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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1
Autoren: Mireille Calmel
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Algonde. Il lui était impossible de conserver longtemps son sérieux avec ce bougre. Si seulement on ne l'attendait pas. Si seulement…
    — Je vous souhaite beaucoup de bonheur, conclut-elle en leur tournant le dos.
    Peine perdue. En trois enjambées, Mathieu la rattrapa à la porte de l'étable, laissant Blanchette meugler derrière eux.
    — Elle au moins se désespère quand je l'abandonne…
    — Ce n'est pas du désespoir, c'est de la consternation.
    Voyant qu'il n'arriverait à rien ce jourd'hui, Mathieu abdiqua et projeta d'un pied vengeur un caillou qui se trouvait en travers du portail de l'étable, l'envoyant ricocher plus loin.
    Côte à côte, les jeunes gens débouchèrent dans la cour intérieure du castel et longèrent les écuries où le palefrenier bouchonnait les chevaux. Ces derniers raclaient du sabot dans leur stalle, agitaient leur tête, soufflant bruyamment des naseaux malgré les caresses et les soins qu'on leur prodiguait.
    Mathieu leva le front. Sexte avait sonné depuis peu. Le ciel était bas et sombre, la chaleur étouffante. L'orage s'annonçait. De toute évidence il serait violent. Les coups répétés du maréchal-ferrant sur son enclume envoyaient des gerbes d'étincelles à quelques pas d'eux. D'ordinaire, le Jeannot les gratifiait d'un trait d'esprit lorsqu'il les voyait acoquinés ensemble. Cette fois, concentré sur son ouvrage, il ne les remarqua même pas. Que ce soit à cause de la menace de l'orage ou de la présence de dame Sidonie et du baron Jacques, en ce premier août de l'an de grâce 1483, on percevait une tension inhabituelle à Sassenage. Mathieu refusa de se laisser gagner.
    — Tu l'as vraiment vue, Mélusine ? demanda-t-il comme ils atteignaient les marches de l'entrée du donjon par lequel on accédait au château, d'une austérité inchangée depuis des siècles.
    Piqué au sommet de la colline des Côtes, celui-ci dominait l'Isère au nord, le village et les gorges du Furon à l'est.
    — Tu le sais bien, répliqua Algonde en baissant d'un ton.
    — Non, je ne sais pas. Je n'y étais pas, sous la montagne.
    — Personne n'y était à part moi, alors une fois pour toutes, Mathieu, laisse-moi en paix avec cette histoire.
    — À vos ordres, princesse…
    Il se fendit d'une courbette.
    — … Pour ce soir, ajouta-t-il avant de détaler à toutes jambes dans un grand éclat de rire.
    Entre l'agacement et la tristesse, Algonde le regarda contourner l'angle de l'imposante bâtisse et disparaître pour rejoindre la paneterie accrochée aux murailles intérieures de la cour, comme la forge, l'écurie, la chapelle et le bâtiment des domestiques. Chaque jour la même question, chaque jour la même réponse pensa-t-elle. Elle n'en avait pas d'autre à lui fournir…
    Elle pénétra dans le donjon par la porte voûtée. La contrée était paisible depuis longtemps et les gardes jouaient aux dés dans la salle d'armes. La plupart, âgés, avaient vu grandir les jouvenceaux. Le baron Jacques n'avait pas jugé opportun de renouveler leurs rangs, estimant qu'ils étaient en nombre suffisant pour assurer la sécurité aux alentours du château. Il comptait davantage sur l'escorte composée d'une trentaine d'hommes que Dumas, leur chef, fidèle à son service depuis dix ans, menait avec efficacité pour protéger ses voyages.
    De nature aimable et généreuse, Algonde était, comme sa mère, appréciée de tous. Elle gratifia d'un sourire amical les soldats qui, à son approche, levèrent la tête de leur jeu. Barbu jusqu'aux oreilles qu'il avait décollées, Dumas se trouvait parmi eux.
    — Est-ce donc maître Janisse qui te contraint de la sorte ? s'étonna-t-il en découvrant sa charge.
    — Il s'en voudrait, répondit-elle en fronçant son nez mutin.
    Si le chef cuisinier avait su quelle recette avait imaginée Marthe, son sang qu'il avait vif se serait échauffé.
    — T'envoyer traire à cette heure, et par ce temps, je me disais aussi… je ne vois guère que…
    — Marthe… acheva Algonde en levant les yeux au ciel.
    Dumas cracha sur les dalles.
    — Charogne…
    — Pour sûr que c'en est une, grinça un des gardes, sauf votre respect, damoiselle Algonde…
    — Suffirait de la trousser pour lui dresser le caractère, mais je ne vois pas qui de nous s'y dévouera, se moqua un deuxième tout en faisant rouler les dés dans sa main, retardant le moment de les jeter sur le tapis.
    — Tiens donc ta langue devant la petiote, lui intima Dumas en
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