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Le Japon

Le Japon

Titel: Le Japon
Autoren: Collectif
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tremblement de terre du Kantô qui avait fait plus de 140 000 morts à Tokyo et dans sa région, des excités s’en étaient pris aux travailleurs étrangers, et avaient déclenché de véritables pogroms : plus de 6 000 Coréens et quelques centaines de Chinois accusés d’empoisonner les puits avaient été lynchés par des « sauveteurs » armés de crocs à incendie, tandis que plusieurs leaders anarchistes et syndicalistes étaient égorgés dans des commissariats de police. La barbarie était au rendez-vous de la peur provoquéepar le séisme et les incendies. Dieu merci, rien de tel dans le Japon d’aujourd’hui.
    Les bouleversements subis par le pays depuis la dernière guerre n’ont pas entamé l’extraordinaire capacité de solidarité et d’intégration des normes sociales que savent manifester les gens ordinaires de ce pays. Et du coup, c’est peut-être la première grande leçon à tirer de ce peuple dans l’épreuve. Malgré la haute croissance des années 1960 qui a remodelé le pays de fond en comble, malgré l’entrée du Japon dans l’ère technologique, malgré les difficultés du pays aujourd’hui, le lien social tient, la société résiste et ne se délite pas, le pays garde sa cohésion.
    De cette capacité à tenir face à la catastrophe, il faudra sans doute tirer une leçon, positive celle-ci et gage d’avenir. C’est là, la « force cachée » du peuple japonais, celle qui sans doute lui permettra de se relever.

I
    LA VOIE JAPONAISE

« Un petit pays, manquant de ressources et surpeuplé »
Trois idées reçues sur le Japon
    Avec ses 6 852 îles, ses 108 volcans actifs et ses petites plaines, le Japon fait partie des pays où la géographie semble contraignante. Mais la géographie n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se fait aussi. Le Japon n’échappe pas à la règle. Que n’a-t-on écrit sur ce qui serait « le manque d’espace » ou « l’absence de matières premières » dans ce pays ? Sur l’insularité censée imposer des « frontières naturelles », susciter un sentiment national fort et précoce, favoriser un État puissant et centralisé qu’incarne une dynastie impériale ancienne et ininterrompue ? Quels peurs et fantasmes n’a-t-on pas suscités avec les discours sur la « surpopulation » ?
    Tout n’est pas complètement faux dans cette accumulation. Mais, à s’y complaire, on risque de rater l’essentiel. Il s’agit de comprendre la dynamique d’un milieu où, comme l’a bien montré le géographe Augustin Berque, l’interrelation entre le naturel et le socioculturel s’effectue dans un constant va-et-vient.
    La munificence du milieu et la diversité géohistorique des situations relèvent de ce qu’on pourrait appeler le monde japonésien, c’est-à-dire un ensemble insulaire où s’est développée une civilisation originale. La « Japonésie » (des mots « Japon » et nesos , « île » en grec) est organisée autour d’un archipel complexe, à lafois guirlande insulaire et poussière d’îles sur plus de 3 000 kilomètres, des latitudes subpolaires aux latitudes subtropicales. Il est formé de 6 852 îles selon la comptabilité officielle de 1987 (sur la base d’un pourtour côtier supérieur ou égal à 100 mètres), dont 430 environ sont habitées. De tout cela résultent des milieux géophysiques et écologiques extrêmement variés, support de sociocultures d’origines diverses : malayo-polynésiennes (comme dans les îles océaniques), ouralo-altaïques (les populations de langues parlées par les Mongols ou les Mandchous), ou sinisées.
    Le cœur de l’archipel est structuré par un ensemble de trois puis quatre grandes îles, le « bloc centralinsulaire » ou « Mainland » (Hondo) : Honshû, Kyûshû, Shikoku puis Ezo/Hokkaidô, plus tardivement intégré dans ce centre. Il est entouré par une périphérie « surinsulaire », comprenant plusieurs centaines d’« îles éloignées » (ritô) caractérisées par « l’insularité au carré ».
    La périphérie surinsulaire démarque le Hondo des espaces voisins, notamment de la péninsule coréenne et du continent eurasiatique. Ses frontières ont bougé dans l’histoire : des petites îles comme dans les Ryûkyû, au statut politique et à l’appartenance socioculturelle variables, font office de sas ou de barrières. La piraterie, qui régna du X e  siècle jusqu’à la fin du XVI e  siècle dans
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