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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier
Autoren: Frédéric Hulot
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matérialiser quelques-unes de ses idées. Frappé par la vitesse avec laquelle l'incendie s'était propagé, en 1751, dans la grande écurie, il remplaça systématiquement les parquets par des carrelages et les poutres de soutènement des toitures par des voûtes en brique incombustibles.
    Il put faire au roi une démonstration de l'efficacité du système plutôt révolutionnaire. En juillet 1762, Louis XV visita les nouveaux locaux dont l'élégance architecturale et le caractère rationnel des installations faisaient l'admiration de tous. À cette occasion, Berthier, en plein accord avec Choiseul, prit un risque terrible. Il fit volontairement mettre le feu à un étage supérieur. L'alarme ayant été donnée, Berthier, devant le roi, donna quelques ordres et l'incendie fut éteint en quatre minutes. Sans doute tout avait été prévu pour que l'intervention fût à la fois rapide et efficace et la célérité avec laquelle les sauveteurs avaient agi avait empêché la température du foyer de trop monter. La démonstration n'en était pas moins remarquable et le roi fut favorablement impressionné. Ces superbes bâtiments existent toujours. Situés à Versailles, rue de l'Indépendance américaine, ils sont utilisés par l'armée et la ville qui y a installé une bibliothèque. Des plaques discrètes en rappellent l'affectation d'origine.
    Louis XV ne pouvait rester insensible au prodigieux travail de Berthier. L'année suivante, il le nomma « géographe en chef des camps et armées du roi », ce qui en faisait le commandant de ce corps remarquable. Il le promut gouverneur des trois hôtels qu'il avait construits et le fit accéder à la noblesse héréditaire, le désir secret de tout bourgeois et fut ainsi pourvu d'armoiries « d'azur à 2 épées d'argent garnies d'or passées en sautoir, les pointes en haut accompagnées d'un soleil d'or au chef et de 3 coeurs d'or, en flammes de gueule et posés 2 au flanc de l'écu et l'autre à la pointe ; timbré d'un casque de profil orné de ses lambrequins d'or, d'azur, d'argent et de gueule ».
    L'attribution de ces armes comportait une rosserie car, de par leur complexité même, elles montraient suffisamment la nouveauté de l'anoblissement.
    Qu'importait ! De plus, Berthier reçut un traitement de 12 000 livres avec reversion de la moitié à sa femme en cas de décès. Ce fut à peu près à cette époque qu'il fit peindre son portrait et celui de sa femme. Seuls des gentilshommes capables de mener un certain train de vie pouvaient s'offrir un tel luxe.
    À ce moment, Jean-Baptiste qui était lieutenant-colonel aurait pu se cantonner dans son rôle, au demeurant très important, de commandant du corps des ingénieurs géographes. Mais, en 1764, à la demande de Choiseul, il dressa la carte de la forêt d'Amboise où le ministre possédait un château et avait fait construire une très curieuse pagode. Le travail fut mis sous les yeux de Louis XV qu'il intéressa prodigieusement. Grand veneur, le roi ne disposait pour ses chasses en forêt de Rambouillet que d'une vieille carte fort incomplète peinte sur un mur. Il demanda donc à Berthier de lui en établir une. La dresser, la faire imprimer en 36 feuilles, prit moins d'un an. Le résultat était remarquable. Pour le remercier, le roi le promut l'année suivante dans l'ordre de Saint-Michel, le deuxième du royaume par son importance. Puis il lui demanda de continuer son oeuvre en s'attaquant aux forêts de Versailles, des Alluets, de Marly, de Saint-Germain et de Sénart ainsi qu'aux bois de Boulogne et de Vincennes.
    C'était un projet de longue haleine auquel s'attaquèrent Berthier et une importante équipe. Commencé sous Louis XV, poursuivi sous Louis XVI, qui grand amateur de cartographie y porta toute son attention, il fut interrompu au moment de la Révolution alors qu'il était très avancé.
    Gentilhomme, proche du roi, Jean-Baptiste ne pouvait qu'être suspect aux suppôts de la Révolution. Aussi fut-il rapidement relevé de son poste de commandant en chef des ingénieurs géographes. Veuf depuis 1783, il s'était remarié en 1791 et trouva prudent d'aller se réfugier à Boynes près de Pithiviers, dans le Loiret, où sa seconde femme avait une propriété. Il y aurait sans doute terminé ses jours si son fils aîné devenu ministre de la Guerre n'avait été le rechercher en 1800 – alors qu'il avait 79 ans – pour le remettre à la tête du corps des géographes afin de mener à son terme
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