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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1
Autoren: Mireille Calmel
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chandelier achevaient de l'encombrer.
    — Mon bureau. Personne ne peut y entrer, annonça maître Dreux, ravi de son stratagème pour écarter les importuns.
    — Le souterrain part-il de la cheminée ? demanda Sidonie en s'approchant de celle-ci, sculptée de la même manière que l'autre.
    — Point n'est besoin, Votre Seigneurie. La coursive que nous venons de quitter y suffisait. Elle se poursuit par une volée de marches. Mais je voulais d'abord vous montrer où vous étiez.
    Il se dirigea vers la croisée et l'ouvrit en grand. Face à eux, le pigeonnier leur dévoilait sa charpente. Ils se trouvaient dans la seconde tour, plus modeste et carrée.
    — C'est du bel ouvrage, s'enthousiasma Sidonie, jamais je n'aurais pensé avoir fait autant de chemin, et si facilement. Maître Dreux, je vous félicite !
    L'homme rosit de fierté.
    — Allons à présent voir ce que vous m'avez commandé, dit-il en enfonçant l'œil de Mélusine pour rouvrir le passage.
    Quelques instants plus tard, l'escalier franchi, ils débouchaient dans une galerie étroite qui descendait en pente douce. Éclairés par le falot, ils s'avancèrent pour juger du travail des carriers.
    — En creusant, ils ont découvert un petit lac dans une grotte naturelle à trois cents coudées d'ici. Comme ils ne sont pas du coin, ils ne pouvaient pas savoir pour la fée… Et moi, j'ai pas osé aller la déranger… Des fois que ce serait sa tanière, on ne sait jamais.
    — Remontons, exigea soudainement Sidonie en tournant les talons.
    Bien que surpris par son empressement, le baron se rangea à sa décision. Maître Dreux leur ouvrit le chemin, visiblement soulagé. Lorsqu'ils eurent regagné la salle de réception, Sidonie fouilla la bourse qui pendait à sa ceinture et en sortit trois pièces d'or qu'elle tendit au maître d'œuvre.
    — C'est bien trop ! s'étonna-t-il avec honnêteté.
    — Ne faites pas de manières. Vous avez montré initiative et ingéniosité, deux qualités qui me sont chères. Je ne vous demanderai qu'une chose désormais, c'est de ne plus descendre dans le souterrain. Jamais. Ai-je votre promesse ?
    — Vous l'avez, Votre Seigneurie, assura l'homme en empochant sa récompense, avant de les raccompagner jusque dans la cour et de héler le palefrenier.
     
    Le baron Jacques respecta le silence de son aimée tandis qu'ils traversaient le rideau de forêt qui entourait le manoir, leur escorte en retrait. Il la sentait troublée. Maintenant leurs chevaux au pas, ils parvinrent à la croisée du chemin qui d'un côté filait sur Grenoble et, de l'autre, ramenait vers Sassenage. Ils s'engagèrent côte à côte sur ce dernier. N'y tenant plus, il tourna la tête vers elle et posa la question qui lui brûlait les lèvres :
    — Me direz-vous quel est ce tourment qui altère vos traits ?
    — Vous vous moqueriez.
    — Et si je vous promettais le contraire ? insista-t-il dans un sourire enjôleur.
    Sidonie hésita un instant encore, le temps pour eux de dépasser un char à bœufs chargé de tonneaux de vin. Le conducteur s'en venait livrer maître Dreux pour qu'il étanche la soif de ses ouvriers. Sidonie répondit d'un signe de tête à son salut puis talonna sa monture. Au-devant d'eux la route était déserte. Le baron revint au niveau de son encolure. Ils chevauchèrent ainsi quelques secondes.
    — Cette galerie, c'est Mélusine elle-même qui me l'a réclamée, lâcha-t-elle dans un souffle.
    — Mélusine ?
    — Mélusine, répéta Sidonie.
    — La fée que mon aïeul Raymondin épousa et qu'il surprit changée en femme-serpent dans son bain?
    — Je n'en connais pas d'autre.
    — Palsambleu ! Et qu'importait donc à Mélusine la présence d'un souterrain à la Rochette ?
    — Je l'ignore, mais elle a insisté pour qu'il y fût, quand elle m'a visitée.
    — Sur les berges du Furon ?
    — En songe…
    N'y tenant plus, le baron partit d'un rire léger. Sidonie le couvrit d'un œil triste.
    — Je savais bien que vous ne me croiriez pas.
    — Mais je vous crois, ma mie. Je suis seulement réjoui de vous découvrir embarrassée d'un rêve comme de la réalité.
    — Et si parfois les deux se mélangeaient ?
    — Ce serait affaire de sorcellerie, conclut le baron.
    — Alors, souffrez que je sois sorcière au service d'une fée, car, dans ce songe, Mélusine se mettait à pleurer de voir que je lui résistais. Bouleversée, j'essuyai sa joue et me resta en main une pierre translucide, en
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