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Le discours d’un roi

Le discours d’un roi

Titel: Le discours d’un roi
Autoren: Mark Logue , Peter Conradi
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était arrivé en 1850 et avait fondé la Brasserie Logue sur King William Street. En ce temps-là, la ville comptait des dizaines de brasseries indépendantes, mais celle d’Édouard Logue connut un franc succès : l’ Adelaide Observer l’attribuait à la qualité de l’eau qu’il utilisait et au « talent peu ordinaire » de son propriétaire, capable de produire « une bière d’un caractère qui lui permet de concurrencer brillamment tous les autres fabricants de ce réconfort ambré ».
    Logue ne connut jamais son grand-père. Édouard mourut en 1868, sa brasserie fut reprise par sa veuve Sarah et son associé Edwin Smith, qui finit par racheter sa part. À l’issue de plusieurs fusions, l’entreprise de départ fut englobée dans la South Australian Brewing Company.
    Le père de Logue, George, né en 1856 à Adélaïde, fit sa scolarité au St. Peter’s College puis travailla à la brasserie, où il occupa les fonctions de comptable. Plus tard, il reprit l’hôtel Burnside, qu’il géra avec son épouse Lavinia, puis l’hôtel Elephant and Castle, qui se dresse encore aujourd’hui sur West Terrace. Logue se souvenait d’avoir vécu une enfance idéale. « Notre foyer était merveilleusement heureux, nous étions une famille très unie. »
    Logue fut envoyé au Prince Alfred College, une des plus anciennes écoles de garçons de la ville, grande rivale de St. Peter’s. L’établissement jouissait d’une réputation considérable tant sur le plan académique que sportif, en particulier dans les domaines du cricket et du football australien. Mais Logue, comme il le reconnut lui-même, peina à trouver une matière où exceller. Cependant, il y vécut une révélation inattendue. Un jour, alors qu’il était en retenue, il ouvrit un livre au hasard. Il s’agissait du Chant de Hiawatha, de Henry Longfellow. Ce fut comme si les mots avaient jailli de la page pour lui sauter au visage :
    Puis Iagoo le grand hâbleur,
    Le conteur d’histoires merveilleuses,
    Le voyageur et le causeur,
    L’ami de la vieille Nokomis,
    Fit un arc pour Hiawatha I .
    Comme en transe, Logue continua à lire pendant une heure. Il y avait là une chose qui comptait plus que tout : le rythme. Et il avait trouvé la porte qui y menait.
    Même petit garçon, les voix l’avaient toujours davantage attiré que les visages. Avec les années, l’intérêt et la fascination qu’elles exerçaient sur lui se développèrent. En ce temps-là, on accordait beaucoup plus d’importance à l’élocution qu’aujourd’hui : chaque année, à la mairie d’Adélaïde, un concours mettait aux prises quatre garçons considérés comme les meilleurs orateurs, et le vainqueur se voyait décerner un prix d’élocution. Logue, bien sûr, en fut un des lauréats.
    Il quitta l’école à seize ans et étudia ensuite avec Édouard Reeves, professeur d’élocution né à Salford, qui, enfant, avait émigré en Nouvelle-Zélande avec sa famille, avant de venir s’installer à Adélaïde en 1878. Le jour, Reeves enseignait l’élocution à ses élèves, et le soir, il donnait des « récitals » devant un public nombreux, au Victoria Hall ou ailleurs. Dickens était une de ses spécialités. Les récitals de ce genre étaient de véritables performances, non seulement en termes de diction, mais aussi de mémoire. Dans le Register du 24 décembre 1894, un article salue sa récitation d’ Un conte de Noël  : « Durant deux heures et quart, M. Reeves, sans s’aider de notes, a raconté cette histoire fascinante. Le récitant fut souvent interrompu par des applaudissements, et quand il conclut le conte par la phrase de Tiny Tim, “Dieu nous bénisse tous”, il eut droit à une ovation qui était le témoin incontestable de la chaleureuse réception de l’assemblée. »
    Avant l’avènement de la télévision, de la radio ou du cinéma, ces « récitals » constituaient un divertissement populaire. Leur popularité était également la preuve de l’intérêt particulier que suscitaient le langage et l’élocution dans tout le monde anglophone. Ce que l’on pourrait appeler le mouvement de l’élocution avait fait son apparition en Angleterre à la fin du XVIII e  siècle, alors que la capacité à s’exprimer en public prenait une importance croissante. La population s’alphabétisait et la société se démocratisait peu à peu. Tout cela eut pour résultat que la qualité des orateurs, qu’il s’agisse de
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