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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier
Autoren: Frédéric Hulot
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l'usurpateur, alors que Berthier ne croyait s'engager que vis-à-vis de la France. Il en fut un autre mais plus secret, jamais formulé et qui pourtant pesa sur l'attitude du roi. Avant la Révolution, Grosbois avait été une propriété du comte de Provence (le futur Louis XVIII). Confisquée après l'émigration, elle avait été successivement acquise par Barras, Moreau puis Fouché, avant de devenir le bien de Berthier. Certes, le roi, tout à sa politique de conciliation entre ancienne et nouvelle noblesse, évita de chercher querelle à cette dernière et à aucun moment ne fit pression pour récupérer Grosbois. Mais, si Berthier avait cru devoir lui en faire don ou, à la rigueur, proposé de le lui revendre, il eût accepté sans hésiter !
    Le nouveau régime ménagea donc le maréchal et en fit un capitaine d'une des compagnies de gardes du corps, poste honorifique très important, mais qui avait quelque chose de dérisoire lorsqu'on le comparait à ses anciennes fonctions. Lors du retour de l'empereur, personne ne songea à faire appel à ses talents pour organiser la résistance. Lui, qui connaissait tous les maréchaux, n'eût pas hésité à désigner des camarades comme Oudinot, Gouvion-Saint-Cyr, Augereau ou Marmont qui auraient probablement réussi à arrêter Napoléon, là où d'autres échouèrent. Le roi ne lui sut même pas gré de l'avoir suivi à Gand et, à partir de ce moment, la vie d'Alexandre ne fut plus qu'un long calvaire où, pris entre son honneur et son devoir, il se trouva enfermé dans une voie sans issue.
    Cet homme bien élevé, poli, doux, calme, parce qu'il était l'exécuteur des ordres du « patron » et qu'il se devait de s'enfermer dans une rigidité absolue, fut peu aimé des autres maréchaux et autres officiers généraux à quelques exceptions prés. Sa fin tragique et solitaire ne contribua même pas à le rendre plu sympathique à ses contemporains.
    Peu d'historiens, même en passant, se sont intéressés à sa personnalité qu'en général ils ne comprirent pas et ce ne fut jamais pour défendre sa mémoire. Et pourtant, sans lui, qu'aurait fait Napoléon ? C'est grâce au prodigieux travail de Berthier secondé par les officiers de l'état-major général que le général Bonaparte puis l'empereur put disposer d'armées entraînées, équipées et prêtes à entrer en campagne. En 1800, avant Marengo, ces hommes réussirent à créer une armée en quelques semaines à partir d'à peu près rien. Et une fois sur le terrain, si les combinaisons imaginées par Napoléon purent se matérialiser, ce fut parce que ses ordres souvent confus étaient rédigés de façon claire et transmis sans défaillance… et c'était encore l'oeuvre de Berthier et de son équipe.
    Le travail d'organisation des états-majors auquel il se livra sans désemparer pendant tant d'années a porté ses fruits et le service d'état-major pendant tout le restant du xix e siècle et une bonne partie du xx e lui dut le plus gros de ses traditions. Sans doute les données des problèmes furent-elles modifiées avec l'apparition de moyens modernes de transmissions et de transports, mais l'esprit qui présidait à l'organisation générale en plusieurs bureaux porte encore la marque de Berthier. Aussi, lorsqu'en 1818 le ministre de la Guerre, le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, réorganisa le corps d'état-major, il le fit en restant fidèle dans les grandes lignes aux principes de Berthier.
    Celui-ci eut la chance ou le talent de savoir choisir pour le seconder des officiers de grand mérite. Mais, contrairement à ce que certains ont pu penser et même écrire, ce n'étaient pas avant tout des bureaucrates plus attachés à leur porte-plume qu'à leur sabre. Ils montrèrent en plus d'une occasion qu'ils étaient des hommes de guerre. Leur chef le fut autant et plus qu'eux qu'elle qu'ait pu être à ce sujet la perfidie du général Thiébault. C'est donc sous l'image martiale d'un soldat que doit apparaître le maréchal Berthier !

    La Bûcherie, 2006

ANNEXE
    ÉTATS DE SERVICE DU MARÉCHAL BERTHIER
    1764 : Admis à l'école royale du génie de Mézières 1766 : Ingénieur géographe des camps et armées du roi 1772 : Lieutenant d'infanterie 1776 : Muté dans les dragons 1777 : Capitaine 1780 : Gouverneur des hôtels de la guerre et de la marine 1781 : Sous-aide maréchal général des logis (armée de Rochambeau) 1783 : Adjoint à l'état-major de l'armée 1787 : Aide maréchal général des logis
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