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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon
Autoren: Collectif
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qu’il avait acquis en Mandchourie, et reconnut l’existence d’intérêts politiques, économiques et militaires japonais en Corée. La Russie, en outre, cédait à Tokyo le contrôle de la moitié méridionale de l’île de Sakhaline.
    Malgré ces succès, le traité de Portsmouth fut accueilli avec amertume et colère par l’opinion publique japonaise, qui avait largement soutenu le conflit. Les sacrifices humains et matériels de la population avaient été selon elle bradés par les politiciens. Un million trois cent mille soldats avaient été mobilisés, plus de 80 000 d’entre eux étaient morts et 450 000 blessés, tout cela pour des gains jugés dérisoires. En outre, la Russie ne verserait pas d’indemnités de guerre au Japon. Or le conflit avait coûté l’équivalent de six années de budget national. Le nationalisme japonais était frustré de sa victoire.
    La furie populaire explosa dès le jour de la signature du traité de paix. Les émeutes débutèrent au parc Hibiya, à Tokyo. La foule s’en prit à tout ce qui symbolisait le défaitisme des dirigeants. Postes de police, journaux progouvernementaux, domiciles ministériels furent attaqués et incendiés. Les heurts s’étendirent rapidement à l’ensemble du territoire, et, le 7 septembre, le gouvernement dut instaurer l’état d’urgence dans les grandes villes du pays.
    L’ordre fut rétabli quelques semaines plus tard. Le choc, toutefois, avait été rude. Pour la première fois, le Japon avait été secoué par un mouvement populaire d’ampleur nationale.
    Le « peuple » faisait une entrée fracassante sur la scène publique.

    À l’étranger aussi, la guerre russo-japonaise avait éveillé les passions. Des Juifs de Russie aux Arabes de l’Empire ottoman, de l’Indien Nehru au Chinois Sun Yat-sen, la victoire inattendue du Japon sur la puissance russe avait enthousiasmé foules et dirigeants à travers le monde, et insufflé espoir aux populations soumises. Les empires étaient vulnérables, la libération était possible…
    C’est une tout autre conclusion qu’il fallait tirer. Si l’emprise russe avait été ébranlée, la guerre de 1904 allait être le point de départ de l’expansionnisme japonais. Dès novembre 1905, la Corée devint protectorat japonais, avant d’être purement et simplement annexée en 1910. Le Japon n’eut plus qu’un objectif : le maintien et l’élargissement de son empire.

La vérité sur le « miracle » économique
    L’Histoire  : Quel est l’état de l’économie japonaise au moment de la capitulation ?
    Sébastien Lechevalier  : Environ 3 millions de Japonais sur 73 millions (en 1940) sont morts dans le conflit. Quant aux pertes matérielles, on estime en général qu’un quart des actifs physiques (les immeubles, les usines, les infrastructures, etc.) ont été démolis. La destruction des villes (Hiroshima et Nagasaki bien sûr, mais aussi la plupart des grandes villes comme Tokyo, Ôsaka et Nagoya) a été particulièrement dramatique. Cela fait régresser le Japon à peu près au niveau de 1935.
    Pourtant, d’un point de vue purement économique, le bilan des années de guerre n’est pas entièrement négatif. Les besoins de production d’armes ont conduit à la forte croissance des usines et des équipements dans les industries lourdes (notamment acier et chimie). Par exemple, la capacité de production d’acier était de 3 millions de tonnes en 1937 et elle est montée jusqu’à 6,6 millions de tonnes pendant la guerre ; à la fin du conflit, 5,6 millions de tonnes étaient encore en place, malgré les destructions. Dans le même temps, la main-d’œuvre spécialisée a été préservée.
    C’est pendant le conflit que l’économie japonaise a acquis ses caractéristiques d’après-guerre. 1) L’habitudede faire appel à la sous-traitance, notamment dans les industries de machinerie et d’équipement, assure la souplesse et la réactivité au système. 2) La mise en place, en 1943, d’un système spécifique de financement stable, centré sur une banque principale, pour les entreprises produisant des munitions, est à l’origine de l’institutionnalisation de la banque principale après guerre 80 . 3) La forte intervention de l’État a perduré après-guerre, sous la forme atténuée du « contrôle administratif », le fameux MITI (ministère de l’Industrie et du Commerce). Ces trois éléments font partie des clés du miracle
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