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Le commandant d'Auschwitz parle

Le commandant d'Auschwitz parle

Titel: Le commandant d'Auschwitz parle
Autoren: Rudolf Hoess
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compétition pour le statut de victimes, dont Tzvetan Todorov a dénoncé
finement les troubles bénéfices, peut aboutir à des résultats diamétralement
opposés à ce que souhaitaient les rescapés au retour des camps [162] .
    Le devoir de mémoire était alors subordonné à un « Plus
jamais ça ! ». Il est passé, pour ce faire, par un long chemin de
reconnaissance de la dimension universelle du meurtre perpétré par les nazis –
que le droit international a consacré par la notion de crime contre l’humanité,
auquel seul il a conféré l’imprescriptibilité. C’est l’idée même d’humanité que
les nazis ont tenté de détruire en une entreprise dont Auschwitz symbolise le
lieu et les Juifs la cible. Quoi qu’il en soit, il paraît clair que nous ne
sommes pas au bout des batailles de mémoires et de l’affrontement entre
celle-ci et l’histoire savante.
    La France semble tout particulièrement la proie des démons
de la mémoire – une singularité dont certains de ses historiens ont fait
un objet en tant que tel, aussi bien en ce qui concerne la période de l’Occupation
et de Vichy, ce « passé qui ne passe pas », pour reprendre un titre
de Henry Rousso, que pour les événements ultérieurs de la guerre d’Algérie [163] . En chemin, c’est
la compréhension même de l’acte génocidaire qui est menacée d’effacement. Or
cette compréhension est le ferment incontournable de la prévention.
    Sur ce point, notre inquiétude ne peut qu’augmenter depuis
les catastrophes de la dernière décennie du XX e  siècle, avec la
« purification ethnique » qui fit rage dans les Balkans et surtout
avec le génocide rwandais, perpétré au vu et au su de la communauté
internationale. Dans ce dernier, la France officielle a une part de
responsabilité qu’elle a les plus grandes réticences à assumer [164] . Faut-il voir un
lien entre cette assomption difficile et les particularités de la mémoire
collective française ? La question reste posée.
    ----
    [1] Il y en a cependant quelques autres. Parmi eux, on peut citer le rapport de
Kurt Gerstein, opposant allemand au nazisme, infiltré dans l’appareil SS
d’extermination, et le journal d’un médecin SS d’Auschwitz, Johann Paul Kremer.
Ces deux documents, à partir de points de vue diamétralement opposés,
corroborent le témoignage de Hoess. Ils ont été également attaqués par les
« négationnistes ». Pour plus d’informations, le lecteur pourra se
référer, en ce qui concerne Kremer, au livre de Maxime STEINBERG, Les Yeux
du témoin et le Regard du borgne , Cerf, Paris, 1990 ; et, pour le cas
de Gerstein, à celui de Saul FRIEDLANDER, Kurt Gerstein ou l’ambiguïté du
bien , Casterman, Paris, 1967.
    [2] Il faut faire une place à part pour les hommes du « commando
spécial » ( sonderkommando ), c’est-à-dire les détenus juifs dont les
SS avaient fait les desservants des chambres à gaz et des fours crématoires, et
que Rudolf Hoess évoque à plusieurs reprises. Très peu ont survécu, et parmi
ceux-ci très peu ont témoigné par écrit ou oralement (en particulier dans le
film de Claude Lanzmann, Shoah ).
    [3] David Rousset, L’Univers concentrationnaire , Minuit, Paris, 1946,
rééd. 1981.
    [4] Voir Henrichi HIMMLER, Discours secrets , édités par B.F. Smith et
A.F. Petersen, Gallimard, Paris, 1967.
    [5] On pourra consulter, sur ces points, l’ouvrage de Heinz HÖHNE, L’Ordre noir.
Histoire de la SS , Casterman, Paris, 1968, et celui d’Eugen KOGON, L’État
SS , Seuil, Paris, 1970. Même si ce dernier livre date un peu, et qu’on y
trouve un certain nombre d’erreurs, il s’agit d’un témoignage
irremplaçable : Eugen Kogon a été détenu à Buchenwald de 1938 à 1945.
    [6] Voir Gerald REITLINGER, The SS, Alibi of a Nation, 1922-1945 , Heinemann,
Londres, 1956. Cette étude remarquable n’est malheureusement pas traduite en
français.
    [7] Raul HILBERG, La Destruction des Juifs d’Europe , Fayard, Paris, 1988.
Cet ouvrage capital a notamment inspiré Claude Lanzmann pour son film Shoah .
    [8] Voir François BAYLE, Psychologie et éthique du national-socialisme. Étude
clinique des dirigeants SS , PUF, Paris, 1953 ; et Henri V. DICKS, Les Meurtres collectifs. Une analyse psychosociologique des criminels SS ,
Réalités, Paris, 1945.
    [9] Si on avait prêté plus d’attention à cette formidable inversion du sentiment de
culpabilité, on aurait sans doute moins attendu de ces
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