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Le Huitième Péché

Titel: Le Huitième Péché
Autoren: Philipp Vandenberg
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bénit, un crucifix en laiton de quinze centimètres de large sur vingt-cinq de haut, des sangles achetées dans un magasin d’accessoires d’automobiles et un livre format in-octavo, relié de maroquin rouge sur lequel figurait en lettres d’or le titre suivant :
    RITUALE ROMANUM
    EDITIO PRIMA POST TYPICAN [1]
    Un étage plus bas, un témoin indésirable, une femme attirée par le bruit, levait vers eux des yeux intrigués à travers les barreaux de la rampe. Le séminariste, l’ayant immédiatement aperçue, s’empressa de faire un signe de tête au padre , tout en pointant son doigt sur la cage d’escalier.
    Don Anselmo se pencha par-dessus la rampe et lança à mi-voix :
    — Circulez, il n’y a rien à voir ici !
    La femme disparut sur-le-champ. Ils entendirent, quelques étages plus bas, une porte se refermer.
    Subitement, la porte de l’appartement s’ouvrit. Une femme, une madone dans le style du dix-neuvième siècle, vêtue d’un léger peignoir bleu ciel, le teint pâle, sans maquillage, les cheveux mi-longs relevés à la hâte, ce qui dénotait chez elle une certaine nonchalance, s’encadra dans le chambranle.
    Qu’elle est belle, se dit don Anselmo, qui ne l’avait jamais rencontrée en personne, mais qui savait, pour avoir été prévenu, à quoi il devait s’attendre.
    Ce fut donc lui qui retrouva le premier son sang-froid.
    Tandis que les deux autres, pétrifiés sur place, buvaient des yeux cette créature comme s’il se fût agi d’ambroisie, le padre glissa le pied dans l’entrebâillement. Un souffle d’air chaud s’échappait de l’appartement, ce qui n’avait rien d’anormal en cette saison où les nuits n’apportent aucune fraîcheur, surtout dans les derniers étages.
    En dépit de la chaleur, la jolie femme gênée et pudique face à ces trois hommes maintenait à deux mains le col de son peignoir fermé.
    — Vous êtes de la police ? Vous avez un mandat de perquisition ? demanda-t-elle avec inquiétude en dévisageant les trois hommes.
    Don Anselmo lui mit un papier sous le nez.
    — Nous ne sommes pas de la police, signora . Vous savez pertinemment pourquoi nous sommes là !
    Mais la signora était bien trop perturbée pour pouvoir lire le document, d’autant qu’il était écrit en latin. Elle ne vit que les armes papales sur l’en-tête et le nom de l’expéditeur, Città del Vaticano , ainsi que les mots en gras :
    NORMA OBSERVANDA CIRCA
EXORCIZANDAM A DÆMONIO
    Le peu de latin qu’elle avait appris au lycée lui permit de déchiffrer ceci :
    INSTRUCTIONS GÉNÉRALES À OBSERVER LORS DE L’EXORCISATION D’UN DÉMON
    La belle signora comprit brusquement et respira un grand coup. Une exorcisation !
    Elle en avait déjà entendu parler, elle avait même vu L’Exorciste , ce film d’épouvante, cette production hollywoodienne. Mais, pour elle, tout cela relevait de la fiction. Elle ne pouvait imaginer que de telles choses puissent encore exister aujourd’hui.
    — Écoutez, il doit y avoir erreur sur la personne ! dit-elle en haussant le ton. Vous ne croyez tout de même pas sérieusement que je suis possédée du démon ?
    Don Anselmo sourit de façon énigmatique :
    — Il n’est pas rare que Satan s’empare des plus belles créatures que Dieu le Père a créées.
    La belle signora partit d’un grand éclat de rire forcé.
    Elle rit tant qu’elle en avala de travers et toussa à s’en décoller la plèvre. Il s’en fallut de peu qu’elle ne meure étouffée.
    Le padre lança un regard entendu au neurologue qui acquiesça d’un hochement de tête. Il tendit alors le bras et écarta la jeune femme pour entrer.
    — Nous aimerions ne pas attirer l’attention davantage, dit-il.
    Ses compagnons le suivirent sans dire un mot et sans lever les yeux. La signora était trop abasourdie pour les en empêcher.
    — Ah, au fait, je m’appelle don Anselmo, dit le padre en embrassant du regard le salon meublé avec goût. Je vous présente le neurologue, le docteur… qu’importe son nom, du reste. Et voici Angelo, futur théologien aux débuts prometteurs, lequel m’assistera lors de la liberatio . Angelo s’inclina maladroitement, comme l’artiste de cirque qui pénètre sur la piste, et tendit l’attaché-case au padre .
    — Écoutez, ça rime à quoi, tout ça ? demanda la belle signora , debout devant le canapé au milieu de la pièce, sans perdre des yeux le téléphone.
    Tandis que le padre vidait le contenu de
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