-elle maintenant un nouveau compagnon.
    Cette terre
accueillante aux hommes était aussi celle des moutons et des vaches. Si le
sommet des montagnes restait aride, la plupart des pentes offraient de riches
pâturages. Tous les bergers avaient des chiens que Rob apprit à craindre. Non
loin de Cumnock, il s'arrêta pour demander dans une ferme l'autorisation de
dormir sur le foin de la grange, et il apprit que la veille la fermière avait
eu un sein arraché par un chien.
    « Dieu
soit loué ! » s'écria le mari en apprenant que Rob était médecin.
    C'était une
femme robuste avec de grands enfants. Elle était folle de douleur ; la
bête l'avait attaquée sauvagement et mordue comme un lion.
    « Où est
le chien ?
    – Il n'existe
plus », dit le fermier d'un air sinistre.
    Ils firent
avaler à la blessée de l'alcool de grain qui la fit suffoquer mais l'aida à
supporter l'opération. Rob coupa les chairs déchiquetées, recousit la plaie.
Elle aurait survécu de toute manière ; les soins assurèrent sa guérison.
Au lieu de suivre un jour ou deux l'état de la patiente, il resta une semaine
et finit par se rendre compte, un matin, que parvenu tout près de Kilmarnock,
il redoutait l'issue du voyage.
    Le fermier lui
indiqua le chemin et, deux jours plus tard, il avait encore l'accident présent
à l'esprit quand surgit devant son cheval un grand chien qui défendait le
passage en grondant. Il allait tirer son épée mais le berger rappela l'animal
et dit à Rob quelques mots en erse
     « Je ne
comprends pas votre langue.
    – Vous êtes
sur la terre des Cullen.
    – C'est là que
je vais.
    – Ah
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