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Le Druidisme

Le Druidisme

Titel: Le Druidisme
Autoren: Jean Markale
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ils écrivent de haut en bas. Si on suit le raisonnement de
Fabre d’Olivet et de Schuré, on pourrait peut-être imaginer qu’ils sont les
héritiers d’une civilisation d’extra-terrestres.
    [49] Schuré, en se
présentant comme « Celte d’Alsace », préfigure des doctrines de fâcheuse
mémoire. Encore une fois, il n’est pas le seul, à son époque, à avoir été
aveuglé par le scientisme européen du siècle. On lit des choses étranges dans
les moindres textes de la fin du XIX e  siècle,
par exemple dans un « Voyage chez les magiciens et sorciers de
Corrèze », effectué en 1898-1899. On apprend en effet que la population
limousine est encombrée de « métèques » qui ont comme
caractéristiques « les cheveux noirs, rudes, plantés droits, les yeux
obscurs et bridés, la peau jaunâtre ». La chasse aux « basanés »
n’est pas loin. Ces êtres sont des Liguroïdes « dont le naturel a conservé la cruauté, la bestialité et la rapacité des
vieux ancêtres ». En pleine France républicaine et radicale… Mais,
rassurons-nous : « Fort heureusement, à côté des Liguroïdes et des
Berbères aux instincts pervers, vivent les descendants de races supérieures,
Gaëls, Arabes, Phéniciens. » L’auteur de ce salmigondis ahurissant, un
certain Gaston Vuillier, n’était visiblement pas très doué pour
l’anthropologie, mais sa prose est révélatrice d’un état d’esprit. À la suite
des Celtomanes du début du XIX e  siècle, à
la suite du nationalisme « gaulois » réveillé par Henri Martin et
soutenu par Napoléon III, à la suite de l’exaltation de Vercingétorix,
héros gaulois, donc français, mais non chrétien, donc laïque, face à Jeanne
d’Arc, l’accent est mis sur les Celtes. Henri Gaidoz, d’Arbois de Jubainville,
Joseph Loth et tous les celtisants de la Revue
Celtique ont beau faire pour ramener le débat à sa juste dimension qui
est essentiellement culturelle, le celtisme alimente aussi bien les querelles
politiques, raciales ou autres que les spéculations d’ordre spirituel. C’est
aussi l’époque où se crée, en Bretagne, le collège des druides, bardes et
ovates, à l’imitation de celui du Pays de Galles.
    [50] On a fait mieux
depuis. Dans un livre ahurissant intitulé Visage du
Druidisme (Paris, 1977, Dervy-Livres), feu André Savoret, qui se
prétendait druide lui-même et qui signait parfois ses articles Ab Galwys ( Ab = fils en gallois, et Galwys, mot inexistant dans une quelconque langue celtique, mais voulant, d’après
Savoret, signifier « Gaules »), nous raconte – sans le nommer, mais
le contexte est trop précis pour en douter – que Jésus-Christ a occupé les
années qui ont précédé sa vie publique à suivre les enseignements des brahmanes
puis des druides .  On a même droit à une
description de Lutèce à l’époque, mais l’auteur semble visiblement oublier que
la Gaule était déjà romanisée depuis au moins soixante-dix ans, et que les
druides étaient interdits d’enseignement. Il est vrai que le malheureux Savoret
pataugeait dans des marécages pires que ceux où les guerriers de Camulogène ont
entraîné les légionnaires de Labiénus en 52. Au milieu d’un fatras délirant, où
il reprend comme siennes les affirmations de Fabre d’Olivet et d’Édouard Shuré,
notamment à propos de Ram, il se réfère au calendrier de Coligny, et nous
présente Ram quittant la Gaule pour l’Inde, après avoir pris soin d’instituer
la boisson du gui comme « potion magique » et surtout avoir résolu
« de donner à la fête du solstice d’Hiver (Prinni Giamon, du calendrier
gaulois de Coligny) un éclat et une signification sans précédent »
(p. 33) En l’occurrence, il s’agirait plutôt d’un éclat de rire :
premièrement, il n’y a jamais eu de fête celtique au solstice, et deuxièmement,
si Savoret avait regardé attentivement ledit calendrier de Coligny ou l’une de
ses reproductions à l’endroit , il se serait
peut-être aperçu que la fête de Giamon, loin d’être le solstice d’hiver,
correspond très exactement au premier Mai, fête de Beltaine, exaltation de
l’été qui approche. Heureusement, dans la même page, l’auteur rappelle qu’il
n’est « ni linguiste, ni philologue » et que « si la non-spécialisation
préserve de certaines œillères, elle rend vulnérable aux critiques ».
    [51] Dans la
tradition anglaise, d’origine bretonne, le monument de
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